14 - Proposition

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Un bras s'allongea sur mes épaules et, avant que je puisse réagir, Romain susurra à mon oreille.

— Bonjour, qui êtes-vous et qu'avez-vous fait de mon Léo ?

J'écartai mon visage du sien avec un dégoût à peine dissimulé et le repoussai afin qu'il me lâche, mais il renforça sa prise. Sa seconde main vint même saisir mon menton dans le but que nos têtes soient l'une en face de l'autre. Ce faisant, il siffla et un sourire en coin orna sa bouche.

— Voyez-vous ça... Tu as suivi mes conseils ? Finalement, on dirait que Morgan peut gérer parfois !

Le rire qu'il produisit me donna une intense envie de soupirer, mais je me retins. Il ne méritait même pas ma lassitude. Me contentant d'une expression faciale fermée et d'un air désabusé, je le fixai un instant avant de tenter de situer Morgan dans la salle, afin qu'il vienne m'aider, mais il avait disparu je ne sais où. J'eus l'espoir que le gêneur m'oublie quand son bras délaissa enfin mes épaules, mais il le replaça immédiatement sur ma taille, me tirant vers lui. Cette fois, irrité, je l'empoignai et m'écartai.

— Ça suffit, dis-je, exaspéré tant par sa façon d'agir que par le sourire prétentieux qui paraît son visage.

— Oh, ça va ! Je suis juste content de te voir ! se défendit-il avec un ton doux. Et toi ? T'es heureux d'être là ? Tu vas pouvoir découvrir comment ça se passe.

Je haussai les épaules, ne souhaitant pas m'étendre plus que nécessaire sur l'état de mon humeur. Il avait beau être plaisant à regarder, plus le temps s'écoulait, moins son comportement me convenait. Il semblait avoir un problème avec Morgan et ne se privait jamais d'essayer de le descendre devant moi. Je n'aimais pas ça.

Pour moi qui vouais mon existence à ma mère, les personnes de son genre m'horripilaient. Je ne comprenais pas son dédain ni l'énergie qu'il plaçait dans cette activité puérile. Peut-être que certains mecs le pensaient charismatique, pour ma part, il demeurait surtout antipathique.

— Du coup, y a un truc que je voulais savoir ; pourquoi tu as accepté ce boulot ?

Je lui lançai un regard incertain, ne comprenant pas non plus son intérêt soudain pour mes choix de vie.

— Je veux dire, t'as jamais fait ça..., poursuivit-il. En plus tu viens à peine quelques semaines avant le défilé. C'est pour le fric ?

Je rougis légèrement, comme pris en faute. Dis de cette manière, mes motivations semblaient vénales... J'allais répliquer, mais il me devança.

— Si tu as besoin d'argent facile et en quantité, j'ai l'emploi parfait pour toi.

Cette fois, je plantai mon regard dans le sien avec un intérêt flagrant et il me sourit.

— À quoi tu penses exactement ? m'intéressai-je.

Ses yeux pétillèrent à ma réponse.

— Disons que je te filerai les infos si tu acceptes de me donner ton numéro et que tu viens boire un verre avec moi après la répet'.

— Ça fait beaucoup de demandes pour un simple tuyau..., lâchai-je, peu enclin à lui accorder sa requête.

— Sois pas comme ça. Tu verras, tu seras content de t'être forcé un peu à passer du temps avec moi.

— Ah ! Donc t'es conscient que j'en ai pas envie !

Cette fois, il grimaça et je m'en voulus un tantinet de m'être montré si abrupte. À vrai dire, il n'était pas méchant, juste fanfaron, sans considération pour les sentiments des autres, imbus de sa personne... Je soupirai mentalement en pensant que Morgan avait bien plus de qualités.

Éphémère [MxM]Donde viven las historias. Descúbrelo ahora