𝒞𝒽𝒶𝓅𝒾𝓉𝓇𝑒 𝟤𝟨

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Milva n'eut pas à chercher bien longtemps. Sebastian ne s'était pas aventuré bien loin. À l'angle de la grande salle, près des jardins, il faisait les cent pas en avant et en arrière, en arrachant quelques feuilles des buissons qu'il pouvait bien croiser en chemin. Milva ne prit même pas le temps de prendre une inspiration de courage : elle s'élança directement.

— Sebastian...

Il tourna très vite la tête, comme s'il ne s'était pas attendu une seule seconde à être suivi. Sa tête tournait. Il ne savait pas s'il avait envie de discuter avec quelqu'un. Pourtant, il ne pouvait s'empêcher de ressentir une profonde gratitude envers Milva, qui se tenait encore là, face à lui. Néanmoins, il ne put s'empêcher de lâcher :

— Tu y comprends quelque chose toi, Milva ? Hein... Il s'est passé quoi, là ? Qu'est-ce que t'es allé raconter ? Hein ?

Le ton du Serpentard n'était pas vraiment de l'ordre du reproche. Il s'agissait là d'une forme de subtilité bien trop complexe pour que Milva comprenne exactement ce dont il était question.

— J'ai dit ce qu'il fallait.

Milva, elle, au contraire, fut bien clair dans l'utilisation de ses mots et de sa tonalité. Sebastian fronça les sourcils. Il devait en savoir plus.

— Dis-moi ce que tu as raconté.

Comprenant que la curiosité et l'agacement de Sebastian ne pouvaient être rassasiés autrement, elle balança tout machinalement. Elle se rapprocha un peu du jeune homme, par peur que quelqu'un passant dans les jardins ne les entende. Même si peu de personnes traversaient les passerelles près d'eux, elle préférait s'avérer prudente.

— J'ai simplement parlé d'Ominis. J'ai menti, en quelque sorte. Je lui ai dit que c'était à cause d'Ominis qu'on s'était permis d'aller dans la forêt interdite, qu'il avait reçu une menace de la part de sa famille. Personne ne doit connaître l'autre version. Personne, Sebastian.

Sebastian n'avait pas l'habitude d'entendre la voix de Milva si stricte. Elle paraissait catégorique. Presque froide.

— Mais par Merlin, Milva !

Sebastian passa une main contre sa bouche, interloqué. Ominis les avait peut-être mis en danger avec l'apparition à l'improviste de ses frères, mais le fait de devoir camoufler sa fuite volontaire dans la forêt interdite paraissait bien plus dangereux qu'il n'y paraissait.

— Donc quoi, en fait, c'est... Tu as décidé de vendre Ominis, alors qu'il nous a supplié de ne raconter ça à personne ?

Étonnement, Milva ne ressentait aucune culpabilité pour avoir parlé de la situation d'Ominis à la professeure Weasley. Cependant, elle n'aimait pas ce type d'accusation de la part de Sebastian, alors qu'elle avait tout fait pour le protéger face à la vérité qui pourrait lui porter bien des préjudices. Elle ne put s'empêcher d'élaborer un sourire coincé.

— Je ne sais pas ce que tu essayes de faire. M'accuser, peut-être ? J'ai dû me débrouiller, Sebastian. Je ne pouvais pas cacher vos histoires à tous les deux. J'ai fait un choix. Ominis nous avait dit de ne pas le dire, mais tu disais toi-même qu'on n'aurait pas le choix que d'en parler. J'ai suivi ce que tu as dis... J'ai suivi mon instinct. Je devais faire vite, réfléchir vite, ou bien j'aurais été bien trop suspecte.

— Mais regarde un peu ce que ça a fichu, Milva ! 300 points que je ne mérite absolument pas, tu comprends un peu ? Que j'ai volé pour un mensonge !

— Ce sont seulement ces 300 fichus points qui te vexe à ce point ?! Non mais j'hallucine ! Sebastian ! Est-ce que tu te rends compte que ces quelques légers mensonges parsemés de vérités viennent de nous sauver la peau... À tous les trois ? Ominis, il... La lettre... La demande d'éloignement a été acceptée...

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