Chapitre I : L'étrangère

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Dans l'obscurité paisible de la nuit, une douce lumière vint tendrement défier l'éclat de l'astre lunaire durant de courtes secondes depuis l'une des petites ruelles de Runac. Celle-ci ne laissa aucune trace de son passage et disparu aussi vite qu'elle s'était formée pour laisser la clarté de la Lune reprendre ses droits.

La ville endormie, le silence s'était installé en maître même si de légères brises faisaient, de temps à autres, grincer les pancartes en bois à l'effigie des échoppes au-dessus desquelles elles trônaient.

Cette symbiose implosa lorsque de légers bruits de pas se répercutèrent sur les murs des bâtiments avoisinants la source de cette insubordination.

Le visage recouvert par la capuche d'une cape brune, une jeune femme s'avançait à pas de loup en direction de la forteresse du Lyllun.

Une fois arrivée au niveau des dernières bâtisses, l'inconnue s'engagea dans une ruelle pour observer furtivement le dispositif de sécurité qu'offrait le lieu le plus important de la ville. A cette heure tardive, la herse était abaissée – ce qui ne surprit pas vraiment l'espionne – elle était également protégée par des gardes, et des sentinelles étaient en poste sur les hauteurs des remparts.

En y regardant plus attentivement, la femme s'aperçut que les gardes qui étaient censés surveiller l'entrée principale faisaient en réalité une partie de carte tout en buvant un breuvage qui, d'après la bouteille, s'apparentait plus à de l'hydromelle qu'à de l'eau. Les sentinelles quant-à-elles, se servaient de leur lance ou de ce qui se trouvait à proximité de leur position pour se reposer dessus et somnoler.

La tristesse se fit sentir dans le soupir de la jeune femme qui se retourna et parcouru la ruelle jusqu'à l'autre bout du bâtiment qui la cachait de la vue somnolente des soldats. Sur cette partie-ci de la façade, il n'y avait qu'un homme en armure accoudé contre le rempart de façon à regarder l'intérieur de la forteresse.

Profitant de cette occasion, la femme se glissa jusqu'au bas de la muraille à pas de loup et commença à la longer. De cette manière, elle pourrait passer sous la surveillance des sentinelles qui effectuaient vraiment leur travail, du moins, s'il y en avait.

Son chemin la conduisit jusqu'à une porte dont l'insigne qui trônait au-dessus indiquait que ce n'était autre que l'entrée de service des soldats. La femme toqua alors en se positionnant dos au mur de façon à ne pas être vue par la personne qui ouvrirait. Un homme en armure apparut dans l'ouverture de la porte s'étirant et bâillant, signe que lui aussi s'était assoupi. Avant même qu'il ne s'en rende compte, la jeune femme l'attrapa en plaçant son bras droit sous son coup tandis qu'elle refermait sa prise en se servant de son deuxième membre comme d'un loquet pour empêcher l'homme de sa débattre. Quelques secondes suffirent pour que le soldat s'évanouisse et ce, dans le plus grand des silences.

Aucune alarme n'étant donnée, la femme s'enfonça dans la muraille laissant le soldat endormi sur les pavés de la rue.

*****

L'astre de Liha, accueillit par les louanges matinales des oiseaux, illuminait le métal doré des armures de gardes impeccablement rangés par bataillons dans la cour extérieure du palais du Lyllun. Devant eux, une personne dont l'uniforme pareille aux autres soldats se distinguait seulement par l'écusson se trouvant sur le côté gauche de son torse, indiquant qu'il s'agissait d'un officier et plus précisément d'un Général. Il était accompagné d'une jeune femme se tenant légèrement en retrait à sa droite, simplement vêtue d'un haut en soi beige et un pantalon brun.

Le Général, un homme grand dont la carrure suffisait à instaurer le respect, se tourna vers la femme se trouvant à ses côtés :

- Vous avez fait en une heure ce que je ne parviens pas à faire en deux, Chuchota-t-il, un sourire aux lèvres malgré sa légère frustration.

L'intéressée répondue simplement par un petit rictus en tournant son regard vers les soldats devant elle.

- Comment avez-vous fait cela ? Continua l'elfe intrigué par un tel succès.

- Levé à 6 heures pour faire un tour du domaine en courant, Expliqua-t-elle en montrant discrètement le Soleil de sa main droite.

- Ils ont accepté ? L'interrogea-t-il abasourdi.

- Ils n'ont pas eu le choix.

L'officier regarda la femme dans un mélange d'admiration et d'étonnement avant de réaliser qu'il ignorait totalement à qui il s'adressait. La seule chose dont il était certain était que cette femme était une civile même si apparemment elle s'avérait assez douée pour faire valoir le respect et la discipline dans les rangs.

- Excusez-moi mais, vous êtes ?

L'hésitation se lu instantanément sur le visage de l'intéressée qui répondu brièvement après un moment :

- Anéli Kay.

Le militaire lui offrit un sourire tandis qu'elle lui tendait la main. Il l'accepta en lui agrippant l'avant-bras tandis qu'elle en faisait de même sans hésitation pour la plus grande surprise de l'homme.

- Je me nomme Damian Royen. Dites-moi, ne seriez-vous pas militaire par hasard ?

- Ai-je l'air d'être militaire Général ?

Rigolant à la remarque avec néanmoins une grande retenue vis-à-vis des soldats présents, l'homme relâcha son interlocutrice la regardant plus en détail. Ses habits simplistes faisaient en effet penser à une civile mais ses cheveux orangés coiffés en un chinon bas, son regard émeraude le fixant avec assurance et cette façon de saluer qui était si emblématique des militaires faisaient plus penser à un soldat. De quelle armée, telle était la question.

- Je dirai même que vous faites partie des plus jeunes officiers que j'ai pu croiser, si ce n'est la plus jeune, Reprit-il sérieusement.

Anéli acquiesça l'air pensif tandis que Royen observait de nouveau ses hommes.

- Que venez-vous faire à Runac exactement ? Demanda-t-il sobrement.

- J'aimerai apporter mon aide à votre armée. Si cela est possible bien entendu.

Tant de questions fusèrent dans l'esprit de Damian : D'où venait-elle ? Pourquoi vouloir les aider ? Si elle était réellement officier dans une armée, pourquoi l'avoir quitté ? Tant de questions sans réponse et tant de sujets encore sombres qu'il avait bien l'intention d'éclaircir pour savoir s'il pourrait placer sa confiance et la vie de ses hommes entre les mains de cette étrangère.

- Bien sûr, je comprendrai si vous refusiez, Continua Anéli d'une voix douce, sortant l'officier de ses pensées.

- Non, bien évidement que vous pouvez rester Kay. Après cette démonstration comment pourrais-je refuser de vous accorder au moins quelques jours parmi nous. Et de cette façon je pourrais voir de quoi vous êtes capable, Dit-il avant de laisser un moment de silence puis reprendre : Suivez-moi.

Damian exécuta un demi-tour sur la droite et commença à se diriger vers les portes du palais devant lui avant d'entendre un toussement dans son dos venant de Kay. Il se retourna et constata qu'elle montrait discrètement les soldats, toujours au garde à vous, attendant les ordres de leur supérieur.

- Ha oui, c'est vrai, Pouffa l'homme en revenant au niveau de la jeune femme. Rompez soldats, chacun à son poste.

Tous se dispersèrent tandis que Royen regardait sa nouvelle invitée pour savoir si cela lui convenait avant de se diriger de nouveau vers l'intérieur du palais suivi de Kay.

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Voici le premier chapitre de cette histoire tirée de "La Rivière Des Larmes" de Cassandredramz.
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Le prix d'une nouvelle vieWhere stories live. Discover now