Chapitre 2

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— C'est parti pour cette grande épopée ! lança Drum avec une ferveur que je ne partageais pas.

C'était le briefing dans la classe avant de partir. On avait tous soit une valise, soit un sac de randonnée sous le bras et sur les épaules pour se parer au voyage.

— Avant de partir, je tenais à dire que tout Ifetor part faire ce séjour, donc soyez exemplaire. Vous êtes les plus grands. Les plus petits de Ifetor ne devraient pas avoir à s'inspirer de vos bêtises. Alors n'en faites pas !

— J'ai trop hâte ! Ça va être la première fois que je vais prendre une bulle commune ! s'enthousiasma une Zolin non loin d'Alph.

Celui-ci ne perdit pas l'occasion pour la juger :

— Genre, t'as jamais pris de transports en commun ? Mais t'es trop riche, en fait ! T'as une bulle pour toi toute seule d'habitude ?

La Zolin décida de ne pas relever la raillerie pour s'expliquer simplement :

—  Non. On n'a qu'une bulle dans la famille. Je suppose que c'est pareil pour tout le monde ? C'est juste que moi, ce sont mes parents qui m'emmènent à Ifetor avec, avant de partir au travail.

Je fus assez observatrice. Je remarquais qu'Alph articulait silencieusement, du bout des lèvres un : "Eh bah ! une bulle par famille." Cela en haussant les sourcils. Ce qui laissait présager que de son point de vue, ce n'était pas la norme. Il ne devait pas en posséder dans sa famille. Son silence sent la jalousie.

On sortait d'Ifetor. On devait être serrés en rang avec des personnes de notre division, de préférence par deux. C'est plus facile à compter. Mais l'âme solitaire que j'étais, trouva le moyen de fermer le cortège en restant seule derrière. Avant de monter en bulle commune, Drum fit une inspection stricte des rangs. Arrivé vers moi, il ne fut aucunement surpris de me voir en mon unique compagnie.

— Wafa : être toujours seul, préférant s'entourer de ses propres pensées plutôt que celles des autres. N'est-ce pas chère élève ?

J'opinais. Je vis qu'il prit la décision de seconder ma marche à la fin du troupeau. On montait dans la bulle progressivement. Beaucoup de Zolins se déplaçaient par ce transport. Ils se retrouvaient donc envahit par un tas de Zolins juvéniles en sortie scolaire.

Je crois que j'adorerais toujours cette étrange sensation de vertige lorsque je monte dans une bulle. J'ai l'impression de ne rien avoir sous les pieds. C'est une légère appréhension électrisante, un peu grisante. Cela finit par s'estomper quand je me rends compte du doux ressenti que c'est de marcher sur une surface autant muable.

— J'ai trouvé intéressante hier ta conception de la noétique. Je souhaitais t'en reparler. Aux vus du fait que l'on se rende à l'autre bout de Zérin, je me dis que là, nous avons le temps.

Je pris place sur un siège de la bulle constitué uniquement d'une affreuse moquette verte. Monsieur Drum resta debout en face de moi. Il se tenait à la barre en polystyrène (incassable aussi. Vous vous en doutez bien).

— Que voulez-vous me dire ? J'ai juste simplifié cette notion apprise depuis si longtemps. Il n'y a rien d'extraordinaire monsieur.

— Sais-tu comment ce monde a été réfléchi quand il a été créé, Wafa ?

— Les scientifiques ont détaché une grande parcelle de terre venant du monde Sous-Pieds. Tout cela grâce à la propre volonté de leurs pensées. Ensuite, ils ont soufflé une bulle de savon qu'ils ont réussi à agrandir de la même taille que le morceau de terre. La bulle fut rendue indestructible. Ils l'ont posé par-dessus la parcelle pour faire un dôme protecteur. C'est alors la naissance d'un nouveau monde : Zérin ! Monde que les scientifiques placeront au-dessus du triangle des Bermudes. Ils ne voulaient pas que les humains découvrent au-dessus d'eux notre société indépendante. Une fois qu'ils possédaient toutes les ressources, ils se sont transportés dans une bulle jusqu'à Zérin. Ils ne sont plus jamais redescendus. Pourquoi me demandez-vous cela professeur Drum ? Tout le monde sait ça.

Wafa et les ZolinsWhere stories live. Discover now