La température monte - Irina

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Je suis entourée d'une foule d'individus dont le visage m'est flou. De la musique sort des enceintes posées aux extrémités de la pièce. L'endroit me dit vaguement quelque chose, mais je suis incapable de mettre le doigt dessus. J'ai déjà été ici, mais ce que je ne comprends, c'est pourquoi je suis là. Où est la chambre de Madrid ? Où sont les gens que je connais ? Je tourne sur moi-même pour tenter de trouver un repaire ou bien un visage familier. Cependant, personne ne semble faire attention à ma personne. J'essaie de m'avancer, mais me retrouve bloquée. Fronçant les sourcils, je baisse la tête vers mes pieds qui sont... Nus ?

La musique a cessé subitement. Lentement, je relève le regard vers les autres et découvre qu'ils me fixent tous. Peu importe où je pose les yeux, chaque iris est visé sur moi.

— Pourquoi me toisez-vous ? demandé-je, paniquée.

Mon cœur tambourine si fort, que je l'écoute faire écho dans mes tympans. Un froid soudain me transperce le corps, puis un hurlement déchirant retentit à l'étage. Comme poussée par une force intense, je parviens à bouger et bouscule les personnes devant moi pour rejoindre les escaliers. Je cavale comme si ma vie en dépendait. J'arrive dans un couloir et cherche d'où provient la voix. Le haut parais vide alors que j'ai parfaitement entendu le cri. Je ferme les yeux et inspire un grand coup, puis expire lourdement.

— Mon ange, tu es là.

Je me retourne aussitôt et découvre John, un bandana lui recouvrant le bas du visage. Il me regarde avec une noirceur dans les pupilles que je ne saurais décrire.

— Qu'est-ce que... Où est Olivia ? tenté-je de demander, la voix nouée.

Il me montre une direction avec sa batte de baseball. J'avance vers celle-ci et perçois de la lumière dans l'une des chambres. Je pousse la porte, puis découvre ma meilleure amie, au sol et en sang, la main de Célia dans sa tignasse. Les autres harceleurs qui assistent à la scène, en filmant, se retournent vers moi et un rictus malsain se dessine. La poigne de Clément agrippe mon cuir chevelu et me balance comme un simple déchet sur la moquette. Leurs rires font écho dans la pièce et des chuchotements se font entre eux. Olivia pleure à chaudes larmes. Je m'empresse de la prendre dans mes bras alors que son corps tremble.

— On va porter plainte demain Olivia, on ne peut plus laisser passer ça, lui dis-je.

Elle sanglote et peine à respirer convenablement. Ce qu'elle prononce ensuite me brise le cœur.

— Je veux simplement mourir.

Je n'ai pas le temps de répliquer quoi que ce soit, que je suis tirée en arrière, puis une voix sombre et remplie de malveillance me murmure à l'oreille :

— À ton tour, salope.

/

Je me réveille le cœur allaitant, dans mon lit. Ma vue est brouillée par les larmes qui ne cessent de dégringoler sur mon visage. Je me passe une main dans mes cheveux en cherchant à récupérer mes esprits. Cette soirée d'Halloween me hante encore et ces paroles ont toujours un impact en moi. Je ne me souviens pas de tous les détails, mais assez pour m'inquiéter pour elle. Cela fait bien trop longtemps que je n'ai pas eu de ses nouvelles et je refuse d'attendre une journée de plus.

Le corps tremblant, je me lève du lit et me retiens de justesse alors que mes jambes manquent de me lâcher. Je me dirige dans un premier temps vers la salle de bain, afin de me passer un coup d'eau sur mon minois. Les cernes marquent affreusement le dessous de mes yeux, le blanc a laissé place à une couleur rougeâtre dû par les pleurs. Je m'interroge sur ma présence en ces lieux, alors qu'une personne a tant besoin de moi à plusieurs kilomètres d'ici. Il serait égoïste de ma part d'ignorer son existence. Je quitte enfin la chambre et jette un rapide coup d'œil dans le couloir qui semble vide. Je rejoins les escaliers, puis les descends promptement. Mes pieds nus qui frôlent le sol froid me donnent des frissons qui remontent le long de ma colonne vertébrale. J'essuie du bout des doigts mes joues humides. J'ai envie de m'effondrer à nouveau, me sentant coupable de cette fameuse soirée. J'aurais dû rester près d'elle et ne pas la laisser sans surveillance une seule seconde. J'ai l'impression d'avoir moi-même porté le coup, alors que je n'ai rien réaliser de tout cela.

Je veux vivre TOME I : L'ange de la mort - Dark RomanceWo Geschichten leben. Entdecke jetzt