XX : La forêt

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GIULIA

De son regard vert intense, Lissandro me sonde au-dessus de ses longs cils noirs, cherchant une explication à ma phrase. Je détourne le regard, ne souhaitant pas être décortiqué comme hypothèse scientifique. J'essaye tant bien que mal de réguler ma respiration et je finis difficilement par déglutir. Laissant le silence planer entre nous, je m'appuie contre le mur de ma salle de bain, bascule ma tête en arrière et ferme les yeux écoutant mon organe qui continue de pomper mes forces vitales.

Si tu savais à quel point je déteste t'entendre battre parfois...

Quelques minutes passent avant que Lissandro ne décide de se laisser glisser à côté de moi. Je sens sa peau chaude venir contraster sur ma peau froide, recouverte de mon propre sang qui commence déjà à sécher. Je sens un frisson dévaler le long de ma colonne verticale. Toujours avec sa serviette humide dans les mains, je sens son regard lourd se poser sur le côté de mon visage. Mes pensées ne cessent de se bousculer créant un brouhaha infernal dans ma tête. Aussi bizarre soit-il, sa présence est plutôt apaisante malgré ma colère qui ne cesse de prendre place à l'intérieur de moi. Je ne dis toujours rien, voulant qu'il finisse par se lasser et partir de lui-même. Il n'en fait rien, espérant sûrement que je craque une nouvelle fois.

- Tu t'es calmée ? Me demande-t-il sereinement.

Je rêve ou il a vraiment eu le culot de me demander ça ?

- Ose me reposer la question et tu verras si je suis calmée. Si t'as une petite envie de recevoir une balle ou de finir en morceau, je suis la femme qu'il te faut, je lui rétorque sèchement.

A peine la phrase sortie de mes lèvres, je tourne ma tête vers lui et aperçois immédiatement son sourire narquois étirer ses lèvres. Il ouvre la bouche pour rétorquer mais je ne lui en laisse pas l'occasion et lui coupe la parole.

- T'as très bien compris ce que je voulais dire !

Son léger rire vient se résonner dans mes oreilles, ce qui ne fait que m'agacer d'autant plus. Après s'être calmé, il emprisonne mon regard dans le siens et reprend son air sérieux. Il n'a pas l'air très ravie que j'ai tiré dans la jambe de son meilleur ami. Son souffre chaud vient se déposer sur mes lèvres, me faisant prendre conscience du peu de distance qui nous sépare. La température de mon corps vient instantanément se réchauffer.

- Laisse-moi te soigner, souffle-t-il de nouveau contre mes lèvres.

Je sais me soigner !

- Tu vas pas recommencer, faut que je te le dise en quelle langue ? J'ai pas besoin de toi ! Non ho bisogno di te ! Je m'exclame, énervée par son instance.

Il ne réagit pas face à ma colère que je décharge sur lui, il se contente seulement de glisser son regard sur les blessures que je viens de m'infliger. Cela ne fait qu'accentuer ma température corporelle.  Je l'observe en fouillant dans ses yeux verts un quelconque indice sur ce qu'il pense mais il ne laisse rien transparaitre. Il me regarde de nouveau après son inspection détaillée de mon corps.

- Tu viens de sortir d'une semaine de comas, à peine réveillée tu tires sur mon meilleur ami. A présent, tu as du sang qui recouvre ta peau donc je vais te nettoyer, m'expose-t-il d'une normalité déconcertante.

Je suis pas faible !

- Aux dernières nouvelles je suis encore dotée de mains, je sais donc me soigner moi-même.

- Ta respiration est saccadée, accompagné de tes mains tremblantes même si t'essayes de me le cacher. Je peux parier tout ce que tu veux, si je passe cette porte, tu ne te soigneras pas, détermine-il.

Live or DieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant