Chapitre II : Le respect se gagne au combat

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Perdu dans la brume du soir, les lanternes juchées en haut des piquets en bois étaient les seules choses que l'on pouvait distinguer à plus d'un mètre même si leur lumière paraissait de plus en plus diffuse au fur et à mesure que l'on s'éloignait de leur source. En revanche, nul besoin de voir pour entendre le bruit que faisaient des pas précipités sur les pavés de la cour intérieure du palais du Lyllun ou encore, le fracas de deux lames en bois se heurtant l'une contre l'autre.

Seuls, profitant de la relève des gardes, deux silhouettes se défiaient dans un combat n'ayant pas l'allure traditionnelle d'un simple entrainement amical au vu de la puissance et de la rapidité des coups portés.

- Vous savez vous débrouiller à l'épée, y a pas à dire, Félicita l'homme essoufflé avant d'abattre sa lame sur son adversaire.

- Peut-être, mais je n'ai pas votre force Général, Admit la jeune femme en bloquant le coup de ce dernier non sans peine.

Un léger rictus se dessina sur le visage de Damian pourtant très concentré et perlé de sueur. Cela faisait maintenant quatre longues minutes qu'il essayait tant bien que mal d'esquiver les attaques de sa rivale tout en voulant parvenir à percer sa défense. Si elle ne possédait pas la force d'un homme, Anéli était très agile ce qui la rendait particulièrement dangereuse dans ce genre de combat.

- La force n'est pas la seule chose qui fait un soldat Kay, vous devriez le savoir, Lança-t-il tel un défi.

Ce fut au tour de la jeune femme de sourire face à la remarque. Elle recula sa lame en un éclair pour la ramener à elle tout en faisant un pas d'arrière ce qui surprit Damian qui avait placé le plus gros de sa force dans son arme. Il fit quelques pas en avant étant déséquilibré tandis que son adversaire en profita pour passer derrière lui et mettre son épée sous la gorge de l'homme qui tomba à genoux en perdant sa propre lame.

- En effet, Commença-t-elle essoufflée en posant sa main libre sur l'épaule de Damian. Il y a aussi la stratégie qui entre en jeu.

Le militaire grimaça face à la menace de l'arme contre son cou mais profita de ce moment pour essayer de reprendre son souffle et de calmer son cur qui s'était emballé au vu de l'effort qu'il avait fourni.

- Mais il ne suffit pas d'avoir une grande force ou être un bon tacticien, il faut un juste milieu entre les deux pour être un bon chef, Termina Anéli en éloignant sa lame de la gorge du Général tout en venant lui tendre une main qu'il accepta pour se relever.

- Je me demande bien ce qui s'est passé pour que vous désertiez. Vous m'avez l'air d'une personne qui a la tête sur les épaules et qui ne serait pas du genre à passer en cour martiale, Admit l'homme en se frottant le cou.

Tandis que le sourire de Damian perdurait, celui d'Anélie s'effaça alors qu'elle ramassait l'épée tombée au sol.

- Qu'est-ce qui vous dit que j'ai déserté ou même que je suis passé en cour martiale ?

Prenant la lame qu'elle lui tendait et remarquant que le rictus qu'arborait désormais la jeune femme ne servait plus que d'une façade face à sa mine sombre, Damian comprit qu'il avait sérieusement manqué de subtilité face à une personne qu'il ne connaissait que depuis un jour. Certes ils avaient sympathisé durant la journée à force de parcourir la forteresse et de modifier devers failles dans le dispositif de sécurité mais il ne savait en réalité pas grand-chose concernant son passé.

- Hé bien, un ... officier ne quitte pas son poste comme ça donc j'avais pensé que ça serait l'explication la plus plausible.

Tout en essayant de formuler sa phrase, l'elfe cherchait quel pouvait bien être le grade de la jeune femme qu'il avait en face de lui sans pour autant oser se fixer un titre en tête. Pour seule réponse Anélie esquissa un nouveau sourire, toujours aussi factice qu'il lui rendit ne sachant quoi ajouter.

