Double Je

Chapitre 7 : Le gardien de l'âme

J'aplatis l'homme au sol, lui claquant probablement la tête sur le béton.

– Aïe ! gémit-il en se retournant.

A cheval sur son torse, le couteau brandi vers ma cible, je découvris un Darius choqué.

– Ça va pas ? s'exclama-t-il en frottant sa tête.

Je lâchais mon arme sous le soulagement. Elle tinta à côté de nous et je pus respirer à nouveau.

– Tu m'as fait une de ces peurs ! l'accusai-je.

Je te rappelle que c'est toi qui lui a sauté dessus, fit Lyra.

Elle n'avait pas tort. Darius voulut se redresser, me faisant comprendre d'un haussement de sourcil que je l'écrasais légèrement.

– Tu n'es pas des poids plumes, remarqua-t-il avec un sourire mi contrit, mi-taquin.

Froissée, je pris appui sur ses pectoraux pour me relever, ne manquant pas de lui couper la respiration au passage.

Mais c'est que c'est solide, là-dessous ! apprécia Lyra.

Oh, misère, elle n'avait pas tort. Darius se mangea quand même un petit coup de pied dans le tibia quand il se releva.

– Et je mérite ça pour quoi, au juste ? grommela-t-il.

Je croisais les bras sous ma poitrine, essayant maigrement de me protéger.

– M'avoir fait peur, soufflai-je car c'était réellement le cas.

– Pardon ? s'offusqua-t-il. C'est toi qui m'attendait, armée jusqu'aux dents !

Je ramassais ladite arme, la lui agitant sous le nez.

– C'est toi qui te balades avec je ne sais combien de couteaux planqués dans tes chaussures, rétorquai-je.

– Deux, précisa-t-il avec un clin d'œil.

Je roulais des yeux, détaillant du coin de l'œil ses chaussettes dépareillées bleue et verte, avant de retourner dans l'appartement.

– Je peux savoir pourquoi tu m'as sauté dessus ? demanda Darius dans mon dos.

– Viens voir par toi-même, murmurai-je, des frissons glacés naissant le long de ma colonne vertébrale.

Darius me suivit, avant de pousser un chapelet de jurons en découvrant l'état de mon appartement.

– C'est pour ça que je t'ai entendu crier. Et ton grand-père ? se soucia-t-il.

– Introuvable, m'étranglai-je. Son téléphone est ici, je crois que... que Kâla l'a emmené.

Ma voix s'éteignit sur les derniers mots, tant cette possibilité me remplissait d'effroi. La peur me tenaillait les entrailles, et mes membres tremblaient.

On va le retrouver, me promit Lyra, bien que nous soyons toutes deux conscientes qu'il s'agissait d'un espoir vain.

Au vu des moyens que Kâla mobilisait, rien ne garantissait qu'on le retrouverait en un seul morceau. Je me frictionnais les bras, ayant l'impression que la température avait chuté de dix degrés. Étonnamment, Darius se rapprocha de moi et m'enlaça. Il me réconfortait et surprise par son comportement, je restais immobile.

Il était maladroit dans ses gestes, mais son intention me touchait profondément. Sa main hésitante se posa derrière ma tête, qui ne dépassait pas ses épaules. L'autre frotta mon dos avec délicatesse, laissant comme un chemin à travers mon pull.