Chapitre 18

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Terrasse, verres de rosé, lunettes de soleil sur le nez, trésors de shopping regroupés dans des sacs à nos pieds...

On n'est pas mal avec Hélène. Ce samedi rien qu'à nous est une vraie aubaine. Ça me fait réaliser qu'en dehors du boulot je n'accorde pas assez de temps à mon amie. Ces derniers jours étaient compliqués pour elle et je n'ai pas réussi à être vraiment là pour l'épauler.

- Je suis tellement bien que j'en oublierai presque ma vie de merde ! lâche Hélène en scrutant son verre. De l'alcool et du shopping, ça doit être ça le secret de mon bonheur. Tu sais ce que ça veut dire ?

- Non Hélène, contrairement à toi je ne prétends pas savoir lire dans les pensées des autres...

- Je ne fais pas que prétendre ! Et ça veut dire que je vais finir fauchée et alcoolique. Beau programme, n'est ce pas ?

Je ne peux que pouffer devant le sens du drama de mon amie.

- N'importe quoi...

- Et toi tu finiras en hôpital psy pour cause de déni de toi-même. Parole de Madame Hélène Irma !

Elle ne va pas encore revenir là dessus...

- Je te jure que...

- Non, ne jure rien malheureuse !

Elle a presque crié ces dernières paroles en agitant les mains dans ma direction ce qui nous vaut des regards appuyés de nos voisins de table. S'ils voulaient être tranquille, avec Hélène dans le coin, ça va être compliqué ! Je devrais débarquer avec une pancarte « attention, voisine de table bruyante ». Au moins, ils seraient prévenus.

- Calme-toi un peu... je souffle un poil agacée par la conversation qui s'annonce. On passe un bon moment là, ne gâche pas tout s'il te plaît.

Complètement hermétique à mes supplications, la jolie blonde se redresse, retire ses lunettes et me fixe de son regard plein de détermination.

Pauvre de moi...

- On ne change pas de sentiment du jour au lendemain comme ça, Amandine ! Tu essaies de te persuader toi-même que ça ne te dérange pas d'avoir ta sœur dans ta vie. Mais ça fait des années que tu calcules tout au moindre millimètre pour ne pas avoir à ne serait-ce que la croiser !

- Je n'ai pas dit qu'on allait devenir les meilleures amies du monde, juste que j'allais arrêter d'essayer de l'éviter. Elle sort avec Arthur je te signale donc j'ai un rappel permanent de son existence sous les yeux. La meilleure façon de ne pas devenir dingue, c'est d'accepter qu'elle est dans le coin.

- Ah ah ! lâche alors Hélène en me pointant du doigt, tel un prof surprenant une élève en flagrant délit de tricherie.

Mon dieu, cette fille est folle...

- Ah ah, quoi ? je rétorque.

- Ah ah ! J'ai compris ! En fait, tu ne veux associer Arthur qu'à ta sœur. Tu n'assumes pas ton attirance pour lui alors t'essaies discrétos de la mettre sous le tapis Alicia, telle une vieille poussière qui te gênerait.

- N'importe quoi !

- Ah bon ? N'importe quoi ? Comment t'explique qu'un jour tu n'arrives même pas à écrire à Arthur un pauvre texto et que le lendemain tu lui parles ouvertement en le présentant à qui veut l'entendre comme ton beau-frère qui sort avec ta merveilleuse sœur !

- Je n'ai jamais dit qu'elle était merveilleuse.

- Tu n'as jamais parlé d'elle à personne et maintenant tu n'as que son prénom à la bouche !

Impensable !Where stories live. Discover now