chapitre 14

840 70 1
                                    

Harry se réveilla à l'aurore, anxieux de commencer les cours. Il avait hâte, mais il était en même temps très inquiet par ce que les autres allaient penser de lui. Il doutait qu'il y ait beaucoup d'autres étudiants muets, ce que lui avait dit Dumbledore semblait aller dans ce sens, et si son nom n'avait pas attiré les regards, son handicap le ferait sûrement sortir du lot. Il ne s'intéressait pas vraiment aux rumeurs qui couraient à son sujet, et qui allaient se multiplier avant la fin de la journée, mais il en gardait conscience et cela l'intimidait. De savoir que tous, ou au moins une majorité, parlerait de lui dès qu'il aurait le dos tourné l'avait presque empêché de dormir. À l'orphelinat, les autres enfants s'étaient moqués de lui à cause de son infirmité. Et si c'était encore le cas ici ?

Il se prépara rapidement et retrouva la porte derrière laquelle Tom dormait. Il hésita brièvement à l'idée d'être seul parmi les plus vieux encore endormis puis se rappela que son ami lui avait fait promettre de venir le voir s'il y avait quoi que ce soit. Malgré tout, avait-il le droit de le réveiller ? Il poussa doucement la porte, l'ouvrant d'à peine quelques centimètres. Comme il s'y attendait, tous étaient encore en train de dormir. Il se mordilla la lèvre en cherchant Tom du regard. Il s'avança de deux pas avant de reculer d'un autre. Soudain, un bras sortit des draps du lit devant lui et lui fit signe de s'approcher.

Un petit sourire sur les lèvres, Harry grimpa alors joyeusement sur le lit du plus vieux qui le regarda d'un air ensommeillé.

–Il reste encore au moins deux heures avant que toutes personnes saines d'esprit se lèvent.

Harry rougit légèrement, conscient d'avoir réveillé Tom qui ouvrait les yeux au moindre bruit.

Tu m'en veux pas?

–Bien sûr que non, idiot. Mais moi j'ai encore besoin de dormir alors cesse de te torturer l'esprit.

Sur ce, Tom l'enserra dans ses bras et sembla se rendormir. N'ayant pas d'autre choix, le plus petit posa sa tête contre le torse de son ami et retrouva rapidement les bras de Morphée, bercé par la respiration calme et rassurante du plus vieux. Il manqua le sourire de celui-ci, qui resserra son emprise avant de retourner lui aussi au royaume des rêves.

Harry délaissa les jeunes de son année pour plutôt s'asseoir avec Tom et les deuxièmes années pour déjeuner. Personne n'osa protester, d'une part dû au regard que leur avait adressé Tom et à la célébrité du première année. Ils étaient plutôt fiers de pouvoir se vanter de se tenir avec le dernier héritier de Poudlard encore vivant.

Le professeur Slughorn, le chef de la maison Serpentard, distribua les horaires aux élèves attablés et s'extasia devant la présence d'Harry parmi les verts et argent.

–Par la barbe de Merlin, c'est un véritable honneur de t'avoir dans ma maison, mon petit. J'ai hâte de t'avoir dans ma classe. J'enseigne les potions, vois-tu ? As-tu des aptitudes en concoction ? Ton ami Tom y excelle en tout cas. Je suis certain qu'il pourra t'aider si jamais tu éprouves des difficultés dans mon cours. Ou dans les autres, évidemment. Tom est très doué.

Tom afficha un air de fausse modestie.

–Je vous en prie, professeur. C'est trop d'éloges.

–Je suis certain que le jeune Harry partage mon avis, n'est-ce pas mon petit ?

Puisqu'il semblait attendre une réponse du plus jeune, Tom s'interposa :

–Harry est muet, monsieur. Je suis certain que le professeur Dumbledore a dû vous prévenir.

–Mais oui ! Toutes mes excuses, mon petit, il faut pardonner à ce vieil homme. Ma mémoire n'est plus ce qu'elle était, hélas.

–Il ne vous en veut pas.

L'enfant qui parlait fourchelangueWhere stories live. Discover now