Sentant que la discussion s'arrêtait là, il focalisa son regard sur ce qu'il pensait être la muraille protégeant le domaine mais tout ce qu'il parvint à voir en plissant les yeux fut la fine étincelle d'une lanterne solitaire.

- Un problème ? Demanda simplement la jeune femme voyant qu'il cherchait quelque chose.

- Les gars devraient être en poste maintenant. Donc soit c'est cette foutu brume qui me rend aveugle soit ils sont pas là.

Les deux se mirent alors à chercher une quelconque trace de vie autour d'eux mais forcer de constater qu'ils étaient bel et bien seuls dans cette immense cour.

- On ne les voit probablement pas avec toute cette brume, Tenta d'expliquer Anélie.

Damian réfléchit alors regardant toujours en direction du mur d'enceinte avant de lancer aussi fort que possible :

- Au rapport soldat !

Silence.

Damian jeta alors un regard à Kay en espérant qu'elle aurait une meilleure idée mais à peine eut elle le temps d'ouvrir la bouche que le silence se brisa

- Général ? C'est vous ?

Les deux épéistes se regardèrent un moment en comprenant que la voix était derrière eux avant de s'apercevoir que la lanterne qu'ils pensaient voir comme signalant la muraille n'était autre qu'une fenêtre ouverte laissant s'échapper une fine lumière devant provenir d'un chandelier.

- Vous voyez quelque chose de votre poste ? Interrogea l'officier en se retournant.

- Je ne vois même pas où je marche mon Général. La brume est trop dense.

Damian laissa échapper un grognement tandis que Anéli disparaissait dans la brume sans un mot. Lorsqu'il s'en rendit compte, l'elfe la chercha du regard mais, avec ce temps, c'était peine perdue.

- Kay ! Tenta-t-il néanmoins.

Aucune réponse ne vint à lui. Épuisé, l'homme serra le manche de son épée en bois regrettant de ne pas être en armure pour avoir sa véritable arme en fer mais d'être seulement vêtu d'un habit gris très simple fait spécialement pour l'entrainement. Les situations comme celles-ci avaient le don d'user ses nerfs au possible car il détestait ne pas voir ce qui se passait autour de lui ou encore ignorer la position des personnes sous sa responsabilité.

Après quelques longues et interminables secondes à attendre et écouter tous les bruits avoisinants, une flamme agitée attira le regard du Général qui distingua une fine silhouette s'avançant dans sa direction.

- Kay ? Interrogea-t-il en restant sur ses gardes.

- J'ai croisé d'autres hommes qui ne savaient même plus vers où ils devaient aller. C'est habituel ce genre de temps ici ? Demanda Anéli sans se soucier de l'appel que venait de faire l'elfe.

Il attendit de voir distinctement le visage de la femme pour desserrer sa prise sur la lame d'entrainement et souffler profondément pour ralentir son rythme cardiaque qui faisaient tambouriner son sang contre ses tempes et ses tympans.

- C'est la première fois que la brume est aussi épaisse mais je ne dirais pas que c'est anormal, Jugea Damian alors qu'il s'apercevait que la flemme que tenait Kay ne lui procurait aucune chaleur.

- On devrait rentrer, demain on a pas mal de boulot.

- On ? S'étonna la jeune femme ce qui détendit Royen au point de le faire sourire.

- Hé oui. Le boulot ne fait que commencer ! Rigola-t-il tout en pensant distinguer un sourire en coin de la part de Kay dont le visage était à demi éclairé par la lueur de la torche qu'elle tenait.

Ils se dirigèrent donc vers les dortoirs des officiers et la nouvelle chambre fraichement attribuée à la jeune femme par le maitre des lieux en laissant derrière eux le pauvre soldat à la vision embrumée.

Le prix d'une nouvelle vieWhere stories live. Discover now