Lui apprendre à aimer - [Romance lesbienne]

Chapitre 32

Les flocons de neige virevoltaient dans le vent, passant fugacement dans la lumière des lampadaires. Au loin, d'autres décorations de Noël clignotaient, des sucres de cannes en petites LEDs rouges et blanches accrochés aux fenêtres des immeubles.

Le centre ville n'était pas très grand mais plutôt ancien et les murs en pierres donnaient un effet imposant aux rues.

Ses chaussures s'enfonçant dans la neige détrempée des trottoirs, Océane s'engagea entre les stands du marché de Noël aux côtés de la blonde. Une odeur de savons de Marseille lui parvint et elle en comprit l'origine en détaillant les premiers étals. Ils avaient toutes les formes et toutes les couleurs et dégageaient des effluves douces et florales.

Il y avait tant de lumières qu'elle ne savait plus où donner de la tête.

-Alors, par quoi on commence ? lui demanda Ben en se rapprochant.

Elle avait les yeux pétillants et les reflets des lampions semblaient se perdre à l'intérieur.

-J'ai une idée, souffla Océane en lui lâchant la main à contre-cœur.

Elle la laissa sur le trottoir, une pellicule blanche se formant dans les mailles de son bonnet alors que Océane se frayait un chemin entre les passants.

Les objets de sa convoitise se trouvaient là, dans l'étal de la petite cabane en bois.

Ce sera parfait.

Elle fit la queue un instant, avant de se retrouver devant le marchand, un homme bourru au nez camus qui portait un bonnet rouge et blanc et un tablier trop serré.

-Ce sera quoi ?demanda-t-il avec gentillesse.

-Deux bretzels s'il vous plaît, répondit Océane. A emporter.

Il fourra les petits pains salés en forme de nœud dans un sac en papier brun, qu'il replia sur lui-même avant de lui rendre.

-Ça fera 2€50, ajouta-t-il.

Après avoir réglé, la jeune femme retourna là où elle avait laissé Benedict. Celle-ci s'était trouvé une table de pique-nique en bois et était assise en tailleur sur la planche humide.

L'odeur délicatement grillée qui s'échappait du sac fit gronder l'estomac de la brune et elle sourit.

-Bon appétit, déclara-t-elle en prenant place à côté d'elle.

Ben se pencha avec curiosité pour savoir ce qu'elle ramenait, et lui adressa un regard malicieux avant de plonger sa main dans le paquet.

-Trop bon.

La blonde renifla le petit pain salé, les yeux fermés et Océane ne put s'empêcher de la regarder avec adoration.

Elle se moquait de tout le reste. Au diable les conséquences de cette sortie.

Après avoir tiré le deuxième du sachet, elle mordit dedans sans la quitter du regard.

-Tu sais, reprit Ben après avoir avalé sa bouchée, j'ai des excuses à te donner.

-Hein ? demanda Océane sans comprendre.

-Pour la dernière fois, poursuivit l'enseignante. Je ne savais vraiment pas comment réagir, j'ai été vraiment désagréable. En fait, ça me faisait peur, j'imagine.

-C'est plutôt a moi de m'excuser, poursuivit la brune en rougissant. Tu aurais pu me dénoncer au chef d'établissement et je me serais attiré de sérieux problèmes... Je n'ai pas réfléchi.

Ben secoua la tête en expirant un rire silencieux.

-Je comprends, mais même si ça avait posé problème, je n'aurais jamais pu en parler au directeur, expliqua-t-elle. Pour commencer, tu as eu la gentillesse de m'héberger, avec tes parents. Et puis, Connor m'aurait étranglé en l'apprenant.

-Attends, intervient Océane. Comment ça, « si ça avait posé problème » ? Tu veux dire que ce n'est pas le cas ?

Il lui sembla que ce fut au tour de la blonde de s'empourprer légèrement, mais ses pommettes étaient roses à cause du froid donc elle ne pouvait pas avoir de certitude.

-Non Océane, ce n'est pas le cas, sourit-t-elle. J'ai été surprise, c'est sûr. Mais je suis prête à prendre le risque.

La brune failli s'étouffer. De quoi parlait-elle ? Benedict était t elle vraiment en train de lui dire que... ?

Son visage du imprimer ses pensées car cette fois ci les joues de la concernée prirent une teinte plus foncée.

-Je veux dire... On s'est peut-être mal comprises, je ne voulais pas te forcer, bégaya-t-elle. Si jamais ça ne te convient pas, on oublie tout ça et ...

-Non ! coupa Océane d'un ton un peu plus brusque que prévu. Enfin, oui, je suis d'accord. Pour continuer, pas pour oublier. Je veux dire, d'accord !

Benedict posa son bretzel contre ses cuisses, et se gratta la nuque. Océane observa ses doigts pâles passer le long de sa peau avec embarras.

-Je suis ridicule, non ? l'interrogea-t-elle.

La blonde pouffa en baissant les yeux mais nia de la tête.

-En fait, répondit-elle, je dirais plutôt que nous le sommes toutes les deux...

La tension quitta les épaules de la plus jeune en regardant le sourire éclatant qui lui faisait face. Benedict avait raison, elles étaient toutes les deux trop nerveuses. Ce n'était pas utile de se sentir gênée après tout ça. C'était déjà trop tard, elles avaient franchi une ligne et ne pouvaient pas faire demi-tour.

-Alors, reprit Benedict. Tu veux bien ? Essayer, au moins.

Océane opina silencieusement. Elle n'en revenait pas.

Elle sortait officiellement avec Ben.

-Par contre, je préfère que ça ne s'ébruite pas, murmura la blonde. On pourrait avoir des problèmes, pour le coup. Du moins, tant que tu es dans ce lycée.

-D'accord, je comprends, confirma Océane. C'est normal, je préfère aussi que personne ne le sache.

Benedict se rapprocha d'elle le long du banc, posant sa main chaude sur sa cuisse avec hésitation. La plus jeune en profita pour se blottir dans ses bras et respirer le parfum doux et floral de ses boucles. Si elle avait encore des doutes sur sa sexualité, ils s'envolèrent à cet instant précis. Elle n'aurait souhaité être nulle part ailleurs.

-Je peux t'appeler Océ ? demande Benedict d'une voix douce.

La concernée n'a pas le temps de lui répondre qu'elle peut que Ben captura ses lèvres dans un baiser affectueux. Les siennes étaient chaudes et douces, glissant contre sa bouche avec une tendresse infinie. Océane laissa ses paupières se fermer, savourant la présence de cette femme qui lui remplissait le cœur de bien être. Contre ses lèvres, elle sentait naître une courbe de sourire. Elle y répondit, brisant très lentement le barrage avec la pointe de sa langue.

Honnêtement, c'était le meilleur marché de Noël de toute sa vie.