LA LUNE DE MES RÊVES - TOME 1

XI | 𝐌𝐞𝐠𝐚𝐧

XI

𝙼𝚎𝚐𝚊𝚗

Absence habituelle.

—

Mes cernes qui ne veulent pas me quitter, mes lèvres gercés maquillées par l'humidification de ma langue, et mes cheveux à moitié coiffés. Voilà ce que je vois à travers le miroir de mon casier. Si ce n'est pas un miroir parmi ceux des toilettes pour filles au dessus des lavabos, c'est la glace de mon casier au fond de mes cahiers et diverses affaires qui me rappelle à quoi je ressemble.

— Salut, comment tu vas ?

La tête de Tessa est apparue après avoir refermé mon casier, serrant mon cahier contre moi par réflexe. Comme à chaque fois depuis notre rencontre plutôt soudaine. Quand elle m'adresse en retour un sourire, je suis tout le temps surprise de la revoir. Pourquoi revient-elle toujours pour passer les pauses avec moi ? J'ai l'impression que une de nous n'est pas naturel.

Est-ce elle, ou moi ?

Suis-je réellement devenue quelqu'un auquel
on se réfère pour passer du bon temps ? Je préfère rester quelque peu sur mes gardes. Quand je relève la tête à chacune de ses soudaines apparitions, je la suis malgré moi et on se dirige vers la bibliothèque, pour réviser ou discuter, pendant que la femme qui garde les lieux derrière son ordinateur nous sonde du regard l'air de se demander "Des personnes passent réellement  leurs pauses ici ?"

Mais aujourd'hui, nous sommes restées près de mon casier à discuter.

Elle n'a pas besoin de maquillage, sa peau est naturellement porcelaine, ses traits sont bien
dessinés par la nature, dont notamment ses yeux aux plis épicanthiques, son petit nez droit, en plus de son teint pâle éclatant. Elle ne porte non plus ses lunettes, et est vêtit d'un t-shirt à manches longues mauve avec des inscriptions dessus, ainsi qu'un legging de sport, et porte un sac à dos gris sur le dos.

Je lui ai souri en retour en guise d'au revoir au moment où la sonnerie a retentit. Elle est repartie en direction de la porte d'entrée, tandis que j'ai pris le chemin inverse pour passer la sortie qui mène à la cours de récréation, pour rejoindre la salle de cours de Monsieur Galvin.
Je baisse la tête après être arrivée au niveau des feuillus où s'y adosse le groupe, qui me reluque avec leurs yeux noircis de mascara et de colère.

Elles sont en tenue de sport, dont un short rouge et blanc et un t-shirt blanc. Une d'elle tient un gloss d'une main et un miroir de poche de l'autre, et une autre s'hydrate déjà à grosses goulées dans sa gourde. En m'approchant, j'entends les rires, et leurs murmures. Mais quand la leader du groupe s'est postée devant moi, j'ai regardé par dessus ses épaules ma classe, qui était en train
de rentrer à l'intérieur de la salle.

Si je cours, on me traitera de lâche.

Si je reste et les écoute, on me traitera de lâche quand même.

Alors autant ne rien faire, car aucune option ne changera leur opinion.

Leur haine prend trop de place dans l'atmosphère, que ça me compresse intérieurement. Je vois ses yeux me
fusillent, un rictus moqueur en coin.

Mes tympans vrillent déjà rien qu'en la
voyant écarter ses lèvres, et ma tête tourne en m'imaginant la suite. Alors que je retiens ma respiration en reculant, celle-ci s'approche :