I- Ombres et lumières

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Ouvrir les yeux était comme un supplice. 

- Eris.

Non, ce n'était pas encore le moment, elle se sentait trop faible.

- Eris !

Non ! Elle souhaitait rester dans ce cocon, où aucun mal ne venait la torturer.

- Eris ! Réveille-toi !

Cette fois, la voix était bien présente, et la tira de ses songes.

Quand elle ouvrit enfin les yeux, la lumière l'aveugla quelques secondes, avant qu'elle s'habitue. 

Elle essaya de se redresser, mais une main ferme l'en empêcha.

- Recouche-toi !

Eris obéit, apeurée par le ton dur et sec employé par son interlocuteur. 

- Donnez-lui ! Vite ! Elle recommence !

Sans savoir de quoi parlait l'homme, et se sentant nauséeuse, la jeune femme avala le breuvage à l'odeur nauséabonde (lui provoquant un haut le cœur) que lui tendait une bonne. 

Aussitôt, elle sombra, bas, si bas, toujours plus profondément, puis atterrie rudement sur un sol d'un blanc immaculé.



Elle se releva en titubant, regarda autour d'elle. Tout était blanc, comme si elle était dans une cage immaculée. La peur lui glaça les veines, puis soudain, le décor changea, et elle se vit quatorze ans en arrière, alors qu'elle était âgée de quatre ans.  

Elle était dehors, en train de manier l'épée sur une cible de bois et de paille, déjà bien amochée par tous les coups reçus. Avec ses petits bras, elle frappait, encore et encore avec sa petite épée, donnait des coups, se griffait par inadvertance, toujours sous l'œil attentif de son professeur, très exigeant. Peu importait qu'une pluie battante broyait la vue de la petite. Tout ce qui l'intéressait, c'était que l'enfant maîtrise la technique avant la fin de la journée.

- Arrête-toi. 

Elle opina, posa son épée au sol et regarda l'homme qui se tenait face à elle, grand, brun et au regard où ne perçait que colère et soif de pouvoir, sans aucune trace de compassion pour cette pauvre enfant blessée de partout. 

Eris tenta de reprendre son souffle, et de retenir ses larmes. Ses plaies la faisaient souffrir affreusement, mais elle s'avait que si elle se laissait aller, son professeur, Akim, lui ferait payer par des heures de maniement des armes en plus. 


Le décor changea à nouveau, cette fois-ci, la transportant deux ans plus tard, alors qu'elle affrontait en duel pour la première fois, et contre un adolescent de treize ans. 

Elle parait, plongeait, essayé de toucher son adversaire de toutes les méthodes possibles, mais celle-ci étaient vaines. Le garçon lui, donnait tout, et sans répit, sans pitié, il fonça sur elle pour lui transpercer le ventre. 

Eris ressentait encore la douleur, et une cicatrice témoignait encore de cette après-midi d'hiver, froide et brumeuse. D'ailleurs, elle avait failli en mourir. Mais au lieu de la ménager, aussitôt tirée d'affaire, Akim l'avait trainée sur le terrain d'entrainement, et lui faisait passer sa journée à donner des coups d'épée, à tirer des flèches et poignarder avec sa dague, sans pause ni félicitations quand sa gestuelle était maitrisée à la perfection. 


Puis, elle se vit à l'âge de quatorze ans, quand, pour la première fois, on l'avait amené sur un champ de bataille. Elle avait accompagné la seule famille qu'elle avait, même si elle ne savait pas vraiment si le terme "famille" allait de soi. C'était une bande d'assassins, qui décimait villages après villages, pour l'or, pour la gloire, et pour la sensation de se sentir craint par les autres.

A travers les ténèbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant