CHAPITRE VIII

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CAÏN

« Aucune distraction n'est tolérée »

4ème Loi de la Légion

            Mon rire s'essouffle à mesure que mes yeux suivent la blonde qui traverse le marché d'un pas ferme. Mon amusement se tarit alors que mon regard suit la courbure de ses épaules fières et redressées. Quand elle tourne la tête, il glisse sur sa nuque bronzée. Quelques unes de ses mèches ambrées restent collées à sa peau moite et je m'arrête un moment sur cette chair exposée, avant qu'elle ne disparaisse complètement de mon champ de vision.

            — J'ai dit quelque chose de mal, Monsieur ?

            Je baisse la tête vers la femme, tournée elle aussi vers l'endroit où se tenait la blonde.

            — Ne viens plus m'interrompre quand je suis avec l'un d'eux.

            Son visage se décompose face à l'expression dure que je lui lance.

            — Ne recommence plus ça. Jamais.

            Si elle ne m'avait pas aidé à en comprendre plus au sujet de notre pécheresse, elle aurait depuis longtemps été punie pour cette interruption.

            — Pars, je lui ordonne alors qu'elle continue à m'observer, ses grands yeux apeurés dévorant tout son visage.

            Elle ne se fait pas prier et court presque de l'autre côté de la rue.

            Laissant mes traits se détendre, je ferme les paupières et inspire profondément.

            Intéressant... Voilà donc ta faiblesse, Avarice... Une irrépressible envie qu'on accepte et valorise ton existence. Elle a beau être froide, tranchante, elle n'en est pas moins vulnérable. Oui, c'est parfait...

            — Qu'est-ce que tu fous  là ?

            J'ouvre les yeux et tombe directement sur l'expression austère d'Asta'. À un mètre de moi, les bras croisés sur sa poitrine, il me détaille de ses yeux sombres.

            Je secoue un peu les épaules, sautille deux trois fois sur place et finis par placarder un sourire faussement innocent sur ma bouche.

            — Je respirais l'air vivifiant des lieux ! Tu devrais essayer toi aussi.  Ça dériderait peut-être ton visage si... crispé. Tu fais peur aux enfants Asta', je lui dis en indiquant de la tête deux petits qui passent à nos côtés et qui l'observent terrorisés.

Il les ignore, concentré sur moi. Ses traits se durcissent et la veine dans son cou se met à gonfler. Il desserre et resserre les poings. J'attends, un sourire provocateur prenant lentement place sur mes lèvres. Mais il ne fait rien et se contente d'expirer péniblement.

            — Bouge-toi, on va voir Adryenn.

            J'arque un sourcil.

            — Pourquoi ?

            — On a reçu des ordres j'te rappelle. Il doit être informé des directives à prendre.

            Je ne réponds rien et plisse le nez. Cette idée ne me plait pas. Adryenn n'a pas l'étoffe pour assumer ce qu'on prépare. Il cherchera forcément à nous en dissuader et quand il s'y met, ce type peut s'avérer être un parasite particulièrement ennuyant.

            — Allez, bouge-toi, répète sèchement Asta'.

            Malgré le ton qu'il emploie, je ne relève pas et le suis à travers la ville. Si ce sont les ordres...

EPTA - Livre II - PURGATOIREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant