Danser pour survivre

Chapitre 2

À notre arrivée, nous remarquons que plusieurs camions se trouvent garés sur le parking, représentant les différents clubs prêts à s'affronter. Cela me donne encore plus l'envie de commencer, je trépigne déjà d'impatience. J'ai hâte de me retrouver avec Angel sur la piste, devant les spectateurs ahuris par les prestations qui se présenteront devant eux. J'espère pouvoir les impressionner, devenant, ainsi, leur champion.

A peine ai-je le temps d'imaginer ma potentielle victoire, les applaudissements du public, les clichés photos pris de moi avec la coupe entre les mains, dans ma tête, que je retourne à la réalité. Il fallait tout d'abord commencer par nous occuper de nos montures, ensuite, rejoindre la ligne de départ du parcours. Le reste se fera après, j'ai encore tous le temps avant d'en arriver là. 

En chemin, nous croisons nos adversaires qui donnent l'impression d'avoir été entraînés aussi bien que nous. Ils ont eux aussi la niaque de remporter, cela se voit sur leurs visages crispés, leurs sourcils froncés, les yeux rivés sur ce qui nous attends. Je sais pertinemment qu'ils vont tout donner, rendant la compétition difficile, ce qui s'avère être vrai, rien qu'en se lançant un à un au top départ, dans un ordre prédéfini par une petite télé affichée sur notre droite. Malgré tout, aucun d'eux n'arrive à me terroriser. À ce moment-là, je suis comme un lion en cage qui n'a qu'une envie : se jeter sur sa proie.

Le tour de Monica vient, ensuite, celui de James. Tous deux font de très bons scores, mais pas assez pour être les meilleurs. Cela me donne encore plus l'assurance de tous les surpasser. Vu que je ne suis pas toujours passé, Karl compte sur moi pour faire mordre la poussière aux autres clubs. Cela représente une pression supplémentaire, mais aussi un grand défi que je veux à tout prix surmonter.

En attendant le top départ, je regarde dans les gradins, croisant le regard de mes parents qui se trouvent au premier rang, brandissant des foulards au couleur bleu cyan avec mon nom brodé dessus. On aurait dit de grands supporters de l'équipe de France durant la coupe du monde de Football. Comme eux, ils entonnent mon nom en criant, puis la marseillaise, entraînant la bonne ambiance. J'avoue qu'ils me font honte, mais je ne leur en veux pas pour ça. Cela me touche de les voir ainsi.

En rendant le sourire à mes géniteurs, je songe à notre passé tumultueux. Qui aurait cru, après leur réticence de m'inscrire aux cours d'équitation, qu'ils m'encourageraient comme cela. Nous avons été souvent en conflits à cause de cette histoire à dormir debout, tout ça pour me transmettre à tout prix leur passion. Sauf, qu'eux et moi, nous sommes totalement différents, avec nos propres rêves et notre propre destinée. Maintenant, ils regrettent de m'avoir forcé à être quelqu'un que je ne suis pas et font tout pour que je sois épanoui pleinement dans ma passion. Tous deux me donnent la force et le courage nécessaire pour réussir.

Angel est autant pressé que moi de commencer, je le sens dans ses mouvements. Ses sabots frottent férocement le sable, sa respiration se faisant plus rapide. Je sens son cœur, sous sa cage thoracique, battre plus intensément, se joignant au mien, à l'unisson. Le stress commence à me prendre, mais je ne le laisse pas négativement m'atteindre. Au contraire, je m'en sers comme une force, laissant place à l'adrénaline.

Je ferme les yeux un instant, ma respiration se calant sur le rythme du vent qui frôle mon visage d'une douce caresse, me permettant ainsi de rentrer dans ma bulle. Soudain, j'entends le signal que j'attendais impatiemment, depuis un moment déjà. À peine le top départ lancé, je mets Angel au galop, à grande vitesse. Devant nous se présentent les obstacles à franchir, que le commentateur nomme à chaque fois, tout en nous félicitant en cas de réussite.

Au départ, les barrières atteignent un niveau pas tant élevé que ça, rendant la traversée simple. Comme nous nous trouvons dans un concours où le niveau est assez difficile, plus j'avance, plus elles prennent de la hauteur, mais rien ne fait peur à Angel, qui saute sans cesse avec ardeur.