Montagne, jour deux

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         Le regard interrogateur de Soane ne me quitte pas, attendant que je m'explique. Je ne sais pas pourquoi j'ai dit ça, je l'ai regretté aussitôt.

- Je n'ai pas de cigarette là, tout de suite

- D-d'accord, tant pis !

Je la bouscule légèrement pour pouvoir me relever, essuyant la neige agrippée à mes vêtements. Je reprends la route d'un pas fuyant. Soane me rattrape, agrippant mon poignet :

- Attends

- Quoi ?

- On devrait rentré, on est trempés et puis, je n'ai plus trop envie d'explorer les environs

- Comme tu veux

Je suis un peu déçue, moi qui m'attendait à une belle déclaration d'amour comme dans mes livres. Je la suit, le regard rivé sur ses empruntes. Je ne suis qu'une idiote, comment ai-je pu penser qu'elle allait poser ses lèvres sur les miennes, juste comme ça !

Arrivé au chalet, elle ouvre le portillon, me laissant passer. Je presse le pas dans notre chambre pour prendre mon pyjama :

- Lou

- Pas maintenant Soane

- Qu'est-ce qu'il se passe là ? On passait une bonne après-midi je pensais que

- Laisse-moi tranquille !

- Non ! Arrête de toujours te défiler ! Je n'ai rien fait et tu es en colère contre moi ! Pourquoi Lou ?

Je marque un temps d'arrêt. Ce n'est pas contre elle que je suis en colère, c'est contre moi. Moi qui est tant espérée qu'elle m'embrasse tout bêtement comme une enfant. Moi qui ai cru qu'une telle relation étaient possible ! Où est-ce que je me crois ? Dans un compte pour enfant ? Dans une dark romance ?! C'est comme ma sœur ! Je ne peux pas, on ne peut pas.

- Je suis énervée parce que je ne suis qu'une idiote ! Je m'attache à n'importe qui, j'attends des choses qui n'arriveront jamais et qui sont aussi stupides que moi et... Et tu es la première qui m'a embrassé ! Et je ne sais pas ce que ça doit me faire ! Laisse-moi tranquille tu entends ?! Laisse-moi !

Je la projette au mur de la chambre, courant vers la salle de bain. Je la claque derrière moi, folle de rage. Je pose mes vêtements sur le petit lavabo, essayant de me ressaisir. Soane n'y ai pour rien si je m'attache à n'importe qui, c'est la faute de mon père. Il m'a abandonné, il n'a jamais pris le temps de me connaître, il ne m'a jamais aimé. Dès que quelqu'un me donne ne serait-ce qu'un peu d'intérêt et de gentillesse, je ne peux m'empêcher de m'accrocher à lui.

J'allume l'eau brûlante, je suis furieuse. Furieuse de ne pas avoir eu la vie que j'aurais voulu avoir, même si elle n'est pas encore finie. Furieuse parce que Soane m'attire plus qu'elle ne devrait.

Je me débarrasse de mes vêtements mouillés par la neige, rejoignant la baignoire. Je regarde l'eau courir le long de mon corps lorsque la porte s'ouvre. Je souffle, attendant que Soane s'explique sur sa venue. Mais à la place, elle ne bouge pas, adossé à la porte, elle m'attends :

- Tu me diras quand tu auras finie de t'infliger de telle souffrance, pour qu'on puisse parler

- Je ne m'inflige rien, arrête avec ça

- Sors

- Même pas en rêve, je t'ai dit de me...

Avant que je finisse ma phrase, sa main rejoint le robinet d'eau qu'elle tourne. L'eau cesse de couler, me laissant dans le froid, sans serviette. Soane m'en tend une à travers le rideau, je la saisis en grognant.

Personne ne doit savoir  T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant