prologue

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L'échos des battements de mon cœur me tambourine la tête alors que j'essais en vain de me relever, mon corps gisant dans une marre à la puanteur atroce. L'air frais me brûle les poumons, et ma vue tente bien que mal à s'adapter à l'obscurité maître des lieux. Pousser sur mes bras me demande un effort surhumain mais je serre les poings et ravale un gémissement de douleur en me relevant. Le monde chancelle autour de moi. L'écho de mes pieds s'imposant dans l'eau me ramène à la réalité, je tends les bras du mieux que je peux. Une partie humide prend forme sous la paume de ma main, mes pieds se mettent en marche et décident de suivre machinalement le mur. Des relents aux parfums infâmes amplifient l'atmosphère et m'étouffent. La pénombre ne me laisse rien distinguer, alors pour la énième fois je tourne et m'engouffre un peu plus je ne sais où. Je tourne une fois à gauche, puis de nouveau à gauche, ensuite je décide de prendre à droite, puis de continuer tout droit pendant un bon moment. Un spectre de lumière m'oblige à plisser les yeux, mes pas saccadés s'accélèrent suivis de tout mon corps qui se traîne contre le mur. Si jusqu' ici il m'était inutile de regarder en arrière, arrivé sous le dôme de lumière je m'autorise un coup d'œil en arrière, mon liquide vital rougeâtre à dessiner des fresques sur mon passage. Pas besoin d'inspecter mon corps qui me fait savoir par des petites taches dans mon champ de vision qu'il est bien amoché. En humant la crasse des lieux, je fixe de nouveau mes yeux sur la clarté semblable à une faille dans cette obscurité, je replie mes genoux sur moi même et me fais toute petite au milieu de cet halo de lumière.

Quand mes yeux se ré-ouvrent, une sorte de brume remplit l'espace, je la détaille et remonte à son origine, la crevasse, c'est elle qui lui apporte cette luisance. Le froid, a mon plus grand désarroi si engouffre avec elle, me laissant un frisson sur la peau. En réalisant que si la nuit tombe, l'obscurité tombera avec, emportant le reste de lumière qu'il me reste, je me relève d'un bond mais le vertige me rattrape assez vite pour me rappeler que je n'irai pas bien loin.
Soudain, mon estomac se tord, j'ai la forte impression qu'il cherche à rejoindre mes poumons alors qu'eux même cherche à se dégager à tout prix de ma cage thoracique. Un tremblement parcourt ma colonne vertébrale, ,mais cette fois, j'ai l'infime sentiment qu'il n'est pas dû au froid. Un bruit me parvient, le premier bruit que j'entend depuis que je suis ici. Le seul bruit. Une masse difforme l'accompagne et prend atrocement lentement place au milieu de la brume. Cette chose n'est pas un articulé, c'est un monstre. Mes iris ne peuvent se détourner de ce spectacle, de la même manière que mes pieds restent ancrés au sol alors que quelque chose au fond de moi me hurle de fuire. Cette chose ressemble à un être humain dont on a étiré les membres, ses avant bras et ses épaules sont directement reliés et ne font plus qu'un, ses coudes on disparu de la même manière que ses genoux, ses cheveux, ses yeux, et son nez. Pourtant qu'une seule pensée me traverse : À quel point a-t-il souffert lors de sa transformation ? Son crâne grisâtre est dépourvu de cheveux, mon regard descend vers ceux qui semblent être sa face, ses yeux ne sont plus là, laissant place à des trous noirs, je me surprend à retenir mon souffle, peut être bien de peur à ce qu'ils ne m'inspirent. Son nez a lui aussi déserté, laissant seulement deux atroces trou béants au milieu de sa figure. Puis comme pour me laisser l'examiner, sa bouche s'ouvre, laissant place à des canines d'où un épais filet rouge apparaît, reliant chacune d'entre elles.

Mon pouls s'accélère en voyant la chose se jeter sur moi, mon sang ne fait qu'un tour, la chose ne me montre pas ses dents mais plutôt là où je vais finir dans quelques secondes. Je l'esquive de justesse et mes pieds s'élancent, je ne sais pas où je vais ni à quelle moment je tomberais. Je cours pour quelque chose perdu d'avance. Mes bottes dérapent, un cri de douleur m'échappe alors que des griffes se plantent dans ma jambe gauche. Je donne un coup de pied, et cette fois, c'est à son tour de crier. Un son atroce, un mélange entre un braillement d'agonie et de colère. Je m'arrache à cette contemplation et me précipite en faisant abstraction du feu qui se déchaîne dans mes poumons. Ma vue se brouille mais je n'en ai pas besoin pour filer dans le noirs, un goût salé rejoint mes lèvres et un sanglot s'en échappe. Une course entre trébuchement et sanglot s'ensuit. Je ne compte plus les fois ou mes chevilles ont failli s'aider, les fois ou je tombe et cette chose me rattrape, les fois ou je lui hurle en vain d'arrêter et de me laisser tranquille.
Mais toute cette danse macabre ne fait que retarder l'inévitable : le monstre me propulse contre le mur, j'ai à peine le temps de me lever et de me retourner qu'il est déjà en face de moi. La danse s'arrête ici. Je ferme les yeux, je me laisse le temps de penser une dernière fois à Milethium, à la section X... Seulement rien ne se passe, la mort ne vient pas me chercher, au lieu de ça, une douleur intense née dans ma jambe gauche. Elle me fait ré-ouvrir les yeux et découvrir les griffes de ce monstre planté dans ma cuisse. Ils me lacèrent la jambe, lentement, et s'enfoncent toujours plus dans ma chair. De sa "main" restante, il embroche ma hanche. La douleur m'étourdit, mes jambes cèdent, mon corps entier se retrouve étendu sur le sol mais le monstre ne me lâche pas pour autant . Il continue de déchiqueter mes tissus. Je lutte de moins en moins, mes paupières sont lourdes, dans un état de trans, je saisis du bout des doigts ce qui est a ma porté, le fracasse sur la chose de toutes les forces qu'il me reste. J'entend en arrière plan le râle du monstre mais tout devient beaucoup trop flou, il me semble sentir ses crochets revenir sur moi. Mais tout s'estompe, je n'ai le temps que d'entendre un bruit sourd. Très, très,très fort. Je crois que quelque chose gicle sur moi, quelque chose à l'odeur métallique en putréfaction, mais etre recouverte de sang et la dernière chose dont je me soucie. Je ferme les yeux sachant que c'est loin d'être la meilleure chose à faire. Le marmonnement de la voix d'un garçon accompagné d'un soupire me parvint alors que je sombre dans l'inconscience.
-C'est trop sombre ici. Ah... Dégueux.

kolapsiaWhere stories live. Discover now