Chapitre 14

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Tout en me fixant avec une intensité très perturbante, Arthur resserre son étreinte autour d'Alicia.

Mon premier réflexe est de me dire qu'il fait ça pour gagner du temps et trouver une réponse cohérente à donner à ma petite sœur.

Puis ma logique toque à la porte pour me rappeler qu'ils sortent ensemble et que ce genre de geste tendre est tout à fait normal entre deux personnes qui s'aiment.

Le monde d'Arthur ne tourne pas autour de toi, Amandine. Il est intimement lié à la jolie brune en face de toi avec qui tu partages toi-même des liens de parenté. Cette situation n'est pas du tout tordue, c'est génial !

- Tu es bien curieuse, ma petite chérie ! ajoute Arthur en comblant le blanc un peu gênant qui commençait à s'étirer en longueur et devenait clairement suspect.

Beurk, j'ai envie de vomir maintenant. Je n'ai pas envie d'être aux premières loges de leurs mignonneries.

- Et alors ? C 'est mon droit le plus strict de savoir ce que mon homme et ma sœur se disent non ? lui répond Alicia en minaudant.

Genre, elle doit savoir tout ce que les gens qu'elle connaît se disent entre eux ? Elle est vraiment folle celle-là. Je dois déjà gérer ma propre tendance à tout devoir contrôler, pas besoin de quelqu'un qui me demande des comptes en plus !

- Bon et bien, je vais laisser Arthur te faire l'inventaire de tous les échanges qu'on a eu depuis qu'on se connaît ! Ça risque de prendre du temps puisqu'on se voit presque tous les jours au travail...

Sur ce, je leur tourne le dos - sans oublier ma tasse de café fumant - et laisse Arthur gérer la suite. C'est lui qui est venu me taper la discute, qu'il assume !

Quand je retourne dans le salon, mon regard tombe tout de suite sur celui de Clément en pleine détresse. Ma mère est en train de lui expliquer en long en large et en travers ses problèmes de voisinage.

C'est marrant comme avec mes parents tout se passe toujours de la même façon... J'aurais pu miser mon salaire sur le fait qu'elle allait s'épandre sur les malheurs que lui fait subir cette pauvre Madame Mercotte qui a eu la mauvaise idée d'acheter l'appartement du dessus il y a quinze ans. Je n'ai d'ailleurs même pas besoin d'écouter la conversation pour savoir ce qu'elle raconte : la voisine fait exprès de passer l'aspirateur lorsqu'elle regarde son feuilleton préféré, elle renverse de l'eau sur son balcon en arrosant les fleurs, son chien fait pipi dans l'allée...

Il y a des gens comme ça qui n'ont tellement pas de problème dans leur vie qu'ils sont obligés de s'en inventer. Typique de ma mère et de son sens inné du drama. Ce n'est pas pour rien que moi et mon côté trop rationnel ne l'avons jamais vraiment intéressée.

- Tiens Amandine, te revoilà, me hèle justement ma génitrice. Tu ne devineras jamais ce que cette peste de Mercotte m'a encore fait ce matin.

- Elle a mis de l'eau sur ton balcon ? je tente au hasard.

- Exactement ! Tu vois Clément que c'est typique de cette bonne femme de nous pourrir la vie. Même Amandine qui ne vit plus ici depuis longtemps s'en rappelle !

Tellement prévisible... Je jette un regard à Mamita et ne peut réprimer un rire face au spectacle qu'elle offre. Bien calée sur sa chaise, les deux mains posées sur son ventre, elle dort à poings fermés. Ou plutôt devrais-je dire "toute bouche ouverte". C'est sa spécialité : dormir n'importe où, n'importe quand. Sacrée Mamita !

Repérant mon père assis tout seul sur le canapé en train de regarder la télévision, je me dirige vers lui. J'essaie de ne pas enrager sur le fait que regarder la télé quand on a des invités est juste malpoli, sans compter qu'il y a des choses à faire comme débarrasser, préparer la table pour le dessert, proposer un café... Bref, je prends sur moi.

Impensable !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant