Aime-moi ou meurt

Chapitre 11 : Une fausse note

- Mais qu'est-ce que tu fais là ? demandai-je, surprise.

- Et bien, quelle drôle de façon de me dire merci.

- Désolée, bafouillai-je. C'était inattendu de te voir. Merci Jadel.

- Il n'y avait pas de quoi, s'exclama-t-il avec un beau sourire. Que faisais-tu toute seule ?

- Bah, c'était évident, je me reposais.

- Sans personne pour veiller sur toi ? cria-t-il presque. Je te croyais un peu plus prudente que cela. Le fait de t'être teinte les cheveux ne te préserve pas de tous les coups bas que tu as eu à vivre jusqu'ici.

Il n'avait pas tord. J'avais tendance à l'oublier.

Le nez vers le ciel, les jambes allongées devant lui, il ne me regardait plus. Je n'aurais pas cru qu'il se souciait de moi à ce point. Sa sollicitude me toucha et je lui fis instinctivement un câlin comme j'en aurais fait à Suki quand elle était triste pour moi.

Jadel se crispa et je me détachai rapidement.

- Désolée, c'était instinctif, murmurai-je en étant toute rouge. Je ne le ferai plus.

Il me regardait désormais de ses beaux yeux verts qui ne donnaient qu'une envie : se damner pour son propriétaire. Si cela continuait longtemps, je perdrais mes moyens. Lui et moi seul dans cet espace isolé réveillaient des émotions qui m'étaient jusque-là inconnues.

En époussetant ses vêtements des débris d'herbe qui s'y étaient accrochés, il finit par rompre le contact pour se mettre sur ses deux pieds.

- La prochaine fois que tu voudras te reposer ici à ce même endroit, nous n'aurons qu'à y aller ensemble. Mon bureau n'est pas très loin de l'aile du palais dans laquelle tu travailles. Tu n'auras qu'à venir t'enquérir de ma disponibilité.

Il s'en fut sans attendre une réponse de ma part. Je restai seule, encore plus surprise que quelques minutes auparavant. Qu'est-ce qui venait de se passer ??

________

Je retournai vers le palais pour récupérer mes affaires.

L'aile gauche où nous travaillons, habituellement occupée et animée, était complètement vide et silencieuse. Seuls les gardes postés le long du couloir et qu'on ne voyait pas en journée se distinguaient dans ce décor. Je me dépêchai et ramassai mes effets en balbutiant des "désolé" à la suite des bruits que je faisais.

Je passai par le marché Loksus, particulièrement calme à cette heure de la soirée, et remontai désormais l'allée qui menait vers mon appartement. L'air était agréable à souhait. Je respirai à pleins poumons avant de rentrer dans mon appartement où une chaleur étouffante aurait tôt fait de m'achever.

Une fois à mon étage, j'aperçus de la lumière s'échappant de la fente de ma porte. Avais-je encore oublié d'éteindre ce matin ? C'était tout à fait possible.

Je n'y fis pas plus attention et j'entrai dans mon logement. À peine fis-je quelques pas qu'un cri s'échappa de mes lèvres.

Mes affaires avaient été retournées et saccagées. Mes vêtements avaient été découpés et dispersés ici et là. Il ne restait plus que des débris de verre de la lampe de chevet que Suki m'avait offerte lors de sa première visite dans mon appartement. Mon lit, dont les planches tenaient à peine, avait aussi été réduit en pièces. Je courus à mon balcon et même là, les intrus n'avaient rien épargné : mes plantes avaient été déracinées et piétinées.

- Pourquoi, pourquoi moi ? me répétais-je en boucle. Qu'avais-je fait pour mériter cela ? Pourquoi le sort s'acharnait-il encore et encore sur ma personne ? POURQUOI ? criais-je en m'écroulant au sol.