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Colombie

 je le savais...

CAMILLA

Après plusieurs heures de vol, nous atterrissons enfin en Colombie, dans l'entrepôt isolé de mon père, loin de toute présence indésirable. Descendant du jet, je suis suivi de près par Octavio et les hommes chargés du transfert de la marchandise dans le camion.

Je prends une profonde inspiration et observe le paysage désolé : des maisons en ruines et des arbres décharnés, rien de bien réconfortant. Mais au-delà de cette apparence lugubre, je sais que se cachent bien plus ...Un sentiment d'appréhension m'étreint. Nous sommes censés simplement livrer la marchandise à El Diablo et repartir, mais je pressens que les choses ne seront pas aussi simples. Je sens le regard insistant d'Octavio sur moi, alors je me retourne pour lui faire face.

"Tu veux ma photo peut-être ?" lui demandais-je sèchement. Je n'aime pas qu'on me regarde, qu'on m'analyse de cette manière, ça me met mal à l'aise.

"Du calme" me dit-il avec un ton moqueur. "Qui y a-t-il ? Tu as l'air nerveuse." Cette fois, il prend un ton un peu plus sérieux.

Je soupire et tourne la tête pour regarder en direction des hommes qui sont en train de faire leur travail.

"Rien. Dis-leur de se dépêcher pour qu'on en finisse," lui répondis-je d'un ton sec.

Ce n'est pas que je n'aime pas Octavio, loin de là, mais notre relation est purement professionnelle. Je lui adresse la parole seulement quand c'est nécessaire, et vice versa. Après tout, on n'est pas obligés d'être amis. Je ne sais même pas pourquoi il me pose la question de savoir ce qui m'arrive. Il devrait s'en foutre normalement.

Octavio est un homme de vingt-six ans, pas très grand, assez musclé, et a le teint mat et bronzé comme la plupart des Espagnols. Il est le préféré de mon père, surtout pour sa capacité à gérer les problèmes efficacement et en un laps de temps.

"Écoute, Camilla, je suis là pour m'assurer que cette livraison se déroule pour le mieux, et toi aussi d'ailleurs. Je te pose la question car je dois être sûr que tu sois apte à gérer si les choses tournent mal," me dit-il en me regardant droit dans les yeux.

"Si les choses tournent mal," rien qu'à l'entente de ces mots, j'ai l'estomac qui se retourne.

Il vaut mieux que les choses ne dégénèrent pas. Je ne veux pas faire de bruit, mon arrivée en Colombie doit être aussi discrète que possible, sinon je suis morte...

"Je comprends," lui dis-je simplement.

"C'est bon," crie le garde mettant fin à notre conversation.

Octavio et moi vérifions une dernière fois que tout est bon avant de monter dans un 4x4 qu'il conduit, les deux autres sont à l'avant dans le camion. Nous quittons donc l'entrepôt dans cet ordre.

Le trajet était calme et se faisait en silence, mais plus on roule et plus mon mauvais pressentiment ne fait que s'accroître. J'ai le cœur qui bat la chamade. Je n'ai pas envie qu'il me retrouve, je ne veux pas y retourner.

Instinctivement, je pose ma main sur mon arme qui est accrochée à ma ceinture. J'ai aussi un couteau accroché à ma cuisse et un deuxième dans la poche de mon perfecto.

Soudain, le camion freine brusquement. Octavio freine aussi, un millimètre de plus et nous aurions percuté le camion.

"C'est quoi cette merde ? Pourquoi il s'arrête !?" s'énerve Octavio.

Je me le demande bien aussi. Je serre encore plus mon étreinte sur mon arme, j'essaie de rester le plus calme possible.

Il y a une voiture noire qui nous barre la route. J'entends une nouvelle voiture arriver à toute vitesse derrière nous et s'arrêter. Ils nous ont encerclés.

JUSQU'À LA MUERTEWhere stories live. Discover now