3 - Les réalités de la vie

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 Après que les filles soient sorties du cinéma, nous avions décidé de manger tous les cinq dans un restaurant du centre. L'ambiance fut bon enfant et je crus remarquer des petits échanges de regards entre Bastien et Pauline ; ce qui me rendit tout de même heureux pour elle. Bien que je statuais de garder le mannequin sous surveillance.

Pauline était maîtresse d'école en maternelle. Elle avait la charge d'une classe de vingt marmots, et ce métier lui allait à merveille. Pourtant, malgré sa jolie frimousse et son comportement facile à vivre, elle ne parvenait pas à trouver chaussure à son pied. Elle avait eu des copains, plus ou moins sérieux, mais en définitive ; elle était aussi seule que moi.

Marion, elle était en couple depuis cinq ans maintenant. Heureuse, amoureuse, avec un petit ami parfait, mais que nous ne passions pas beaucoup de temps avec lui. Il avait ses camarades, Marion et lui sortaient rarement avec la bande de leur partenaire. Ils étaient une sorte de ménage libre. Sans pour autant aller voir ailleurs, ils ne faisaient que peu d'activités ensemble.

En rentrant à la maison, j'étais épuisé. Il était plus tard que d'habitude et même si j'avais bien dormi pendant le week-end, le réveil du lendemain serait sans nul doute difficile. Lorsque je verrouillai la porte d'entrée de la demeure, je trouvais cette dernière plongée dans le noir, exceptée un peu de lumière qui filtrait du salon. Un ronronnement de voix s'en échappait, me prouvant que Christine était encore debout.

Je passai la tête par l'embrasure, me penchant pour lui souhaiter une bonne nuit et elle me fit un signe de la main, visiblement comateuse, elle aussi. Je montais donc dans ma chambre sans embêter ma mère qui devait dormir depuis au moins deux heures. Je pris une douche rapide, mais qui me permettrait de me contenter d'une toilette de chat demain et fonçai m'envelopper sous les couvertures.

Lorsque mon réveil hurla à quatre heures moins le quart, je sus que la journée serait difficile. J'allais directement préparer le litre de café qui emplirait mon termos, et allumai la machine à dosettes afin de me servir un lungo de petit-déj', agrémenté de lait et de sucre. Je dégustai mon royal repas appuyé contre le plan de travail, le regard porté sur le jardin et la nuit noire.

La maison, silencieuse, ne s'éveillerait que dans trois bonnes heures. Je serai de retour dans un peu plus de dix heures et repartirai presque immédiatement. Depuis quand ne l'avais-je pas vue ? Quatre ? Cinq jours ? Je soupirai, l'attention tournée vers les étoiles qui semblaient de se moquer de moi, se dissimulant derrière les nuages à la moindre occasion. Je répondis à des messages sur le groupe que j'avais avec les filles puis rangeais mon portable, je n'avais pas le temps de lire aux autres.

Sur le chemin de mon premier emploi, sur les trois que je possédais, je repensais à la proposition de Morgan. De ce que j'avais compris de sa situation, l'un de ses mannequins l'avait lâché et il se retrouvait sans « pièce centrale ». Le salaire était intéressant ; trois cents euros pour le défilé et cinquante euros à chaque essayage et répétition. Je le soupçonnais d'avoir gonflé ses chiffres afin que j'accepte, et en réalité, pour moins je n'aurais jamais dit oui. J'allais davantage manquer de sommeil, de temps, mais ça ne durerait que quelques semaines et avec ma mère... J'avais cruellement besoin d'argent.

Cependant, je ne savais pas si l'aventure valait le coup. Je pouvais tout à fait trouver un autre emploi... Après tout, avec mes heures actuelles, quelques heures de plus ne changeraient pas grand-chose à mon état, plus proche du zombie que de l'humain.

J'arrivais au supermarché près de chez moi avec dix minutes d'avance sans avoir pris de décision finale. J'enfilai mes écouteurs et me mis directement au travail. Ranger et réapprovisionner les rayons des magasins était ennuyant, mais c'était l'un des seuls postes avec ces horaires.

Éphémère [MxM]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant