Et le paradis aussi (tout ça)

Chapitre 2

« Smiles ?

Alastor sursaute. La table tremble alors que son tibia claque contre la jambe.

"Quoi?" dit-il, plus fort et une octave plus haut que la normale. "Comment est-ce que tu viens de m'appeler?"

« Euh, Al ? »

Angel le fixe, la fourchette à mi-chemin de ses lèvres. Autour d'eux, les autres convives conversent à voix basse sur les notes mélodieuses du piano. La maigre lueur des bougies vacille entre eux. Les ombres jouent parmi les traits inquiets du visage d'Angel, illuminant et accentuant son froncement de sourcils.

« Ça va ? Le serveur s'est-il encore trompé de steak ? Je peux l'appeler et leur demander de le réparer.

Alastor plaque un sourire. Les commissures de ses lèvres lui font mal.

« Non, ma chérie, ça va, merci. J'entends la vache meugler d'ici !

Il lève sa fourchette et son couteau, se préparant à couper son dîner en biais. Le couteau rate complètement et atterrit quelque part dans la région montagneuse des pommes de terre. Ses dents de fourche s'entrechoquent lorsqu'elles frappent l'assiette.

Angel se fend les yeux. "Tu n'es pas encore défoncé, n'est-ce pas ?"

Alastor secoue la tête, libérant ses pensées figées. Il rit une fois avant de tousser sous l'afflux soudain d'air.

"Pas le moins du monde, ma chère!" siffle-t-il en cherchant l'eau. "Juste une touche hors du commun, mais rien qui ne puisse être facilement résolu !"

Il étouffe une grimace à sa projection en plein essor. Les autres convives lui lancent un mélange de regards noirs, de regards curieux et de hochements de tête appréciatifs. Ce dernier, dirigé vers son compagnon de table.

"D'accord," dit Angel, sceptique. Il se remet à manger. L'imitant, Alastor pioche dans sa nourriture. La fourchette gratte l'assiette à chaque passe en demi-teinte. Le silence revient, un autre brouillard de mots non-dits, alors que la musique noie la foule, mais Alastor garde la paix. Tout se brouille et s'emmêle dans sa tête. Il fait la guerre à un ennemi invisible et totalement étranger.

Doute.

Son estomac plonge. Il avale la bile envahissante alors qu'elle bouillonne dans sa gorge. C'est trop, et tout d'un coup.

"Al?"

Sa fourchette atterrit avec un bruit sourd sur la nappe en tombant. Une main chaude enveloppe la sienne, protégeant ses jointures. Les doigts massent des cercles lents et concentriques où son index s'incline dans son pouce.

Jusqu'à ce que les taches disparaissent de ses yeux.

"Je sais que tu es fatiguée, bébé," murmure Angel. "Voulez-vous l'appeler une nuit et sortir un sac pour chien?"

La tête d'Alastor se redresse. "Non!" crie-t-il pratiquement. Le groupe à côté d'eux recule devant l'explosion soudaine.

Il tousse. "Je veux dire non. Non mon cher. Je vais bien. Juste en pensant à ", il agite inutilement sa main en l'air, " à des choses ".

Il est, sans aucun doute, le plus grand idiot du monde.

Mais d'une manière ou d'une autre, grâce à sa chance inhabituelle ou au vin, Angel sourit à la place. Le scintillement espiègle revient dans ses yeux. Quelque chose frotte contre sa jambe de pantalon.

"Je parie que je peux te réveiller", ronronne-t-il.

Alastor saute alors qu'il se déplace le long de sa jambe, errant au-delà de son genou, avant d'atterrir fermement sur sa queue. Le pied d'Angel dessine des motifs enivrants sur sa hampe, traînant ses orteils sous sa queue et remontant. Ses orteils caressent la tête. Dans toute autre circonstance, Alastor apprécierait les préliminaires exhibitionnistes.