X | 𝐅𝐥𝐲𝐧𝐧

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𝙵𝚕𝚢𝚗𝚗

Départ précipité.

Il doit être quatre heures du matin, mais je n'ai toujours pas trouvé le sommeil. Ce n'est toujours pas le cas, alors pour arrêter de me contenter de la vue qui s'offre à moi depuis la fenêtre de la cuisine, je prends mes clés après m'être vêtue
plus convenablement pour sortir.

J'ai envie de me dégourdir les jambes.

Les cours reprennent demain, et j'ai juste envie de passer une journée tranquille avant de me le retrouver assis sur une chaise à fixer un tableau puis finir par regarder un paysage beaucoup plus intéressant que des formules, et entendre du bla-bla de tous les côtés pendant des heures.

Il faisait encore nuit que j'ai verrouillé ma porte avant de jeter un coup d'œil vers la porte d'à côté.

Bon nombre sont les choses qu'on ne peut
pas contrôler, comme le temps, le passé, les sentiments, les cartes qu'on doit jouer, une horloge et même ce que les autres disent ou pensent. Comme lorsqu'un jour, une mère aimante qui me tenait la main, pour m'emmener au parc pour ensuite me regarder descendre des toboggans à toute vitesse, assise sur son banc, enveloppée de gants et d'une grosse doudoune, soit partie sans me prévenir.

C'est la mort elle-même qui est venue me le dire, en me montrant le cadavre de ma mère gisant sur le sol de la salle de bain à l'âge de mes six ans.



**




Après un moment à marcher dans la ville, toujours aussi paumé quand il s'agit de m'y retrouver, j'ai reconnu le chemin grâce au peu
de lampadaires qui menaient vers un parc, plus précisément celui de mon enfance. C'est le seul endroit que j'arrive encore à reconnaître, apparemment.

Mais il a aussi bien changé, depuis. L'air de jeux pour enfants se trouve encore dans ce terrain isolé près de la forêt ou ma mère repose de l'autre côté de celle-ci. Il est vieux certes, mais toujours là. Dont le tourniquet bleu, qui était mon jeu préféré à l'époque. Il y a des jeux sur ressort, un mini pont et des jeux d'escalades. Mais aussi des toboggans, des balançoires et des bacs à sable.
Ne sachant où m'asseoir, je me suis dirigé vers
un des bancs se situant devant l'air de jeux.

J'entends le bruit de mes souvenirs des jeux délaissés par les enfants ayant grandi à Wastford City, les nouveaux habitants ayant des petits se fait rare, le tourniquet tourne silencieusement au gré du vent. Assis, je porte la flamme de mon briquet à l'extrémité de ma cigarette.

J'écarquille des yeux en voyant une silhouette que je pourrais reconnaître parmi tant d'autres, après avoir tiré une première taffe.

Une silhouette qui me suit partout où je vais, celle de la personne que j'ai vu pour la dernière fois entrer dans la salle de bain de mon enfance et qui n'en ai jamais ressorti, celle qui m'a mise au monde en me laissant derrière elle, Anna Prescott.

Celle-ci est assise à côté de moi, en train de me caresser les cheveux, le contact d'une mère que je
ne ressentais plus jamais. Puis elle m'a prise la main, qu'elle sert très fort en espérant que je puisse sentir ses doigts enlacés les miens.

Je ne suis pas sûr, je ne sais toujours pas si c'est mon imagination qui me fait voir et parler avec ma défunte mère depuis des années, mais si c'est le cas, alors j'ai beaucoup d'imagination.

LA LUNE DE MES RÊVES - TOME 1Where stories live. Discover now