L.IA

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Olivier et son équipe passèrent la journée du lendemain à corriger les bugs, a ajouter des lignes de code, encore des textures et bien plus de possibilités. Ils se parlaient sans se répondre, trop concentrés, trop absorbés par leur travail. On avait commandé des sushis pour le déjeuner, personne n'était prêt à cuisiner quoi que ce soit. Lorsque le livreur sonna à l'interphone, Viktoria se cogna à sa table tellement elle sursauta fort. Louis se leva en entendant ses ongles griffer le bureau et sa respiration saccader. D'un geste un peu brusque il la fit se lever et il l'entraina dans l'Aquarium. Elle pleura sur son genou qu'elle avait cogné comme une petite fille qui vient de tomber.

Olivier mettait les sushis au frigo pendant que Tiana et Jeanne s'étiraient. Elles mettaient la table quand Jeanne soupira :

- Elle a tenu deux semaines sans crise.

- Elle n'en a pas fait chez elle ? demanda la métisse.

- Non, elle n'en fait qu'ici.

- Elle a encore eu peur de la sonnerie ? demanda Ludivine.

- A chaque fois qu'il y a un bruit un peu trop fort ou inattendu, expliqua Jeanne d'une voix morne. Il suffit qu'elle soit trop concentrée et c'est foutu.

- Dans combien de temps on pourra manger, d'après toi ? lui demanda Olivier.

Puisqu'il avait l'air vaguement agacé par les humeurs de la jeune femme, Jeanne se rendit dans l'Aquarium. Elle interrogea silencieusement Louis qui haussa les épaules et laissa sa place. Elle s'assit en tailleurs, soufflant sur ses articulations qui craquaient et elle interrogea sa jeune collègue.

- Tu sais que c'était juste la sonnette de la porte ?

Viktoria hocha sa tête baissée.

- Tu n'avais pas fait de crise depuis deux semaines, n'est-ce pas ?

Elle approuva de nouveau.

- Je suis fière de toi, tu progresse.

- Oui mais j'ai recommencé, bredouilla-t-elle.

- C'est pas grave, c'est déjà bien d'avoir tenu deux semaines. Allé, calmes toi.

Comme elle ne répondit pas, Jeanne insista :

- Montre-moi tes mains. Non, je ne vais pas les toucher. Montre-moi.

Viktoria tendit ses mains tremblantes. Elle avait épargné ses ongles qui avaient enfin repoussés.

- Regarde-moi. Allé, tu vas y arriver. Si, je vais insister, tu le sais. Voilà, c'est bien. N'aies pas honte. C'est pas grave.

Elle regarda encore les mains tremblantes de Viktoria et, tachant de faire abstraction du regard pesant de Tiana à l'autre bout du Studio, elle demanda :

- Comment on fait cette fois ? Si je parle, ça suffira ?

Viktoria approuva timidement, faisant de son mieux pour respirer normalement.

- D'accord. Hier, en rentrant, j'ai pris un bain et j'ai réfléchis aux deux niveaux qu'on a déjà joué. Tu sais, je me suis dis que si c'était un peu vide, c'est parce qu'on laisse un peu trop L.IA gérer ce genre de choses. Il faudrait peut être qu'on reprenne la main sur l'intégration des PNJ et des mobs. Après mon bain, tu sais que je ressors toujours de la salle de bain rouge comme une écrevisse, je me suis sorti un verre de rouge, le comté qu'il me restait, du pain et du beurre et c'était le meilleur repas de ma vie.

Les mains de Viktoria cessaient progressivement de trembler.

- Tu te souviens de cette nouvelle boutique dont je te parlais la dernière fois, en ville. J'y suis retourné. Ils ont plein de figurines que je n'avais vu que sur internet, elles viennent directement du Japon d'après ce que m'a dit le vendeur. D'ailleurs, il m'a demandé mon numéro. Je lui ai demandé si je pouvais avoir une figurine gratuite. On a tous les deux dit non, j'était un peu déçue.

Every Choice is Y.O.U.R.S.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant