XVIII | 𝐅𝐥𝐲𝐧𝐧

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XVIII

𝙵𝚕𝚢𝚗𝚗

La tragédie de la prison du coeur.

Ouvrez vos cahiers à la page cent-quinze. Faites les exercices trois et sept en silence, je reviens chercher des photocopies.

Il pleut toujours, cette ville minable ramène
plus souvent la pluie et l'orage que de nouveaux habitants. Ce sont toujours les mêmes qui reviennent, et j'en fais parti. Mais je ne peux
pas partir, ma mère m'a enfermé ici.

Si je pars, je suis sûr de ne plus jamais la revoir.

Car cela signifierait que je l'aurais pardonné, et ce n'est absolument pas le cas.

Qui voudrait habiter dans ce trou perdu si il
peut aller ailleurs ? C'est ce que j'aurais fais,
si je n'avais pas un diplôme à ramener à grand-mère.

Atteindre la majorité ne suffit pas pour prendre son indépendance, l'aisance financière compte aussi. Elle ne me demande pas de gagner des millions, mais au moins de quoi vivre. Ce serait mon géniteur qui payerait le loyer de mon petit appart étudiant tous les mois, quelque chose
que je ne supporte pas.

— Flynn, t'aurais une calculatrice ?

— Pourquoi faire ?

— Bah... pour faire l'exercice. Me dévisage un camarade de classe tandis que je lui tend ma calculatrice.

Ah, l'exercice. J'avais complètement zappé. Je
lui ai donné la seule calculatrice que j'avais sans réfléchir à si j'en avais besoin pour faire l'exercice, que je n'ai pas touché depuis le départ de monsieur Lucien.

Mes yeux se dirigèrent rapidement et inconsciemment vers la place qui se trouve
juste à côté de la fenêtre, devant moi.

La brune n'est pas là, étrange. Mais son absence est une énigme déjà assez fatiguante à élucider comme ça pour que je m'y intéresse. Ça m'arrange même, de ne plus la voir. Elle a du penser que nous étions encore en weekends.

Mais qu'est-ce qu'elle peut foutre ?

Depuis le jour sportif organisé par l'établissement et les clubs, la semaine dernière, je ne l'ai plus revu, ni elle, ni le chat noir que je
croise à chaque fois à l'arrêt de bus.

Je l'a compare vraiment à un chat errant, surtout depuis qu'elle m'a dis qu'elle les aimait. C'était tellement mignon que j'ai eu l'envie de lui marcher dessus. Pour la simple et bonne raison qu'elle me soule depuis la rentrée. Sa présence m'insupporte, dire au revoir à ma grande soeur m'insupporte, voir les messages désespérés de mon petit frère demandant de jouer avec lui chez grand mère m'insupporte, le temps qu'il fait, tout m'insupporte.

— Voilà une revenante, elle a de la chance que le professeur soit sorti faire des photocopies et qu'il n'ai pas remarqué son absence à celle-là. Glousse une fille assise au premier rang, suivie de deux autres.

Et comme les chats errants, elle n'est jamais bien loin.

Elle arrive les cheveux légèrement ébouriffés
par le vent, son parapluie dégoulinant dans les mains. Je regarde les arbres se déchaîner dehors avant de reposer mes yeux sur Farrel, qui tente de rejoindre sa place malgré tous les sacs part terre qu'elle se prend sur son chemin. Arrivée à destination, elle ouvre le sien et sort ses affaires.

Je profite de l'effervescence ambiante pour me pencher vers elle. L'ennuie pousse souvent à
l'amusement.

— Tu ne prend toujours pas le bus le matin ? C'est moi que t'évites ou les filles de devant ?
Lui demandé-je tout en regardant par la fenêtre.

LA LUNE DE MES RÊVES - TOME 1Wo Geschichten leben. Entdecke jetzt