𝑇𝑖𝑙𝑙 𝐹𝑜𝑟𝑒𝑣𝑒𝑟 𝐹𝑎𝑙𝑙𝑠 𝐴𝑝𝑎𝑟𝑡 ∞ 𝙽𝚎𝚝𝚎𝚢𝚊𝚖

Chapitre 8 :

「ᴍʜᴇᴡᴀ」

Lo'ak vient de me faire part de quelque chose de très personnel concernant la vie de son frère spirituel. Perdre sa famille et être un paria ça me connaît, je ne comprends que trop bien ce qu'a dû ressentir cette pauvre créature toutes ces années durant.

─ Pourquoi tu me parles de Payakan, Lo'ak ? Jefinis par demander, étant un peu perdue tout de même.

Au début, il ne me regarde pas, ses yeux sont rivés sur l'eau en dessous de nous. Même si je pense savoir où il veut en venir, je préfère lui laisser le temps qu'il lui faut pour qu'il trouve les mots justes. J'ai toujours espoir qu'il laisse tomber cette idée d'effectuer la cérémonie, autant pour lui que pour moi-même. Mais son envie de retrouver son frère est bien trop forte pour cela.

D'autant que ses intentions sont louables, pas comme celles de mon passé. Son envie est pure, pas noircie par des envies de pouvoir et autres machinerie. 

─ Payakan est fatigué de vivre, annonce-t-il.

Il me regarde dans le blanc des yeux cette fois, alors que je n'ajoute rien de plus. Attendant simplement que le coup de massue ne s'abatte à la suite de sa révélation.

─ Il voudrait donner sa vie pour sauver Neteyam.

Un frère pour un frère, digne d'une tragédie.

En faisant cela, les deux familles seraient de nouveau réunies et pourraient retrouver la paix. Mais cela reviendrait tout de même à tuer de nouveau. Suis-je réellement prête à briser ma promesse envers moi-même une nouvelle fois ? 

Je n'en sais rien, j'ai besoin de temps, plus de temps. Je dois penser, respire, me calmer. Je n'ai pas encore eu le temps de réellement me poser ces questions, et je ne pensais pas que Lo'ak aurait un frère spirituel dont sa famille morte lui manque.

Je dois avouer que je ne pensais jamais me retrouver dans un autre village également. Mais tout va si vite ces derniers jours que j'ai besoin de me poser.

Ma gorge se serre et je peine presque à respirer. Mes muscles se tendent lorsque je ressens une nouvelle fois ce pouvoir affluer dans mes veines, m'indiquant que si je le souhaite, j'en suis encore capable. 

Ce don est vorace, une vraie plaie. 

Lo'ak n'ajoute rien de plus, attendant que je digère les informations qu'il vient de me communiquer. Ne lui en ayant jamais parlé, il ne peut pas savoir à quel point faire cette cérémonie me répugne, aussi bonne soit la raison.

─ Lo'ak, je finis par souffler, toujours un peu perdue. J'ai besoin d'un peu de temps, d'accord ? 

─ Un peu de temps pour faire quoi ? Se renfrogne-t-il alors. 

Je comprends sa réaction. Cela fait un an qu'il attend que son frère revienne d'une manière ou d'une autre, si on m'avait proposé de faire cela avec ma mère, moi non plus je n'aurais pas pu attendre. 

D'autant que savoir son frère spirituel en souffrance doit également lui peser. Ses années ont dû lui paraître bien longues. Mais sa réaction n'en reste pas moins égoïste, irréfléchie et immature. Se précipiter nous ferait faire des bêtises, et c'est tout ce que je refuse de faire. 

On ne joue pas avec ce don. On ne prend pas les choses à la légère non plus. 

─ Je sais que tu es impatient, que voir ta famille souffrir est dur ... Je commence avant qu'il ne me coupe.