XII | 𝐌𝐞𝐠𝐚𝐧

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XII

𝙼𝚎𝚐𝚊𝚗

Représentation imaginaire.

Je n'aimais pas la façon qu'il avait de me prendre de haut par prétexte qu'il était plus intelligent que moi et un peu plus haut, ni cette façon qu'il avait à ne pas se soucier de la main qu'il était en train de tenir et de ma personne. Peut-être que si je n'étais plus dans son champ de vision, il allait réagir. Peut-être que si je me blessais de nouveau, il allait prendre cette fois-ci en considération mon cas.

J'avais l'impression d'être un fantôme depuis de longues minutes, et ça ne me plaisait pas du tout.

Tout ça à cause de papa.

Je voulais qu'on me voit petite, et pas qu'on me prenne pour un fantôme. C'était donc pour ça que j'essayais de m'habiller comme une mignonne petite fille, et que je laissais maman me relooker comme une petite poupée. Car j'en avais marre que ma mère dise que s' il était parti, c'était parce-que il ne se souciait plus de nous.

Maintenant, c'est tout l'inverse. Je ne veux plus qu'on me regarde ni qu'on prête attention à moi, je me dissimule derrière de gros pulls, vestes et écharpes, ainsi que mon sac contre moi qui me protègent de toutes interventions inattendues.

Flynn vient justement d'entrer dans la pièce située à gauche de la porte d'entrée, pour rendre l'endroit encore plus sinistre qu'il ne l'était déjà par ma présence. Il attire la foudre, rien qu'avec ses yeux atypiques. Il est vêtu d'un pull bleu foncé Lacoste, d'un jeans noir et des baskets Nike blanches.

Je n'arrive toujours pas à croire que si il est
collé, c'est parce qu'il a frappé Sandro.

Une fois assis, j'imagine qu'il doit sûrement se demander comme à chaque fois qu'il me regarde : "À quoi pourrait-elle bien penser ?".

Je le déteste d'être aussi curieux à mon égard quand je suis absente. Mais je préfère rêvasser que de me confronter à son regard. Alors je fais semblant de lire, assise sur une des chaises de l'accueil, à attendre l'arrivée d'un surveillant.

Pourquoi tu t'arrêtes ?

J'avais lâché sa main quelques mètres plus loin. Il s'était ensuite mis à murmurer quelque chose avant de soupirer en baissant les épaules. Il me regarde en silence. Il ne voudra plus me tendre la main, elles ont toutes les deux disparues dans ses poches.

J'ai été trop dur ? Arrête de pleurer, c'est bon.
Ses deux doigts avaient pris possession de mon menton pour me faire relever la tête.

Il ne m'a pas rabroué comme maman le fait en voyant des larmes ruisseler lentement le long de mes joues. Pourquoi ?

Je m'en voudrais qu'un visage comme le tien soit écorché par ma faute.

Un visage comme le mien ? Pourtant j'ai le visage de papa, juste les yeux de maman.

Au moins, sur mon visage, ils sont toujours ensembles.

Je pouvais sentir ses doigts froids passer sur mes deux joues avant de les pincer. Sur le coup j'avais eu mal, mais c'était surtout l'incompréhension qui m'avait secoué. En ayant vu un léger sourire naître sur ses lèvres, je me suis questionnée sur sa provenance. Il ne semblait pas spécialement heureux pour un petit garçon, lui aussi. Mais, il essayait de me remonter le moral, à l'époque.

Tu avais dis que tu ne voulais pas que mon visage soit écorché, alors pourquoi me pincer ? C'est pire ! Avais-je dit en fronçant les sourcils.

LA LUNE DE MES RÊVES - TOME 1Where stories live. Discover now