Art.10 | Expertise

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Bale 

J'ouvre un œil, puis un deuxième, et essaie de me redresser pour m'asseoir au bord du lit, mais deux mains fraiches se posent sur mes bras et m'en empêche. 

— Olah non, dans vos rêves.

Oh si cette voix sexy savait ce qu'elle y fait dans mes rêves, elle ne me toucherait pas de cette façon. Tout me revient rapidement. 

Le golf, Cady Pen qui me saute dans les bras et ma machine qui lâche à ce moment-là, ce baiser pour faire cette diversion. 

Est-ce qu'on peut appeler ça un baiser ? 

J'ai eu l'impression d'avoir à nouveau dix ans et de découvrir pour la première ce que c'étaient ce que ma mère me contait en parlant de la fois où elle a vu mon père. Elle me parlait de ces feux d'artifices dans le ventre et je rigolais pour me moquer d'elle jusqu'à ce qu'elle me chatouille les pieds et que je la supplie d'arrêter. Je l'enviais un peu même à cet âge, et plus j'ai grandi et appris la réalité de la vie, plus je me suis rendu compte qu'elle m'avait menti.
Les feux d'artifices, les papillons et les étoiles dans les yeux, ça n'existe pas. Il n'y a que la trahison, la corruption, la violence et la mort autour de nous.

Alors pourquoi pour la deuxième fois de ma vie j'ai l'impression de comprendre ce dont elle parlait ?

J'ai enfin embrassé la seule fille que je n'ai jamais voulu embrasser. 

J'ai oublié que j'étais devant mes investisseurs, j'ai oublié l'image que je me donne et j'ai oublié que je marchais, car quand je me suis décroché de sa bouche enchanteresse, j'étais dans mon manoir, Cady Pen dans mes bras collée tout son corps de pécheresse contre moi. 

Elle m'a retiré la fonction de parler et quand elle s'est écartée de moi pour me mettre une baffe, et que j'ai vu dans ses yeux que ça allait trop loin et qu'elle allait arrêter le contrat, je suis... je suis juste resté muet pour la première fois depuis toujours. Bale Windsoor n'avait rien à répondre après avoir embrassé un contrat qui n'a de cesse d'être insupportable. Et la deuxième claque était quand elle m'a parlé de Jenkins. 

Son mentor.

Bien-sûr.

Je ne sais même pas pourquoi je n'y ai pas pensé avant. 

J'ai rencontré cet homme à un dîner donné en son honneur. Il ne m'a jamais pris de haut et c'est ce qui m'a d'abord intéressé. En plus du fait qu'il ait réussi à faire enfermer une dizaine des plus gros criminels de la ville. Sa fidélité à Walvatown était sans faille. C'était ce qu'on peut définir un homme bon. Admirable même. 

J'ai appris sa mort à mon retour ici, j'en étais attristé.

Réellement. 

C'est une grosse perte pour la ville et je pensais retrouver un de mes seuls alliés. 

J'apporte encore des fleurs sur sa tombe quand j'en mets sur celles de mes parents, c'est à dire tous les mercredis de la dernière semaine du mois. 

Concernant mon comportement de ce soir, je n'ai pas eu le choix. 

Je devais faire partir Cady parce que même si ça me tue de l'admettre, je ne voulais pas qu'elle me voit faire ma petite crise d'alcoolémie devant tous les gratins. J'avais besoin de me connecter avec tous mes serveurs qui achètent l'intégralité des actions de Windsoor Corp et il me fallait toutes mes facultés mentales. Le degré de douleur que je ressentais devenait trop intense et je savais qu'il ne me restait pas assez de temps pour m'éclipser en fin de soirée naturellement sans éveiller les questionnements. Ils allaient s'en poser. 

NightwolfWhere stories live. Discover now