Chapitre 1

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La course à pied est la seule chose qu'il me reste de mon passé, alors après avoir descendu les escaliers en bois qui mènent à la plage, je rejoins l'étendu de sable. Je me place face à la mer en inspirant un grand bol d'air frais. Je peux maintenant commencer mes étirements et une fois terminé j'active le chronomètre de ma montre. Les écouteurs à mes oreilles, je sélectionne ma playlist et c'est parti pour la séance de sport.

Après trente minutes, je décide de m'arrêter et de me poser un moment sur le sable après avoir repris mon souffle et enlever ma musique. La mer est plutôt calme ce matin, il n'y a pas trop de vagues contrairement à la journée d'hier.

- Bonjour !

Un simple geste de la main suffit pour répondre à ce coureur que je croise chaque matin. Mieux vaut ne pas trop entrer en contact avec lui au risque de provoquer une déferlante chez mon supposé petit ami. Je me retourne pour apercevoir sa silhouette imposante, postée juste derrière la baie vitrée de la maison, qui se situe en haut de l'escalier. Comme à son habitude, il m'observe pour être certain que je reste dans son champ visuel. C'est comme ça depuis que j'ai croisé sa route. Ma vie est devenu un enfer. Vous ne pouvez même pas imaginer ce que je ressens. Partager entre la haine, la tristesse et l'envie de me venger pour tout ce temps qu'il m'a volé et qu'il continuera de me piquer. Vous vous demandez sûrement pourquoi je reste ? Eh bien c'est un peu comme si vous aviez une épée de Damoclès au-dessus de la tête et que le moindre faux pas de ma part, m'enverra directement six pieds sous terre.

Soudain, mon téléphone sonne et me fait sortir de mes pensées. C'est lui, je le savais.

- Alô ?

- Eva, il est temps que tu reviennes. Je t'attends à la maison.

- J'arrive.

Je me lève et reprends le chemin de sa maison, car ce n'est pas chez moi et ça ne le sera jamais.

Une fois rentrée, l'interrogatoire commença à mon plus grand regret...

- Qui est cet homme ?

- Comment pourrais-je le savoir si je ne peux pas discuter avec qui que ce soit ?

- Il me semble que tu le croises chaque matin ?

Le ton de sa voix commence à changer, il devient agressif. Je préfère m'éloigner de quelques mètres, on ne sait jamais.

- Il me dit bonjour comme les trois quarts des personnes que je croise en faisant mon footing. C'est ce que l'on appelle de la politesse.

Ses mains tremblent et il me fusille du regard.

- Je ne veux pas qu'il t'adresse ne serait-ce un seul mot. Si cela se reproduit, je devrais lui envoyer un de mes gars afin de lui donner une bonne leçon.

- Tu entends ce que tu dis, c'est absolument délirant. Ce n'est qu'un bonjour !

- Il est bien là le problème, ça commence par un bonjour et après on sait très bien comment tout ça va se terminer. Il essaiera de te conquérir et je devrais m'en débarrasser. Je n'ai pas très envie de tuer quelqu'un. Dès que tu retourneras courir, tu changeras de lieux, je veux être certain qu'il ne soit plus dans les parages.

- Et où veux-tu que j'ailles ? 

- Autour de la maison, tu as de la place avec ces quelques hectares.

- C'est une plaisanterie ?

- Absolument pas.

Je ris jaune, ce type est vraiment absurde ! Et je crois que le temps n'arrange pas les choses. Mais si c'est ce qu'il souhaite, alors je ne peux pas aller contre sa volonté Je trouverais un moyen pour retourner à la plage, c'est mon petit plaisir qu'il n'arrivera pas à m'enlever.

La journée n'est pas passée très vite, en même temps, le dimanche nous n'avons pas grand chose à faire. En revanche, demain devrait être un peu plus mouvementé. En effet, je dois accompagner Maxime pour l'ouverture de son nouvel hôtel sur Paris. Il veut que ce soit un évènement et ça le sera comme à chaque fois qu'il inaugure un domaine aussi prestigieux. Le pays entier va en parler, les journalistes seront présents et moi je dois faire bonne figure. Comme il le dit si bien, je suis sa marque de fabrique, son atout pour pouvoir avancer.

Le lendemain matin, je me lève et trouve un costume pour femme posé sur le bureau de la chambre. Je ne la connais pas cette tenue, encore une que Maxime a commandé pour l'occasion sans me demander mon avis. Je ne me pose pas plus de question et je file à la douche avant d'enfiler les vêtements et la paire d'escarpin associée. Il dicte même les accessoires que je dois porter...

- Es-tu prêtes ?

-Oui, je le suis.

- Alors allons-y, notre chauffeur nous attend.

Me voilà en route pour jouer une personne que je ne suis pas.

Sous contrôleWhere stories live. Discover now