Péché mignon - Irina

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A présent.

Je sens encore ses doigts caresser lentement ma joue. Cette décharge électrique, qui a parcouru ma colonne vertébrale, semble toujours présente dans chaque parcelle de mon corps. Son contact a été si déroutant, comme la plupart d'entre eux d'ailleurs. Il y a bien longtemps qu'il n'accepte plus qu'un homme me touche de n'importe laquelle des manières. J'aurais voulu lui couper la main pour ce qu'il m'a fait à ce moment-là. Je ne l'ai pas vu, trop concentré à jouer la comédie sur un sommeil inexistant. Son odeur semble toujours planer dans l'air de la chambre, venant jusqu'à surfer dans la salle de bain où je me trouve.

Je me fixe dans cet immense miroir, les doigts posés sur la pierre noire du lavabo. J'aurais juste à fermer les yeux pour sentir à nouveau les autres touchers, sur moi. Je ne comprends vraiment pas ce qu'il a poussé à faire de moi sa prisonnière. Je ne proviens pas d'une famille riche et je ne trafique dans aucune magouille. Même ma mémoire est ridicule. Je ne me souviens pas du mois de décembre. C'est comme si mon cerveau avait décidé de bloquer un événement, de façon à me protéger. Mais me protéger de quoi au juste ? Il aurait pu me faire oublier mes traumatismes. Cependant, il a jugé mieux d'enlever une chose lambda au reste. Les organes humains sont si fascinants. Notre cœur se brise réellement quand nous avons droit à un chagrin, nos poumons cessent de fonctionner comme il se doit dès l'instant où la situation devient différente, et ce que nous avons sous notre crâne brouille des infos dont nous avons tant besoin. Où est-ce seulement moi qui ne suis pas bien ?

J'ouvre le robinet pour me passer un coup d'eau sur le visage. Je cherche du regard un savon ou n'importe quoi d'autre. Rien ne se déniche sur ce lavabo, à croire que la personne ne se lave jamais les mains après être allée aux toilettes. Je pivote sur moi-même, puis pose mes yeux sur un placard à gauche de la sortie qui se trouve dans mon dos. Je me dirige vers lui et ouvre la porte avec un peu trop de force, la faisant claquer. Je découvre différents objets que ce soit des serviettes, des médicaments, du shampoing, produits de maquillages et même des kits de soin. J'attrape un gel douche où il est écrit vanille en petite lettre. Je retourne où j'étais, puis commence à me frotter le visage. Je rince, ensuite réitère à nouveau la manœuvre. Je sens toujours ses doigts sur moi et je n'aime pas ça. Je gratte de plus en plus fort, jusqu'à rendre ma joue rouge sang.

Quoi que je fasse, je me fais plus de mal qu'autre chose. Folle de rage, je hurle en balançant le flacon à l'autre bout de la pièce. Fait de verre, il s'éclate contre le mur, éparpillant de quoi se blesser sur son carrelage blanc.

— Fait chier, râlé-je contre moi-même.

Je quitte la salle de bain afin de retourner dans la chambre. J'avance vers la fenêtre et jette un œil, afin de voir s'il y a les molosses qui rôdent. Malheureusement pour moi, l'un d'eux apparaît dans mon champ de vision. La bonne nouvelle à ça, c'est que le maître des lieux est absent. Si j'ai bien retenu une chose d'Anastasia, c'est que les dobermans sont de sortie quand le taré l'est également.

Je me dirige vers le dressing et attrape une veste en laine beige qui se marie parfaitement avec mon bas de pyjama noir ainsi que mon débardeur à la couleur identique. Même si la maison est chauffée, je refuse que l'on me voit à découvert dans ce genre de tenue. Je quitte ma chambre, jette un coup d'œil dans le couloir, puis tends l'oreille pour repérer un quelconque bruit. L'endroit semble désert, seul le son de ma respiration saccadée résonne autour de moi.

J'avance doucement, longeant des tableaux que je détaille pour une fois. Le premier représente un couple dansant une valse dans un fond aux multiples couleurs. Aucun nom ne paraît inscrit en bas de celui-ci. Je passe au suivant et découvre la nuit étoilée qui est très célèbre. Même si je n'y maîtrise pas grand-chose, il est impossible de ne pas connaître Van Gogh. La prochaine peinture est un mélange de rose, de rouge et autres tons similaires, agrémentée d'une petite noirceur. C'est comme si l'auteur avait balancé ses pots de teinture pour donner le rendu. La dernière toile qui se situe près des marches est un paysage qui ne me dit rien. Une famille de cerfs entrant dans un lac. Une forêt se trouve non loin de lui, ainsi qu'une immense montagne enneigée en arrière-plan. Encore une fois, le créateur reste inconnu.

Je veux vivre TOME I : L'ange de la mort - Dark RomanceWhere stories live. Discover now