Act. 29

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Sacha est complètement obsédé par toi, Ivy.

Obsédé.

Par moi.

Au présent.

Il a appuyé sur le fait qu'il m'aimait, pas qu'il m'aime. Si Déborah avait raison, est-ce que ça signifierait qu'il ressent toujours des sentiments à mon égard ?

Je suis en train de devenir profondément folle. Ma petite sœur a eu beau passer tout son temps avec moi après avoir su la vérité, je ne vais pas mieux. J'ai regardé mon téléphone plus d'une centaine de fois. Le seul qui m'a contacté est Yann. Il m'a envoyé un message qui disait :

''Loris ne veut rien entendre... je pense que c'est mieux si on se laisse du temps pour réfléchir à tout ça.''

En lisant ce message, j'ai hésité entre fondre en larmes ou éclater de rire. Ça n'a aucun sens de laisser du temps. Dans notre amitié, ça n'a jamais existé. Les choses s'arrangent rapidement ou je crains qu'elles ne s'arrangent pas du tout. Tous les trois, il nous a toujours fallu une bonne discussion pour régler nos différends, et voilà que Yann me propose du temps.

Mais quand bien même la peur de voir mon amitié avec les garçons me filer entre les doigts me fait souffrir, mon esprit est ailleurs ce matin. Pour la première fois de ma vie, j'ai peur d'aller au théâtre. Sacha y sera et j'ai une boule dans le ventre à l'idée de le revoir.

Je t'aimais.

J'ai beau déborder la confiance en moi, je ne suis plus qu'une gamine au moment où je pousse la porte.

Je ne te le pardonnerai pas.

Peut-être que je ne me le pardonnerai jamais non plus. Ou peut-être que je ne lui pardonnerai pas d'avoir fait le mort dès son départ pour la Californie.

Nous avons tous les deux des raisons de nous détester, mais j'en ai encore plus de me haïr. Le cœur lourd, je me rends dans la salle de spectacle, là où nous avons rendez-vous pour la répétition du jour. Quand j'arrive, Adeline est déjà là. Elle me regarde d'un drôle d'air, ce qui me laisse penser qu'elle est au courant pour Loris et moi. Et en même temps, je trouverais ça surprenant qu'il ait pris le temps de lui en parler.

— Tu es toute pâle, ça va ?

— J'ai passé un week-end de merde... soufflé-je en déposant mes affaires. Et toi, ça va ?

Elle comprend que je n'en dirais pas plus et me raconte qu'elle a passé un week-end plutôt calme. Pendant ce temps, je regarde tout autour de moi dans la crainte de voir Sacha débarquer. Et en même temps, ça me ferait du bien de le voir, de savoir qu'il ne pourra pas me fuir éternellement.

Aujourd'hui, c'est Niall — le metteur en scène — qui s'occupe de nous. Johansson étant le compositeur et le cœur de cette comédie musicale, il nous fait travailler les chansons et certaines scènes. Mais Niall se mêle très souvent à nous dans le but d'apporter une cohérence à la mise en scène.

Quand il arrive dans la pièce, il ramasse ses longs cheveux blonds cendrés en une queue de cheval. Niall est quelqu'un de très professionnel et quelque part, False Contempt n'existerait pas sans lui. Il est un peu plus effacé que Johansson, moins extravagant. Toutefois, j'apprécie les répétitions en sa présence. Ça signifie que nous allons devoir nous positionner correctement sur scène et répéter comme si nous y étions. Ça lui permettra d'apporter des potentielles retouches à la comédie musicale, gérer l'espace que nous prendrons, visualiser les scènes. Johansson a écrit et composer la comédie musicale, mais c'est Niall qui permet à False Contempt de naître.

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