𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟔. 𝘔𝘪𝘭𝘭𝘦 𝘙𝘦̂𝘷𝘦𝘴 𝘱𝘰𝘶𝘳 𝘜𝘯𝘦 𝘕𝘶𝘪𝘵

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P o i n t  d e  V u e
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K e i r a  J o n e s



Chapitre pouvant heurter la sensibilité du lecteur.

















La pluie avait cessé depuis longtemps et pourtant, l'humidité accrochée dans l'air collait les fibres de mes vêtements à ma peau.

D'un pas lent, j'accède à l'intérieur de mon studio où les murs décrépis me donnaient l'impression qu'ils allaient s'effondrer sur moi d'un moment à l'autre. Ma main droite s'immisce prudemment à l'intérieur de mon soutien-gorge puis, avec un soupir de soulagement, je récupère le pochon que j'avais dissimulé par précaution.

Comme je le redoutais, ma frange était maintenant collée contre ma peau. Ma main se presse contre mon front, puis tente de repousser la touffe qui s'éparpille disgracieusement. Une allure bien peu flatteuse. Comme toujours.

Qu'est ce qui tournait pas rond chez moi, pour accepter de me faire accompagner par ce Theodore. Theo.

Oui, ça me revenait, ce nom revenait à ma mémoire.

Mes mains trouvent un appui sur le rebord de la table, et ma tête s'incline, le temps d'une profonde inspiration.


J'espère te revoir un jour. Enfin, au revoir, c'était sympa de te...revoir, aujourd'hui.


À quoi rimait tout cela ? Pourquoi faisait-il preuve d'autant de bonté ? Je ne devrais pas accepter cette sorte de compassion qu'il manifestait à mon égard. Puis, mon malheur ne le regardait pas.

Il s'efforçait à vouloir mon bien, pour une raison que j'ignore. Et le pire était qu'à l'instant où ses noisettes complétaient ses paroles, mon coeur accélérait.

Chicago était si grand. Pourtant, ses rues se croisaient avec les miennes.

Lorsque j'expire, un sentiment de vide prend place dans mes poumons. Un vide douloureux, s'exprimant tel un rappel. Un rendez-vous, une routine. Un rêve.

Alors je saisis ce qui constituait mon talon d'Achille, que j'ouvre au rythme des battements de mon coeur un peu trop excité pour quelques grammes. Le pansement de sa propre plaie, l'ami qui me réconfortera toujours.

Les heures s'étirent. Ma chair devient similaire à celle d'une poule, tandis que mes poils s'hérissent. Ma main réchauffe d'une lente caresse mon avant-bras, puis remonte à mon coude qu'elle agrippe.

Dans quelques heures, il sera midi. Le ciel gardera cet éclat bleuté comme si l'averse de la matinée n'avait jamais heurté la ville. Avec un aussi beau temps, j'imagine que Théo pourra trouver ce qu'il recherchait. Du moins, je l'espère.

Qui ne voudrait pas de lui. De sa bonté visible sur son visage ou de sa carrure impressionnante. Il aurait pu se passer de toutes ces démarches fatigantes et immédiatement postuler dans une agence de mannequins.

Son mètre quatre-vingt-dix additionné à sa beauté attirerait de grandes marques, et des regards par milliers. Puis, je pourrai penser : Un soir de pluie, ce bel homme m'avait protégé, et raccompagné. Sans demander quoi que ce soit en retour. Même pas à voir mes seins. Puis, l'instant d'après, je me dirai qu'il s'agissait simplement d'un vieux rêve, dû à un étrange bad trip.














LOWEOnde histórias criam vida. Descubra agora