Chapitre 4 : Cam : Rencontre

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- Pardon, je t'ai réveillé ?

Sa voix était douce et amicale. Je secouai ma tête de gauche à droite quand elle reprit :

- Je m'appelle Christelle, je suis la mère de la jeune fille ici. Je peux te demander un service s'il te plaît ?

Nouveau hochement de tête.

- Pourrais-tu m'appeler quand Maé se réveillera ?

Je m'éclaircis la voix pour murmurer un faible "bien sûr". Elle me serra dans ses bras ce qui m'étonna un peu et me donna son numéro.

J'étais obligé d'accepter non ? Vous me prenez pour qui ? Un sans-coeur ? En vrai, cela me fera une activité a lieu de rester les yeux rivés sur mon ordi à me détruire la rétine. Mon corps est suffisamment détruit comme ça. C'est vrai quoi, à la place, j'aurai les yeux rivés sur une demi-morte.

J'installe une chaise près du lit de la fille. Ce sera sans doute ma place pour les prochains jours ou mois. Silencieux, je me replonge dans ma série.

On vient toutes les heures pour lui injecter sa dose de piqûres, médicaments et changés tout le bordel qui va avec.

J'espère qu'elle se réveillera bientôt. J'en ai marre de rester livrer à moi-même dans ce foutu hôpital tous pété, on va pas se mentir. En plus la chaise et vraiment pas confortable malgré le coussin à moitié bouffé par les mites.

Ca va faire bientôt six mois que je suis coincé ici à cause d'un cancer de merde qui es apparu sans crier gare pendant des vacances à Paris avec mes parents. J'enchaîne les opérations sans succès, les traitements ratés, les visites de contrôles jamais vraiment concluantes et les phrases quotidiennes des médecins du genre : "ne t'inquiète pas mon grand, tu seras bientôt de retour chez toi". J'entendais cette phrase jour et nuit jusqu'à peu. Maintenant, ils ne me disent plus rien. Ils commencent à perdre espoir eux aussi. Après chaque visite, ils s'échangent un bref regard et à chaque fois que je marche dans le couloir, tout le monde me regarde avec compassion et tristesse.

Bref, cette foutue maladie me gâche mon adolescence ou plutôt va me gâcher ma vie.

L'image de sa mère me revient en tête, pleurant, essuyant du mascara sur ses joues. En fait, ça en étalait encore plus. J'ai hésité à lui dire, mais je me suis que ce n'était peut-être pas le moment le plus favorable.

Les deux parentes se ressemblent beaucoup. Les mêmes cheveux bruns encadrent leurs fins visages. Pour la première fois, je prends le temps d'observer cette fille qui vient squatter ma chambre. Ses lèvres ont perdu toute couleur ainsi que son visage. On aurait dit un vampire, les mêmes que dans Twilight. Si le moniteur cardiaque n'indiquait pas des courbes régulières et stables, je penserais sans doute qu'elle est morte. Ses cheveux sont pleins de sang. Je me demande quand ils vont lui enlever. Sans doute à son réveil.

Mon portable sonne, encore. Je pense que c'est sa mère, elle appelle deux fois par jour maintenant. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas sonné comme ça. Mes parents ne me passaient jamais d'appels à cause du décalage horaire. Tu parles... Un message toutes les 2 semaines pour me demander si j'étais encore vivant, c'est tous.

Seuls mes amis prenaient des nouvelles au début, mais ils m'ont vite oublié. En soupirant, je me lève pour décrocher et assurer à sa mère qu'elle ne s'était pas réveillée.

Je prends mes antibiotiques posés sur mon lit et reprends place sur ma chaise pas très confortable. Je pose ma tête qui me parait lourde sur mon coude qui s'étale sur sa table de chevet, mes paupières se ferment doucement, je crois que vais m'endormir.

Jour pour jourDonde viven las historias. Descúbrelo ahora