Chapitre 20

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Alexandre




Je coupe le moteur de la voiture et tourne la tête vers l'entrée du bâtiment. Cela fait plus d'une semaine que je suis rentré en France, mais c'est mon premier jour au boulot.

Comme prévu, je me suis pris une semaine afin de pleurer sur ma relation perdue avec ma meilleure amie. J'ai passé les sept derniers jours à boire, me saouler la gueule et m'en prendre à la terre entière. Je ne me suis pas lavé de la semaine, à un tel point que ma femme de ménage me faisait les gros yeux lorsqu'elle me voyait.

Je suis d'ailleurs persuadé que lorsque je suis parti ce matin, elle a foncé dans ma chambre pour arracher les draps de mon lit pour les brûler.

Je respire un grand coup et ose enfin sortir de ma voiture. Je plaque un sourire de façade sur mon visage et avance d'un bon pas. Personne ne dois savoir l'enfer que je viens de traverser, et encore moins elle !

Seul Maxime sait dans quel état je me suis mis. Il venait régulièrement pour prendre de mes nouvelles, et s'assurer que je ne commette pas d'erreur fatale. Il a toujours été un bon ami, mais je me rends compte qu'il est beaucoup plus que ça.

Nous avons fait nos études ensemble, et nous nous sommes tout de suite bien entendus, même s'il n'appréciait pas ma meilleure amie. Je n'ai jamais vraiment compris pourquoi d'ailleurs. Il faudrait que je lui pose la question.

Après avoir obtenu notre diplôme, nous sommes tous les deux parti faire notre vie, mais en gardant toujours le contact. Alors lorsque Maxime m'a appelé quelques années plus tard avec cette idée de boîte, j'ai sauté sur l'occasion, et nous sommes devenus associés.

Je pose ma mallette sur mon bureau et prends place dans mon fauteuil. Je ne pensais pas que ça me ferait autant de bien de revenir au bureau. J'allume mon ordinateur et suis surpris de voir ma boîte mail saturée.

Lorsque j'entends du bruit de l'autre côté de la porte, je me lève avec un grand sourire et rejoins ma secrétaire.

Ghislaine est une femme que j'ai rencontré quelques années plus tôt dans un restaurant où elle était serveuse. Je voyais qu'elle galérait, et elle m'a fait de la peine. Surtout lorsque après avoir renversé son énième plateau, son patron l'a fustigée devant toute la clientèle, et l'a virée. Elle alors mise à pleurer en le suppliant de la reprendre, qu'elle avait quatre enfants à élever et qu'elle ne pouvait pas se permettre de perdre son travail. Son patron de l'époque n'avait rien voulu entendre et je m'étais approché d'elle en lui tendant ma carte et lui disant que si elle voulait un emploi, elle n'avait qu'à venir me voir. Elle était venue, et depuis, elle était ma secrétaire. Cela m'arrangeait que ce ne soit pas une jeune femme. Au moins, avec elle, je ne risquais pas d'essayer de la sauter.

- Gigi ! Je suis content de vous voir. Il faudrait que vous fassiez le vide dans ma boîte mail et me faire un petit résumé de tout ça.

La veille femme se tourna vers moi les sourcils froncés et les bras croisés. Je commençais à bien la connaître, et elle m'en voulait.

- Bonjour, M Naullet ! Comment était vos vacances ? Nous ici, tout c'est bien passé. Oh ! Et je voulais vous prévenir que j'ai fait ma demande de départ à la retraite donc il va falloir programmer des entretiens d'embauche pour ma remplaçante.

J'ouvre grand la bouche, estomaqué par ce que vient de m'apprendre ma secrétaire. Ce n'est pas possible. Ghislaine ne peut pas être assez vieille pour prendre sa retraite. Elle en peut pas m'abandonner à mon triste sort maintenant.

Renaissance sensuelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant