Chapitre 8

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KNOX

Cinq ans.

Cinq longues années que je la crois morte.

Les avant-bras posés sur le garde-corps du balcon avec une cigarette entre les doigts, je regarde la ville de Los Angeles se réveiller.

Habillé uniquement d'un jogging, je profite de la chaleur des premiers rayons de soleil qui réchauffe mon torse.

Tout en tirant une latte, je me remémore la scène d'hier soir.

À la base, j'avais juste envisagé de me poser au bar et de l'observer de loin. Je n'avais pas imaginé qu'elle me rentrerait dedans ! 

Je revois encore l'expression de son visage. Notre échange visuel l'a décontenancé et elle a beau ne pas se souvenir, au plus profond d'elle...

Je sais qu'elle ne m'a pas oublié.

Je l'ai vu dans son regard.

J'écrase ma clope et pénètre à l'intérieur de ma chambre d'hôtel. Le dossier que Yann m'a confié est éparpillé sur mon lit et ce dernier est encore intact car je n'ai pas réussi à fermer l'oeil de la nuit.

J'ai épluché les documents en long, en large et en travers et rattrapé ces années manquées en une nuit.

Yann n'a pas fait les choses à moitié : photo, coordonnées, job, hobby, ce qu'elle aime, ce qu'elle déteste ainsi qu'une fiche détaillée de chaque personne qu'elle à côtoyé de près ou de loin sur ces cinq dernières années.

Tout y est noté.

Dès qu'il m'a annoncé la nouvelle, je n'ai pas pu attendre. Je suis repassé chez moi pour préparer un sac et partir directement à L.A.

Il fallait que je la vois.

J'ai tapé un peu plus de 5h de route d'une seule traite. Et dès lors que je me suis garé devant chez elle, je l'ai vu sortir : elle et son amie Nora - d'après les papiers.

Quand je l'ai aperçu, mon corps s'est figé.

Sur le coup, j'ai cru que j'étais en train de rêver. Mais elle était bien là, en chair et en os sous mes yeux.

Yann devait se douter de mon départ anticipé puisqu'il m'a envoyé un message à mon arrivée pour me dire :

« J'espère que tu as fait bonne route. PS: Reste concentré sur la mission. »

Je soupire rien que d'y penser.

Il va falloir que je garde mes distances avec elle et faire comme si nous ne nous étions jamais rencontrés.

Comme si nous étions de simples étrangers.

J'entends de nouveau les mots qu'il a prononcé dans son bureau  :

« Assieds-toi, ce que je vais t'annoncer risque d'être difficile à entendre... »

« Je n'ai confiance qu'en toi, méfies-toi de tout le monde, personne ne doit savoir... »

Quel bordel.

J'ai terriblement mal au crâne et les heures de sommeil qu'il me manquent n'arrange rien car mon cerveau à tourné à plein régime ces dernières vingt-quatre heures.

Je saisis mon téléphone et sélectionne le contact de mes collègues pour leur envoyer un message et les prévenir que je suis déjà sur place.

Je sais qu'ils vont tiquer car d'habitude on part toujours en équipe et pour la première fois depuis qu'on travaille ensemble, il va falloir que je leur mente.

AmnesiaWhere stories live. Discover now