Chapitre 21 : Vanitas

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"Ce n'est pas la violence, mais le bien qui supprime le mal."

Tolstoï

Le matin était clair et le Soleil de Paris bien trop brillant. Dans la chambre située sous les combles, les lumières dorées du petit jour venaient percer la douce quiétude et le paisible sommeil de l'humain. Il releva la tête de ses couvertures en s'étonnant de se trouver toujours dans son lit à cette heure avancée, avant d'apercevoir à sa gauche un vampire aux yeux violets.

Alors qu'il sortait doucement du grand lit, les yeux de l'autre homme s'ouvrirent avec paresse avant d'exécuter un magnifique sourire en reconnaissant la personne à ses côtés. Il se releva également de l'endroit où il était tombé avant de murmurer une parole affectueuse que seuls les amants entendirent. Vanitas rougit en entendant ces paroles, avant de ressentir la musique s'échappant d'un artiste chantant une vieille ballade sous les ponts de Paris.

Et c'est ainsi que tentant sa chance il proposa à l'autre jeune homme de prendre sa main tendue pour une merveilleuse danse. Le sourire que lui adressa Noé fut une récompense amplement suffisante alors que tous deux valsaient autour de cette chanson murmurée dans une autre langue.

Un sentiment de sécurité remplissait sa poitrine : Noé était là, et ils allaient se protéger mutuellement. Et c'est à l'instant précis que Vanitas se rendit compte que son magnifique tableau s'était déchiré.

C'est sans doute à cet instant que Vanitas se réveilla, lorsqu'il se rendit compte qu'un élément de sa fausse réalité n'allait pas. En effet, il n'avait jamais invité le vampire à danser, c'était toujours l'autre qui lui avait présenté dans un mouvement gracieux une invitation pour valser.

﴾ ﴿

Alors que Vanitas se pressait dans l'escalier pour atteindre le plus vite la chambre de Noé et lui, il entendait le martèlement de plus en plus important de son cœur comme une mélopée sans fin. Ses tympans semblaient eux aussi résonner dans tout son être alors que la peur de perdre ne cessait de prendre de plus en plus de place dans son corps.

L'adrénaline qui se retenait encore un peu, céda complètement lorsque le jeune homme attérit devant la porte conduisant à leur chambre derrière s'entendait encore l'affreux miaulement du chat. Murr pouvait être entendu derrière, son ronronnement de plus en plus puissant, jusqu'à Vanitas cogne à la porte et qu'un mystérieux bruit se fit entendre.

L'humain rentre dans la pièce, et se figea soudainement face à l'odeur de chaos qui semblait émaner de l'endroit, les ombres sur les murs paraissaient tanguer en mouvement avec la forme de l'être qui trônait au milieu de la pièce.

Un rire perdu dans le noir se fit entendre, alors que le comte de Saint Germain se tenait devant l'humain. Un éternel sourire aux lèvres, et un regard effrayant sur le visage.

Les rouages tournaient doucement dans son esprit, et soudain, tout ce mis en place. « C'était vous tout le long. Ce foutu chat, c'était vous ! » La rage déformait le visage de l'humain, alors qu'au contraire, un rictus satisfait apparaissait sur le visage du comte.

« - J'aurais dû vous laisser mourir, vous et votre frère sur le parvis quand j'en avais l'occasion.

- Vous auriez peut-être dû, quoi que non. Votre situation aurait été pire, car les fantômes reviennent hanter, alors que moi vivant, j'abandonnerai peut-être un jour...

- Vous, abandonner ? Je vous croyais plus résistant Mr. Vanitas, vous m'en voyez déçu.

- J'abandonnerai lorsque je verrai ma dague plantée entre vos côtes. Les yeux de l'humain brillaient d'un étrange éclat, comme celui sans doute qu'Achille avait eu un instant en voyant le tueur de son amant entrer sur le champ de bataille. Il avait le regard de la mort en ses yeux, une au-delà des règles mortelles, qui venait même transcender les lois divines.

- Vous avez du cran pour un humain de votre taille. Une moue ennuyée se dessina au coin des lèvres du comte., son sourire carnassier ne cessait de paraître de plus en plus effrayant depuis le début de cette conversation. Dommage que votre fin soit si vite arrivée.

- Ma fin ?

- La fin de tous, je crois malheureusement.

- Comment ? La dague avait cette fois quitté la main de Vanitas, pour se trouver dans l'épaule de son adversaire. Mais le vieux vampire ne semblait même pas déranger par ce fait, semblant plutôt apprécier au contraire la morsure de la lame, ses yeux brillants d'une appréciation malsaine.

- Noé. Répondit simplement le vieil homme, comme si cette réponse était suffisante. L'incompréhension se peignit alors, sur les traits du jeune homme en face de lui. Lorsque je vous ai aperçu la première fois en compagnie de Noé dans cette gare à l'allure étonnante, j'étais certain que vous alliez devenir quelqu'un d'extraordinaire pour lui. Vous savez, vous lui ressemblez beaucoup. Enfin du moins vous correspondez à l'ombre de ce qu'il aurait pu être s'il avait été humain.

- De qui parlez-vous, bon sang !

- Mais voyons, de mon petit-fils : de Louis. Ce vieil ami d'enfance de mon chaton qui n'a pas survécu, ou du moins qui est désormais seulement un destin effiloché de notre vie.

- Louis ?

- Oh, mon garçon ne vous en a pas parlé ? Sa bouche s'étira en une moue moqueuse et terrible. Mais pourtant, un premier amour ne s'oublie pas comme ça, d'autant que celui-ci sera peut-être porteur de notre destruction.

- En quoi le passé de Noé a à voir avec cette monstruosité tuant chaque être sur son passage ?

- Mais voyons, quelle est la qualité de Noé ? Son pouvoir, son essence ? Même un humain aussi pathétique que toi le sait, Noé n'a jamais été un bon garçon, toujours à désobéir aux ordres.

- C'est un Archiviste.

- Et je crois que tu as oublié les premiers résultats de l'enquête des chasseurs, le responsable de ces meurtres est un Archiviste, or Noé est un des derniers Archiviste. Mais il n'est néanmoins pas...

- Il n'est pas le dernier Archiviste. Mais quel rapport entretient cette folle avec Noé et son passé ?

- Oh mon garçon, tu me déçois. Quel rapport peut avoir un monstre dévoreur de passé, avec la bombe à retardement remplie de souvenirs qu'est Noé ? Combien as-ton avis de gens Noé à mordu selon mes ordres, combien de fois Noé as-ton avis a dû révéler sa nature vampirique pour sauver le monde vampirique ? Combien de fois crois-tu que mon chaton a été abandonné, hurlant de douleur face aux bruits d'un passé non-voulu obsédant à ses pensées ? Ce n'est qu'un esclave sans famille, abandonné par le monde humain et rejeté par les vampires.

Les souvenirs d'un ArchivisteWhere stories live. Discover now