Chapitre VII

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28 Octobre

Elle s'avançait lentement dans la vieille maison. L'endroit lui semblait familier mais il faisait trop sombre pour reconnaître où elle se trouvait. Malgré tout, ça lui rappelait sa propre maison. Elle était grande, ancienne, elle le savait, comme le manoir Croupton.
Elle avait un peu peur mais elle continuait de marcher. Elle n'était pas terrifiée mais ne devait pas s'arrêter, elle le savait.
Elle passa nerveusement sa langue dans le coin de ses lèvres : elle commençait à entendre des voix mais ne distinguait pas ce qu'elles disaient. Elle monta un escalier en bois. Il grinçait sous ses pieds, donnant un air sinistre à la maison qui était déjà bien sombre, mais cela ne l'empêcha pas de continuer. Elle arriva en haut de ces marches qui lui avaient semblées interminables et vit de la lumière passer par l'ouverture d'une porte. La brune entendait plus fortement les voix, mais ne réussit pas à déchiffrer ce qu'elles disaient. Elle continua d'avancer jusqu'à n'être qu'à quelques centimètres de la porte. Comme hypnotisée, elle y posa sa main ce qui provoqua l'ouverture complète du battant de bois dans un fort grincement. La pièce était lugubre, seulement éclairée par la lumière du feu qui brûlait dans la cheminée. Elle se trouva face à un homme petit, aux cheveux courts - presque inexistants - et grisonnants, qui avait l'air craintif, voire apeuré lorsqu'il regardait en direction d'un fauteuil. Elianor n'eut pas le temps de s'avancer pour voir qui était assis qu'elle se figea.
"Barty ?!" dit-elle.
Sa voix semblait lointaine, trop lointaine, pour lui appartenir.
Son frère, qui était à présent à genoux devant le siège, ne sourcilla pas : il ne l'avait ni vu ni entendu. Personne ne pouvait la voir ou l'entendre. Pourtant, elle ne pouvait se débarrasser de ce sentiment de peur qui grandissait en elle depuis qu'elle était arrivée en haut de l'escalier. Elle recommença à avancer et arriva au niveau des deux hommes. Elle regarda ensuite vers le fauteuil et fut horrifiée. Elle mit ses mains sur sa bouche sous le choc. Ce qu'elle voyait n'avait rien d'humain. La silhouette de la taille d'un petit enfant était enroulée d'un linge noir et était recroquevillée sur elle-même. Elle était maigre - quoique ce terme était un euphémisme par rapport à sa réelle maigreur.
"C'est... C'est impossible..." chuchota-t-elle, sous le choc de voir Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom se tenir devant elle, malgré sa faiblesse.
Les voix des trois personnes étaient toujours floues, elle ne distinguait pas un mot de ce qu'elles disaient.
Elle sentit quelque chose glisser contre ses pieds et baissa les yeux. Elle vit un serpent d'une taille extraordinaire qui rampait vers le fauteuil.
La tête des deux hommes changea soudainement et les deux regardèrent en direction de la porte qui semblait s'être refermée seule : quelqu'un se trouvait derrière. Le petit homme l'ouvrit.
"Harry ?!"
Sa voix était toujours aussi lointaine mais cette fois, le garçon l'avait entendue. Il leva les yeux vers elle alors que Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom leva son maigre bras. Il tenait une baguette. Cette fois, Elianor entendit distinctement ce qu'il dit :
"AVADA KEDAVRA !"
Une lumière verte emplit la pièce.
"Non !"

"Croupton !" entendit-elle.
Elle se releva brusquement la tête et son regard se planta les yeux bleus de sa colocataire, Rossana, qui la tenait fermement par les épaules. Elle s'assit lentement, faisant reculer la blonde qui resta près du lit. Sa deuxième colocataire, Leïa, était agenouillée près du lit, une lanterne à la main. Un air inquiet était sur son visage.
"C'était quoi ça ? demanda la dernière colocataire d'une voix endormie.
- C'est... C'est rien..." répondit Elianor en calmant sa respiration et son rythme cardiaque.
Rossana hocha la tête fermement avant de se diriger vers sa couchette.
Chaque fille était à présent dans son lit, regardant la brune du coin de l'œil. Elles éteignirent la seule lumière allumée avant de s'allonger confortablement sur leurs oreillers.
"Espèce de tarée..." put-elle entendre avant que le silence emplisse la chambre jusqu'au matin.

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