Chapitre 5

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Afin de s'éloigner un peu du nouveau jarl, qui semblait n'avoir aucune confiance en lui, à plus forte raison depuis que l'Oracle insistait pour le mêler à un jeu de trône, Ketil décida d'emmener Agathe en balade.

S'improvisant guide et conteur de légendes, son caractère bourru et cinglant n'aidait pas Agathe à trouver le moment plaisant, même si les endroits qu'il lui montrait étaient aussi sauvages que beaux, alors que la nature était à peine en bourgeons.

Agathe, qui avait déjà les traits tirés par le manque de sommeil, le suivait pourtant sans protester, car puisqu'il n'était pas le genre d'homme à proposer une promenade, il devait avoir une bonne raison... qu'il n'évoqua pas avec elle, même si elle se doutait qu'il valait mieux pour eux deux qu'ils passent l'après-midi loin du jarl et de ses hommes.

Ketil la pressait parfois à marcher plus vite alors qu'elle l'écoutait parler des mythes que Norvégiens et Danois partageaient, et tout tournait autour de la mort.


Ils rentrèrent peu avant le crépuscule, alors Ketil envoya Agathe dans la maison des Thermes puisque lui devait aller voir l'Oracle, étant donné qu'il était déconseillé de tourner le dos aux avertissements des dieux.

En franchissant la porte de cette maison des Thermes, l'air chaud et humide donna un sentiment d'inconfort à la jeune femme, mais elle apprécia que des tentures séparent les bacs, offrant un peu d'intimité aux pensionnaires provisoires des lieux, même si, aux sons des rires et des gémissements, Agathe savait que des couples s'ébattaient de part et d'autre dans la maison des Thermes.

Une esclave accueillit Agathe :

— Je suis Chafika, se présenta-t-elle en s'inclinant les mains jointes. Suivez-moi, ajouta-t-elle, souriante.

Agathe lui emboîta le pas et fut conduite à un bac d'eau chaude, libre. Chafika lui fit un geste de la main pour l'inviter à pénétrer dans cette « pièce » aux murs de tissus, et entra derrière elle pour l'assister. Par pudeur, Agathe balbutia « ça va aller, je vais me débrouiller, merci ! ».

Une fois installée dans la baignoire, dont l'eau chaude lui délaçait le corps, Agathe soupira d'aise, même si elle ne pouvait ignorer les autres occupants de la maison des Thermes qui restaient fort bruyants.

Cette sexualité débridée des Danois et des Norvégiens lui rappelait qu'elle était très loin de chez elle et de sa pieuse famille.


De son côté, Ketil avait gagné la roulante de l'Oracle où ses trois esclaves attendaient à demi nues qu'il ait besoin d'elles, et où l'odeur de l'encens se mêlait aux relents d'hydromel. Assis à une table où reposaient des runes, Toki leva son œil valide sur Ketil, installé sur le tabouret en face de lui.

— Le destin est en marche, Ketil, confirma Toki.

— Je n'irai pas, refusa-t-il.

Le passé t'a prouvé que les dieux n'apprécient pas ton égoïsme, fils de Frode. Si tu refuses de retrouver Olvar pour l'informer des évènements, les dieux te puniront en t'arrachant ta jeune épouse.

L'Oracle étudia le visage sévère du Danois :

— C'est une douleur que tu as déjà éprouvée par deux fois, mais cette dernière perte aura raison de ton mental !

— Tu es leur messager, pourquoi n'y vas-tu pas toi-même ? feula Ketil en se levant, énervé par la tournure de la situation.

— Parce que je n'ai pas été choisi, répliqua Toki en souriant, étirant ainsi la marque noire sur ses lèvres massacrées par le feu.


Ketil fit une entrée fracassante dans la maison des Thermes et demanda à l'esclave où trouver son épouse.

Chafika le guida jusqu'à la tenture qu'il ouvrit brusquement en faisant fi de la pudeur de sa femme, qui venait de sortir de l'eau. L'esclave s'éloigna, tandis qu'il refermait le rideau derrière lui, alors qu'Agathe, embarrassée, s'enroulait dans un drap pour se sécher.

Elle avait noté qu'il avait le visage fermé en entrant, et le regard froid qu'il lui jeta lui confirma qu'il était énervé, mais il ne pipa mot et se déshabilla rapidement.

La beauté de son corps ferme et musclé impressionnait toujours autant Agathe, qui le regarda entrer à son tour dans l'eau.

— Frotte-moi le dos, ordonna-t-il le ton dur.

Drapée tant bien que mal, Agathe s'agenouilla pour obéir :

— Est-ce que ça va ? s'inquiéta-t-elle.

— Pas maintenant, Agathe, grogna-t-il.

Il lui jeta un regard lubrique :

— Rejoins-moi dans l'eau, lui ordonna-t-il, excité par les bruits autour d'eux.

— Je ne préfère pas, objecta-t-elle en se relevant, tant refroidie par le manque flagrant d'intimité que par tout ce qui la chagrinait.

— Les entendre ne te donne pas envie, ma petite pécheresse ! s'amusa-t-il.

— Tu sais bien que non, se désola-t-elle, se sentant raillée. Et tes moqueries n'ont plus d'ailleurs, se rebiffa-t-elle en lui tournant le dos pour retirer son drap.

Elle commença à se vêtir sous le regard contrit de son mari, qui s'était installé confortablement dans son bac :

— Reste là, affirma-t-il. À moins que tu aies envie d'aller faire la conversation à Biarni dans le Skali, là où nous sommes attendus ! s'amusa-t-il.

Autour d'eux, les autrescouples n'avaient pas fini de s'ébattre, mais certaines femmes semblaient surle point d'être comblées. 

Viking de feu et de sang T3 🔞 (terminé)Donde viven las historias. Descúbrelo ahora