Recueil d'OS Soukoku

OS n°2 (partie 1) : Happily ever after

Pdv Dazai, 24 ans :

- C'est le dernier carton ! Sourit Chûya, satisfait. Plus qu'à tout déballer et aménager. Si on s'y met maintenant, on devrait terminer d'ici... HÉ ! FOUTU MAQUEREAU STUPIDE, REPOSE-MOI TOUT DE SUITE ! AHAHA, DAZAI PUTAIN !

Sans l'écouter, je le serrai contre moi et le fit tournoyer dans les airs. Le rouquin se raccrocha tant bien que mal à moi en riant aux éclats, les yeux brillants. Lorsque je consentis enfin à le reposer au sol - sans pour autant relâcher ma prise autour de sa taille, cela allait de soi - Chûya se hissa sur la pointe des pieds pour m'embrasser. Je souris contre ses lèvres, le cœur débordant d'émotions.

Cela faisait plus d'un an que nous étions ensemble et je ne parvenais toujours pas à réaliser qu'aujourd'hui, après des années de souffrance et de haine, nous venions de prendre notre premier appartement tous les deux. C'était complètement fou. Qui aurait cru que Chûya et moi aurions droit à une autre chance ? Qui aurait pu imaginer qu'un jour, nous céderions à nos sentiments explosifs et nous enfermerions dans une chambre au lieu d'essayer de nous sauter à la gorge ? Certainement pas moi. Et pourtant.

- Tes collègues ne vont pas tarder à arriver, me mit en garde le mafieux en éloignant mes mains qui devenaient baladeuses. Hors de question qu'on commence quoi que ce soit, le maquereau. J'ai cru mourir de gêne quand Kôyô nous a surpris tous les deux dans mon bureau, la dernière fois !

- Quuuuuoi ? Ma limace, on a tout le temps suffisant devant nous ! Il nous reste vingt minutes, je peux te faire jouir au moins trois fois d'ici à ce qu'ils...

- DAZAI !

- Qu'est-ce qu'il y a ?

Chûya devint écarlate et m'empêcha de parler en plaquant sa main contre ma bouche. Je trouvais ça absolument adorable qu'il arrive encore à être embarrassé par mes paroles après des mois et des mois à l'avoir fait hurler mon prénom dans toutes les positions possibles et imaginables. Il fallait croire que certaines choses ne changeraient jamais.

- Tu crois qu'il est encore temps d'annuler la crémaillère ?

- Même pas en rêve ! pouffa-t-il. Allez, aide-moi à sortir les apéritifs.

Je balayai du regard notre futur salon, étrangement ému. C'était un sentiment particulier de commencer enfin à guérir aux côtés de la personne dont on était amoureux. Chûya avait donné un sens à une existence dont je n'attendais rien et dont je ne voulais même pas. À présent, je me demandais comment j'avais pu passer à côté de l'évidence durant toutes ces années. La clé de tous mes tourments se trouvait là, juste sous mon nez, et j'avais été trop bête pour le comprendre plus tôt. Si j'avais ouvert les yeux avant, beaucoup de souffrance nous aurait été épargnée, mais c'était comme ça. Tout ce qui comptait, c'était que nous étions heureux maintenant. C'était déjà inespéré.

Les rayons du soleil couchant filtrèrent par la fenêtre ouverte, illuminant les cheveux du plus petit de nuances rouges et dorées. Je pris un instant pour observer sa beauté, mesurant encore une fois la chance que j'avais. J'avais blessé cet homme si cruellement que j'avais cru que notre relation resterait brisée à jamais, et pourtant il avait surmonté tout ce qui je lui avais fait endurer et avait trouvé en lui la force de me faire confiance à nouveau. Malgré sa peur et sa haine, il m'avait accordé une place dans son cœur en sachant pertinemment que je pourrais l'anéantir si l'envie me prenait.

Touché, je m'approchai pour l'enlacer et déposai un doux baiser dans sa nuque.

- Chûya...

- Je sais. Moi aussi.

Nous n'avions pas besoin d'en dire plus pour nous comprendre. Si les couples normaux se répétaient souvent ces trois petits mots, « je t'aime », ce n'était clairement pas notre cas. Non seulement nous n'avions rien d'un couple ordinaire, mais en plus nous n'avions aucunement besoin de nous parler pour savoir : nous nous devinions toujours sans effort. Cet mots étaient tellement précieux que nous ne les lancions jamais au hasard.