VI | 𝐅𝐥𝐲𝐧𝐧

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VI

𝙵𝚕𝚢𝚗𝚗

Tourner la page.

— Où est Alex ? Demande-je à grand-mère Edith en rentrant, la tête fourrée dans son journal.

Elle dépose son journal sur la table de chevet située à disposition pour qu'elle n'aille pas trop loin et qu'elle ne se fatigue pas trop. Mais elle me fatigue à bouger dans tous les sens...

Depuis que je suis là, étant revenu pour les visiter depuis mon emménagement dans mon nouvel appart, elle n'arrête pas de bouger. Entre les allers et retours vers la buanderie pour laver mes vêtements sales, les vérifications à la cuisine pour vérifier que les plats maisons qu'elle m'a concocté sont bientôt prêts, et ma chambre pour me rendre les derniers affaires que j'ai pas pu transporter la veille, j'ai dû mal à suivre la vieille.

— Je vais donner ta chambre à ton frère, tu n'y vois aucun inconvénient ?

— Aucun.

Elle est très malade ces derniers temps, alors elle ne devrait pas en faire tout un plat en ce qui concerne ma nutrition. Je suis certes parti mais je ne suis pas mort, j'étudie comme elle me l'a demandé et je mange à ma faim.

Je n'aime pas savoir qu'elle me préserve de sa santé. J'en ai déjà vu de toutes les couleurs, à l'âge où les couleurs devaient être synonyme de coloriage.

— Tiens, tu as oublié ton ballon de basket. J'ai oublié de te le rendre, le jour de ton départ.

Sa peau a vieilli avec le temps mais son cœur s'est rajeuni. Son éternel sourire scotché au visage l'illumine, même si en ce moment, sa peau pâlit. Je palis aussi en voyant ce ballon, que j'ai transporté d'année en année et qui m'a suivi le long de mon adolescence.

C'était le ballon que j'avais acheté en cinquième. Quand une brune aux cheveux longs m'en avait fait une remarque.

— Je le laisse pour Alex.

— Tu plaisantes ? C'est pas Alex qui veut devenir basketteur, c'est toi. Jamais le toi d'il y a sept ans aurait laissé à l'abandon son ballon, tu le prenais tout le temps avec toi !

Elle a raison, il me suivait partout. C'était un sac à dos qui renfermait beaucoup de souvenirs de la brune, et j'ai mis du temps à arrêter de le porter afin de tourner la page de son chapitre et d'enterrer son souvenir.

Enfin, j'ai jamais vraiment tourné la page,
je me suis juste efforcé à oublier les lignes la concernant. Et puis on était que des gamins.

Quand je me suis assuré que grand-mère Edith dormait bien à point fermé dans son fauteuil, je me suis rendu dans le jardin et je me suis ensuite installé pour ressortir une cigarette de ma poche, et un crayon. En allumant mon briquet, je me suis mis à dessiner ce qui me venait en tête.

Je m'inquiète pour Sloane.

Je ne lui répond pas, elle sait déjà où elle est. Avec papa. Je suis toujours concentré sur mon esquisse, mon crayon noircissant une page de mon carnet à dessin, que je voulais à une époque montrer à une école d'art. J'ai fini de recouvrir de la toute dernière page qui me restait. Il ne me reste plus aucune page à dessiner.

LA LUNE DE MES RÊVES - TOME 1Where stories live. Discover now