CHAPITRE IV

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9e mois.

Je suis bientôt à terme, je suis grosse. Pour la fin de ma grossesse Noah et Lia m'ont forcés à venir vivre chez eux pour pouvoir me chouchouter et me surveiller, car j'avoue, je continuais d'aller à la boutique. Je n'arrive pas à laisser mes clients et mon entreprise...

Je m'enferme dans la salle de bain, me dévêtis et me glisse sous l'eau de la douche. J'observe ce ventre qui s'est bien arrondi. Je le caresse et me perds dans mes pensées. Je ne sens même pas les larmes s'échapper du coin de mes yeux. Je secoue la tête pour effacer les mauvaises images qui me viennent et coupe l'eau. Je me sèche, me rhabille et file dans la chambre d'ami.

Je m'ennuie un peu, je décide donc de descendre embêter Noah qui essaie de faire un dîner pour ce soir un peu plus développer qu'il n'en a l'habitude. Malheureusement, je rigole en le voyant courir partout, car la nourriture brûle et Luna s'amuse à le faire tourner en bourrique en lui volant des choses sur le plan de travail.

— Aide-moi à attraper cette vilaine pour la punir de chatouille au lieu de te moquer ! Râle-t-il.

— Non désolé, c'est trop hilarant pour arrêter ce qu'il se déroule sous mes yeux. Lui avouais-je.

Soudain, je suis de nouveau prise de contraction, je porte une main à mon ventre qui me fait souffrir. La douleur est intense, je me plie en deux. Luna fut la première à remarquer mon état.

— PAPA ! Je crois que tata ne va pas bien, c'est l'alerte bébé ?

Noah me regarde, coupe le gaz et me demande paniquée si le bébé arrive. Avant que je ne lui réponde, je commence à me faire pipi dessus.

— Bordel, dit moi ce que je dois faire ?

— Mais je n'en sais rien crétin, c'est toi dans cette pièce qui a déjà eu un môme !

— Je... Oui ! D'accord, Luna va chercher le sac que maman a préparé, tu sais le vert !

Luna disparaît aussitôt.

— Je, les clés de la voiture, elles sont où bordel de merde !

— PAPA PAS DE GROS MOT ! Elle est là la clé, tient.

On file en voiture pendant que Luna appelle sa maman pour la prévenir.

Arrivé à l'hôpital, Noah hurle que je vais accoucher. Merci de sa discrétion.

Tout se passe très vite, on m'installe dans une chambre en attendant un médecin disponible. Lia débarque en courant, heureuse et paniquée en même temps.

— Bordel, j'ai l'impression de revivre la naissance de Luna ! Se moque-t-elle d'elle-même.

Deux heures passent quand la femme qui va me faire accoucher entre enfin. Elle s'assoit et regarde mon intimité.

— Bien, alors le col est bien ouvert, c'est parfait. C'est votre première grossesse ?

— Oui.

— Bien, je vais vous aider ainsi que monsieur et madame qui vous accompagne. Vous êtes le papa ?

— Non pas du tout, le papa n'est pas là. D'ailleurs toi, tu vas sortir, car je ne veux pas que tu t'évanouisses comme à la naissance de ta fille, on va éviter que tu recommences, alors oust. S'exclame à toute vitesse Lia.

Noah sort bouder, mais me souhaite bon courage.

— Bien, nous allons pouvoir commencer, vous allez commencer à pousser.

Alors que j'étais déjà suintante de douleur en l'attendant, je fais ce qu'elle me dit et un cri de douleur m'échappe.

La porte s'ouvre.

— Noah ce n'est pas le moment-là, alors reste avec ta fille dans ce couloir, bordel de merde ! Criais-je en poussant en même temps.

— Alice... M'interpelle Lia.

Je regarde alors qui se trouve là et mes yeux s'écarquille.

Comment ça se fait ? Je regarde Lia, en un regard, je comprends que c'est elle qui les a prévenus. Mes parents, Agathe et George se trouvent là. Les garçons préfèrent sortir pour me laisser de l'intimité. Ma mère et Agathe m'aident comme elles le peuvent et se relayent pour me tenir la main. Leurs mains que je broie chacune leur tour...

2 h plus tard.

— Ça y est, c'est fini, le voilà.

Exténuée et trempée, je relâche tous mes muscles et continue de pleurer. Soudain, quelque chose cloche à mes oreilles.

— Pourquoi ne pleure-t-il pas ? Paniquais-je.

Les draps m'empêchaient de voir mon bébé. Je regarde Lia qui ne me rassure pas du tout en étant aussi inquiète que moi.

— Nous revenons tout de suite, nous devons s'occuper de lui d'urgence. M'explique calmement la sage-femme avant de partir avec mon fils.

— Qu'est-ce qu'il se passe, Lia ? Hurlais-je de panique. Pourquoi n'a-t-il pas pleuré ?

— Je n'en sais rien Alice, il peut y avoir plusieurs explications, mais je ne peux pas te le dire, je ne l'ai pas vue non plus. Je vais aller me renseigner, d'accord ?

— Oui, d'accord... Dis-je dans un sanglot.

— Je reviens. Me dit-elle en me caressant la joue et essuyant une de mes nombreuses larmes.

Ma mère me serre dans ses bras pour me rassurer. Sans succès, mon stress ne fait que grimper au fil de toutes ces minutes qui s'écoulent.

— Comment as-tu décidé d'appeler ce petit bout de chou ? Me demande ma mère pour me faire penser à autre chose.

— Je, j'ai pensé à Gabriel, je trouve ça jolie et c'est mixte.

— J'adore cette idée de prénom et je suis sûr qu'il va l'adorer aussi.

Lia revient enfin et je m'empresse de lui demander ce qu'il se passe, s'il va bien...

— Je suis désolé, ils n'ont pas voulu que je le voie, mais j'ai pu savoir ce qu'il s'est passé. Elle se tut un instant avant de reprendre. Il ne respirait plus quand il est sorti, ils l'ont réanimé, il est vivant.

Un poids s'envole de mon corps à l'entente de ces derniers mots. Une larme s'échappe de mon œil. Je suis un peu plus rassuré, mais je le serais davantage quand je l'aurais enfin contre moi, dans mes bras.

Après une heure d'attente en silence, une infirmière revient avec mon fils dans ses bras, emmitouflé dans un de ses vêtements.

— Le voilà. Dit-elle d'une voix douce. Elle le pose contre moi. Le médecin va arriver pour vous expliquer ce qu'il s'est passé.

— Merci...

— Comment s'appelle ce garçon très courageux ?

— Gabriel.

— Bien.

Elle quitte ensuite la chambre en laissant sa place au médecin.

— Bien, alors, comme vous le saviez, il ne respirait pas quand il est sorti. Nous l'avons donc réanimé. Nous lui avons ensuite fait des examens. Nous lui avons découvert une pneumopathie, c'est une maladie chronique. La broncho pneumopathie chronique obstructive se caractérise par une inflammation et une obstruction des bronches associées ou non à une destruction des alvéoles pulmonaires. Les bronches ont pour fonction de véhiculer l'air inspirées et expirées jusqu'aux alvéoles où les gaz seront échangés avec le sang. Dans le cadre de la broncho, pneumopathie chronique obstructive, le passage de l'air diminue au fur et à mesure que la paroi des bronches s'épaissit et que leur calibre se réduit. La conséquence principale est un essoufflement progressif, d'abord au moment de l'effort, puis lors d'un effort minime, puis simplement au repos, jusqu'à invalider gravement la personne touchée, dans les gestes simples de la vie quotidienne. Bien évidemment, il existe un traitement pour pouvoir vivre avec. Il devra être suivi par un médecin de près.

Le souffle coupé, je comprends que c'est un nouveau combat pour moi à devoir surmonter. Mon fils est malade.

Naissance d'un mariage perduWhere stories live. Discover now