Chapitre 1: Manon

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Endormie après une longue soirée de révision, je profite de ce repos bien mérité quand un objet non identifié atterrit sur mon visage avec violence. Je gémis et me tourne quand une main me secoue.

- Réveille-toi, blondie !

- Laisse-moi dormir. Grognais-je alors qu'Amanda, ma coloc, continue de me secouer.

Je me redresse d'un bond prête à lui mettre un coup quand sa mine inquiète m'arrête. Je me frotte le visage pour me réveiller correctement et pouvoir avoir une discussion en étant parfaitement lucide. Si elle me réveille de la sorte, ce n'est pas pour rien. Alors qu'elle souhaite prendre la parole, mon téléphone sonne et le prénom de ma mère apparait. Elle passe son temps à m'appeler depuis que je suis à New York, mais elle a toujours fait attention de m'appeler durant la journée et pas à, je jette un coup d'œil au réveil, quatre heures du matin. Je connais assez ma mère pour savoir de quoi elle veut me parler et je n'ai pas envie d'avoir à nouveau cette discussion, pas en pleine nuit. Je m'apprête à couper la sonnerie quand Amande parle.

- Elle a déjà téléphoné dix fois sur ton téléphone et trois sur le mien. Je comprends qu'elle te fatigue avec ses appels incessants, mais ça doit être important pour que ce soit durant la nuit.

Je me laisse tomber en arrière en grognant et prends mon téléphone pour appeler ma mère. J'espère qu'elle a une bonne raison de me réveiller sinon elle va m'entendre. À tous les coups, c'est pour cette histoire de Noël et elle va encore me bassiner pour que je rentre. Je me redresse et compose le numéro. La première tonalité à peine passée que la voix de ma mère me vrille le tympan.

- Enfin ! J'ai essayé de te joindre un nombre incalculable de fois ainsi qu'Amanda ! dit-elle légèrement en colère.

- Il est quatre heures du matin, maman. On dort ! Dis-je déjà exaspérée par son ton.

- Tu te doutes bien que si je t'appelle ce n'est pas sans raison.

- Maman, si c'est pour...

- Manon, il faut que je t'annonce quelque chose. Me coupe-t-elle.

Sa voix a changé et la peur prend place dans mon ventre. Tout mais pas ça, par pitié. Mais Dieu n'entend jamais nos prières et la nouvelle que je redoutais tombe.

- Je suis désolé, Manon. Mamy est décédée.

Mon téléphone tombe de mes mains et je me laisse glisser au sol. Une première larme roule sur ma joue vite rejointe par d'autres et j'éclate en sanglots. J'entends difficilement Amanda parler à ma mère, je sens approximativement sa présence lorsqu'elle se met à côté de moi pour me serrer dans ses bras. Tout ce que je ressens c'est la douleur et tout ce qui me traverse l'esprit ce sont les remords.

Ça fait trois ans que je la vois à peine, que je l'ai abandonnée et que je me suis éloignée de chez elle. Ma grand-mère m'a élevée avec énormément d'amour et de douceurs. Elle m'a partagé sa passion et celle de mon grand-père, appris à aimer les chevaux, à rêver grand. Elle a été cette maman que la mienne n'était pas durant mon enfance, bien trop occupée avec mon père à monter la boite de communication qu'elle dirige toujours.

Elle a fait tellement pour moi durant des années et pour la remercier, je l'ai lâchement abandonnée en laissant derrière moi une femme formidable et une passion qui me faisait vibrer. Et tout ça pourquoi ? Pour qui ? Un connard qui m'a brisé le cœur. Accuser Maxime est facile, lui reprocher mon éloignement aussi, car lui je peux le détester. Pourtant, si je dois être totalement honnête, il a été la première raison, mais celle qui m'a fait prendre la décision, c'est la mort de mon père. La différence entre les deux c'est qu'un m'a lâchement abandonnée sans explication et l'autre est mort dans un accident de voiture en venant me voir en concours. Je ne peux pas blâmer mon père pour sa mort, je me la reproche à moi. En revanche, Maxime, je peux lui reprocher son abandon. C'est plus facile de l'accuser de mes regrets que d'accepter la réalité.

Au détour d'une passionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant