- 𝑇ℎ𝑒 𝑊𝑖𝑡𝑐ℎ𝑒𝑟 -

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La route jusque Kaer Mohren a été étonnamment tranquille, seul le bruit des bourrasques de neige a fendu le calme plat qui les a accompagné jusque-là, de temps à autre escorté par le claquement des dents de Ciri, frigorifiée malgré l'étreinte de Lyv qui ne l'a pas quitté. Une immense forteresse vient briser le blanc immaculé de la neige confortablement installée, au milieu de montagnes rocheuses, Geralt s'arrête un instant pour admirer cette demeure qu'il n'avait pas vu depuis longtemps. Lyv ressent déjà les pouvoirs de plusieurs Sorceleurs, elle perçoit d'ici leur énergie, ils ne sont pas très nombreux, une bonne dizaine tout au plus. Un brin de nostalgie envahi Geralt, tout de même heureux et soulagé de revenir ici, dans cette bâtisse où il avait grandi, où il avait tout appris, au travers d'une grande douleur. Ils passent l'entrée grande ouverte, Lyv inspectant la cour d'un œil aiguisé, tout de même surprise qu'il n'y ait personne pour surveiller, quiconque pourrait venir ici et tout piller. Quoi que, si tous les Sorceleurs sont comme Geralt, le sois disant pilleur serait chaleureusement accueilli et n'aurait probablement même pas le temps de faire le moindre pas. Ils laissent Ignis et Ablette aux côtés de deux de leurs congénères, Ciri admirant la bâtisse d'un regard sceptique, visiblement loin d'être rassurée.

«- Combien as-tu dis que vous étiez, déjà ? Interroge Ciri.

- Je ne l'ai pas dis, répond Geralt en la rejoignant, la dernière fois que je suis venu, ils étaient vingt. Maintenant, ils sont peut-être moins.

- Ils le sont, affirme Lyv en s'arrêtant derrière Ciri, grimaçant légèrement au regard accusateur de Geralt.

- On est vraiment en lieu sûr ici ? Questionne la blonde alors qu'ils se dirigent vers l'entrée de la forteresse. »

Il ne répond même pas, Ciri coulant un regard vers Lyv qui lui sourit doucement, Geralt levant les mains pour pousser la lourde porte. De grandes tables sont éparpillées dans la grande pièce, certains hommes sont installés sur les bancs, d'autres sont debout, un autre est assis à même la table, tous coupant court à leurs conversations à leur entrée, tournant des regards suspicieux vers eux. Lyv se colle presque à Ciri, à l'image d'un bouclier, scrutant tous les hommes présents. Une étrange atmosphère emplie la salle, un long moment de flottement pèse sur l'assemblée alors que deux d'entre eux, l'un aux cheveux longs et roux, l'autre au crâne chauve, se lèvent et fusillent littéralement Geralt du regard.

«- Où t'étais passé bordel ? Demande le rouquin.

- On te croyait perdu, enchaîne l'autre homme, ou que tu t'étais fait tuer.

- Pas encore, répond Geralt, désolé, sourit-il. »

Les deux Sorceleurs échangent un rire, le trio s'approchant pour s'éteindre affectueusement. L'atmosphère s'est complètement transformée, le soulagement a remplacé la fine colère qui embaumait la salle, tout le monde paraît soulagé de retrouver leur frère disparu. Lyv sent que Ciri n'est pas à l'aise, alors elle passe un bras devant ses épaules, la blonde posant une main sur son poignet, savourant le réconfort de la brune. Les autres hommes se lèvent à leur tour, chacun s'approchant dans l'idée d'enlacer Geralt.

«- Le Loup, rétorque un homme plus âgé, tu es à la maison, enfin.

- Vesemir, l'appelle Geralt, oui, acquiesce-t-il, j'ai dû m'arrêter en chemin, dit-il en coulant un regard vers Lyv, puis vers Ciri.

- Il est rentré ! Gueule l'un de ses frères en plantant son poignard dans le bois d'une des tables. »

Vesemir porte sur Lyv un regard suspect, presque craintif, n'appréciant vraisemblablement pas sa présence en ces lieux. Elle garde la tête haute, n'ayant quoi qu'il advienne rien à se reprocher, gardant Ciri près d'elle alors que Geralt enchaîne les accolades avec ses frères, bien heureux de le retrouver, et en vie. L'effusion des retrouvailles passée, tout le monde prend place autour des tables, Ciri se sent déjà plus à l'aise, les hommes l'accueillent chaleureusement, lui proposant même à boire, mais la Princesse refuse l'alcool, se contentant d'une coupe remplie d'eau. Lyv s'assoit sur une table un peu plus loin, acceptant sans rechigner le bock de bière que lui tend Vesemir, qui pose sur elle un regard bien plus modéré, lui adressant un hochement de tête presque imperceptible, qu'elle lui rend de la même manière. Elle observe Geralt, il paraît bien plus détendu, à son aise, rassuré. Il tourne les yeux vers elle à plusieurs reprises, comme pour s'assurer qu'elle se sent elle aussi à son aise, lui souriant doucement, heureux qu'elle soit ici, avec lui.