Le conte de Yena

Chapitre 1

La vieille porte remplit de mousse et de terre claqua vivement, manquant de sortir de ses gonds. Les poutres de bois s'effritèrent et des copeaux tombèrent sur les cheveux roux de Yena. Elle se rua contre son portillon et arracha le cadenas rouillé. Sans se retourner elle se précipita dans la grande plaine. Les ronces lui griffaient les joues et les bras, les herbes étaient si hautes que la jeune fille ne pouvait voir ou elle allait. Cependant la plaine regorgeait de serpents et de petits prédateurs nocturnes. Yena avait donc tout intérêt à ne pas marcher sur l'un d'eux.

Les buissons ralentissaient sa course, rendaient sa progression plus périlleuse et la retardée encore plus. Mais elle connaissait le chemin par cœur et refusait de passer par le même. Cela lui permettait de ne pas créer de sentier qui conduirait directement à sa maison depuis le château. Yena parvint à discerner les briques de terres brunes de la grande muraille et bifurqua vers la droite, longeant les hauts murs.

La jeune fille essuya vivement la transpiration qui lui collait au front. Son sac de patchwork tapait brutalement dans sa hanche, la déséquilibrant régulièrement. Il était lourd et lui faisait mal à l'épaule mais son allure ne faiblissait pas. Elle avait appris à courir plusieurs heures sans s'arrêter quelques soit le poids sur son dos. Alors elle courait, son souffle toujours régulier, sa respiration calme, sans s'épuiser. Les muscles de ses jambes se contractaient à chaque impacte. Quand une voix soudain rompis sa concentration en criant :

« Yena ! Yena ! Bon sang arrêtes – toi, je ne peux plus te suivre comme ça.

- Accélère Éden, on n'a pas le temps de faire une pause, lui répondit-elle en se reconcentrant.

- Saisis moi rapidement au vol et met moi dans ma sacoche s'il te plaît, la supplia-t-il. »

Yena soupira profondément avant de bloquer sa jambe et de revenir en arrière. Elle attrapa la taille d'Éden et le posa vivement mais délicatement sur son épaule. Elle repartit ensuite en courant. La petite créature rampa doucement sur l'épaule de la jeune fille. Elle fit le tour de l'omoplate de Yena avant de se glisser doucement dans sa petite sacoche qui ressemblait un peu à un siège à bébé. Éden inséra ces deux petites jambes dans les deux fentes prévues à cet effet et se mit à les balancer de bas en haut. Tout ce processus se fit sous l'œil attentif et bienveillant de Yena qui avait surveillé attentivement la progression de son petit Maindo. Les deux amis arrivèrent à l'entrée de la ville. Une grande porte de bronze était ouverte. Elles étaient ornées de motifs floraux symbolisant le passage de l'extérieur à l'intérieur.

Alors que Yena traversait le petit pont – levis, un garde l'arrêta brutalement. Vêtu de l'uniforme bordeaux et du Képi Blanc traditionnel qui attestait de son rang. Il la regardait avec beaucoup de mépris.

« Nordienne ! Montre moi ton parchemin de laisser passer où je devrais t'arrêter sur – le – champ !

- Je ne suis pas une Nordienne, siffla la jeune fille et si tu veux pas perdre ta langue je te conseille de t'adresser à moi sous un autre ton. »

Il la regarda bouche bée sortir de son vieux sac son uniforme d'étudiante bleu nuit de l'institut du Savoir. Il bafouilla quelques mots avant de voir l'insigne de vétéran en or. Là il manqua de s'évanouir de honte et s'inclina bien bas devant elle en marmonnant milles excuse.

« C'est mieux comme ça, soupira Yena. Comment tu t'appelles ?

- Marco madame, je me nomme Marco, répondit le garde en tremblant

- Eh bien Marco, j'ai une réunion à 16 heures avec tes supérieurs, un mot sera toucher à ton sujet. »

La jeune fille le laissa alors planter là, le soldat tout peureux le regard exorbité à l'idée du savon qu'il allait recevoir. Eden toisa son Maindo qui baissa les yeux, penaud. Les deux âmes sœur s'éloignèrent à grand pas dans les allées de la ville.