CHAPITRE 1 (pdv Louis )

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Il est une heure du matin quand je toque à la porte de la grande maison alors que j'aurais dû y être à minuit. Je me suis endormi après le repas et j'ai oublié de mettre une alarme, erreur de débutant. Je lisse mon tee-shirt alors que j'entends des rires se rapprocher à travers la forte musique et des bruits de pas. Une brune vient m'ouvrir entourée de trois autres filles, ça doit être elle qui a organisé la fête. Elle s'appelle Emma il me semble, en tout cas elle a une très belle maison.

- Entre. Elle me dit, et je la regarde deux longues secondes avant de le faire.

Elle a un chewing-gum coincé dans les cheveux. J'hésite à lui dire mais je suis pressé alors je ne le fais pas. De toute façon quelqu'un va bien lui dire, le chewing-gum est vraiment visible.

Elle referme directement la porte derrière moi en la claquant bien fort puis elle repart avec ses trois amies en rigolant comme des dégénérées. Elle a beau avoir une belle maison, j'avais oublié à quel point elle est détestable et considérablement bête.

J'avance jusqu'à ce qui me semble être le salon, même si on ne peut plus reconnaître le canapé tant il y de gens dessus. Tout le monde danse et crie. La musique pulse dans mes oreilles et je la ressent jusque dans ma poitrine. Je ne sais pas si j'aime cette sensation, j'ai l'impression que demain matin je serais sourd. Je sors mon téléphone en le sentant vibrer dans ma poche. C'est Liam, mon meilleur ami. Son message dit qu'il m'attend à l'étage dans la troisième chambre.

En relevant un peu la tête, j'aperçois l'escalier plus loin derrière la masse de gens. Je me plonge alors dedans, je pousse les gens avec mes épaules et je les écarte avec mes bras. Ils sont tous complètement bourrés ou défoncés et ne réagissent même pas. Après un temps qui me semble interminable, j'arrive à atteindre l'escalier et à poser ma main sur la rampe. Avant de monter, je me pousse pour laisser un gars et une fille descendre, puis je monte les marches quatre à quatre pour me dépêcher d'aller retrouver Liam. Le connaissant il est peut-être déjà en train de faire un strip-tease à dix personnes en faisant tourner son tee-shirt au dessus de sa tête.

Alors que je compte les portes pour savoir derrière laquelle est Liam, quelqu'un me bouscule par la droite. Je me retourne énervé, les gars bourrés savent jamais faire attention c'est dingue. Mais la colère me monte immédiatement à la tête en voyant que c'est pas n'importe quel mec bourré mais Willy Miller. On se hais depuis des années lui et moi, et à part pour gâcher cette putain de fête, je vois pas ce qu'il fait là.

- Oooh Louis ! Il s'exclame avec un sourire en coin. 

Ce putain de batard, on dirait limite qu'il est heureux de me voir.

- Willy. Je dis en le regardant dans les yeux, sans sourire, le visage froid.

- T'es venu à ma fête c'est cool ! Je te manquais c'est ça ? Il demande avant d'éclater bruyamment de rire. Son rire est tellement insupportable qu'il résonne dans ma tête plus fort que la musique.

- Oui tu me manquais, ça faisait longtemps que j'avais pas vu un pauvre con tu vois. Je réponds toujours sans esquisser la moindre expression sur mon visage.

Son sourire disparaît d'un coup et il m'attrape par le col. Ses yeux semblent comme briller de colère. Peut-être que c'est l'alcool, ou peut-être que ça vient de lui, mais on dirait qu'il veut voir mes os se briser entre ses doigts.

- Redis ça sale merde. Redis que je suis un pauvre con. Il crache entre ses dents et je sens son haleine qui empeste l'alcool au fur et à mesure qu'il se rapproche en disant ces mots.

- Pourquoi tu veux que je répète ? T'es plus sûr de ce que t'es ? T'as besoin de te retrouver une identité ?

Il me pousse d'un coup puis revient m'attraper par le col de mon tee-shirt, et je ne peux pas m'empêcher de me sentir fier de le mettre autant en colère. Ce gars je peux pas me le voir, je veux le faire chier autant que je le peux. Il me le rend de toute façon. Au lycée quand on se croise dans les couloirs, on se crache dessus ou on se bat, c'est limite comme un rituel. Et je fais tout pour le croiser dès que je le peux. Je ne sais même plus d'où c'est parti mais je le déteste et c'est pas près de changer.

JE NE PEUX PAS LUI DIREWhere stories live. Discover now