Chapitre 19

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Ma collègue entre et nous regarde fixement. A coup sûr, nos joues rouges et nos yeux brillants nous trahissent.

"- Le dossier complémentaire à l'affaire est là." Elle dit.

Elle sourit de façon entendue et pose le fameux dossier sur mon bureau. Je me sens étrangement obligé de justifier mon comportement.

"- J'ai perdu une boucle d'oreille." Je dis.

Elle explose de rire, j'aurais mieux fait de ne rien dire...

"- Ok, moi aussi, je perds mes boucles d'oreilles quand mon mari me rend visite. Ça doit être une malédiction du bureau." Elle dit.

Milan fait comme si de rien n'était et envoie des textos alors que je patauge dans la semoule. Ma collègue rit une dernière fois et quitte la pièce.

"- Ok, c'était pas du tout gênant déjà... je lâche.

- En effet." Répond Milan.

Il dit ça en l'air, l'incident ne le perturbe pas plus que ça. Et si on avait été en pleine action... non, je ne veux même pas y penser.

"- C'est tout l'effet que ça te fait ? Je lui demande.

- Tant que ce n'est pas ton père... Il lâche.

- Evidemment !" je lance.

Bon, vu qu'il semble absorbé par son portable, je m'installe dans mon fauteuil et me plonge dans le dossier. Tout porte à croire qu'il s'agit d'une dispute de couple qui aurait mal tourné et que l'épouse aurait tué sa femme accidentellement. Par contre les circonstances sont troubles. Le cabinet défend la morte, enfin sa famille. En soi, j'ai toutes les chances de gagner, mais je dois creuser pour savoir comment ça s'est vraiment produit.

Je me demande bien ce que l'homme qui me persécute vient faire dans cette histoire. En tournant les pages, je vois qu'il est témoin oculaire du crime. Ça me met mal à l'aise. Si ça se trouve, c'est un voyeur en puissance... Bref, il faut que j'avance avant qu'on retourne à l'hôtel.

Voilà plusieurs jours que nos vies sont rythmées sur mon travail au bureau et nos retours dans la chambre d'hôtel. Nous sommes vendredi et le procès débute mardi. Je pose mon sac et Milan me serre dans ses bras.

"- Demain, repos pour tout le monde ma déesse. Il dit.

- J'ai encore des tonnes de boulot. Je dis.

- Moi aussi, mais nous avons bien mérité une pause, non ? Il répond.

- Oui... mais... je commence.

- Mais rien du tout. J'ai tout mis en place pour que nous puisons nous accorder une trêve. Il me coupe.

- Bon, si tu me prends par les sentiments. Je dis.

- Tu as déjà pris mon cœur Zoé." Il dit.

Il se penche et me vole un baiser.

"- je crois que j'ai eu de sentiments pour toi à la seconde ou je t'ai vue." Il ajoute.

Je souris, puis j'ai un pincement au cœur. Nous parlons de nos sentiments mais nous n'avons toujours pas évoqué notre avenir...

"- Milan... Je dis.

- Qu'est ce qu'il y a ?" Il demande.

Tant pis si je n'ai pas la réponse que je voudrais, je dois savoir.

"- Qu'adviendra-t-il de nous quand mon père aura gagné et que nous saurons qui m'en veut ?" Je demande.

Il réfléchit et ce besoin de réflexion me blesse un peu. J'aurais voulu qu'il déclare comme une évidence que nous restons ensemble.

Milan et ZoéWhere stories live. Discover now