Le blizzard a cédé sa place au printemps (TOME 1)

Chapitre 14 : Traiter avec le diable

Lorsqu'elle serra la main moite et grasse de Wrestling, elle sut qu'elle venait de sceller un pacte avec le diable en personne. Une sensation glaciale la parcourut, faisant frissonner sa peau. Elle se détestait d'avoir approché Satan d'aussi près, mais elle n'avait pas eu d'autre choix. Les conséquences de cette alliance étaient incertaines, mais elle était certaine de se brûler les ailes, tôt ou tard.

- Je vous dirai le jour, prochainement. Murmura-t-elle d'une voix empreinte d'une légère appréhension.

- Et vous me ramènerez l'argent. Ajouta Wrestling d'un ton qui laissa transparaître sa méfiance.

- Cela va de soit. Répondit-elle avec détermination.

Soudain, Faye sentit son estomac se nouer et une vague de nausée la submerger. Sa vision se troubla et des gouttes de sueur perlèrent sur son front. La chaleur ambiante devint oppressante, comme si les murs du saloon se rapprochaient dangereusement d'elle. Elle comprit que son départ imminent était inévitable. Relâchant la main moite de Wrestling, elle s'apprêta à faire demi-tour lorsqu'elle croisa le regard désabusé du shérif, qui venait justement d'entrer dans le saloon, probablement à sa recherche.

- Que se passe-t-il, ici ? Demanda-t-il en observant le comportement suspect de Faye qui commençait à chanceler.

- Elle est entrée, alors qu'elle n'est pas autorisée. Répondit le gérant du saloon d'un ton accusateur.

Sentant une bouffée de panique monter en elle, Faye se précipita vers Dean et posa une main tremblante sur son torse, lui susurrant :

- Tout va bien. Sortons.

Le shérif lança un regard glacial à Wrestling, exprimant toute sa méfiance envers le barman, puis suivit Faye à l'extérieur. Celle-ci, le visage pâle et les mains moites, se tenait la tête entre ses deux mains, tentant de calmer les battements effrénés de son cœur.

- Mais bon dieu, que faisiez vous dans le saloon ? S'écria le shérif, plongé dans l'incompréhension, tandis qu'il scrutait Faye avec perplexité.

- J'ai conclut un marché avec Wrestling. Répondit-elle d'une voix faible, sentant la désapprobation du shérif peser sur elle.

- Quel genre de marché ? Demanda-t-il, observant les pupilles dilatées de Faye. Êtes-vous saoule, Faye ?

- Il me laisse faire de son saloon une école pour huit dollars. Avoua-t-elle, consciente de l'absurdité de la situation. Ce n'est pas un marché honnête, j'en ai conscience, mais je n'avais pas d'autre choix.

La jeune femme tituba légèrement, se rattrapant à l'épaule de Dean pour retrouver son équilibre.

- Huit dollars ? Quel voleur ! S'exclama le shérif, indigné.

- Il m'a fait boire un litre de cognac pour que je sois digne de converser avec lui. Ajouta-t-elle en pouffant de rire devant l'expression abasourdie du shérif.

- Vous avez bu un litre de cognac ? S'écria-t-il, incrédule. Êtes-vous folle ? Qu'est-ce qui vous a prit, enfin ? Vous aimez jouer avec votre vie, c'est cela ?

Dean était profondément agacé par Faye, mais encore plus envers Wrestling. Soupirant, il saisit fermement le bras de Faye et l'entraîna avec lui, bien qu'elle ait du mal à marcher, en direction de la clinique du docteur Sutton.

Sans frapper, Dean poussa la porte de la clinique et entra avec Faye. Ils trouvèrent Clyde assis à son bureau, plongé dans la lecture d'un livre d'anatomie. Lorsque le docteur Sutton aperçut l'état de Faye, il fronça les sourcils et se leva d'un bond :