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Deux jours plus tard, tout fraichement revenu d'un rendez-vous d'affaire à la ville voisine, je me présentais chez la dame. Elle vint m'ouvrir habillé avec plus de gout encore qu'à son habitude. Je me plut à contempler béatement pendant quelques divine secondes, à quelque point son teint était frais et ses manières soigneuses. Pendant qu'elle me menait jusqu'au petit salon je remarquais que ses cheveux avaient perdus du volume. Je la questionnais, avec beaucoup de manières, sur ce brusque changement de coiffure. Elle me répondit dans un rire que c'était dû à son amie Béatrice, la dame dont elle m'avait parler plus tôt. Me souvenais-je ? La mère du jeune Charles. Mais bien sur ma chère ! C'était-elle d'ailleurs que je venais visiter. Se portait-elle mieux ? Oui, pour bien se porter elle se bien portait ! C'était-elle d'ailleurs qui s'était prise cette lubie que le carré plongeant lui irait à merveille. Je la complimentais sur cette sublime idée. Car oui, c'était une sublime idée ! ça lui allait parfaitement bien, qu'elle se rassure, je ne trouvais pas que cela fasse gamin le moins du monde. Au contraire même, ça la rajeunissait toute en lui donnant cet air qu'on les femmes dans la fleur de l'âge. Non pas qu'elle fut vieille ! Je m'excusais et me répandais en courbettes pendant qu'elle riait de ma sottise.
Charles était sorti tôt dans la matinée, c'est qu'on ne m'attendait pas, me dit-elle. Je la rassurais tout en lui demandant s'il rentrerait bientôt. Non mon pauvre ami, je crains qu'il n'en ait pour toute la journée... C'est qu'il est partit pour Saint-Paul-d'Enseigne, il ne devrait pas rentrer avant ce soir. Et qu'était-il parti faire là-bas ce bougre ? Il n'y avait rien à ma connaissance qui puisse y attirer une jeune personne de son âge. Une femme ! Vraiment, ce sont toujours les femmes qui font se déplacer les messieurs, riais-je alors qu'une jolie domestique aux yeux bleus me servait du thé. Et Béatrice, était-elle présente que je puisse la connaître ? C'était tout de même elle que j'étais venue voir. Oui, bien sûr, elle était dans l'arrière-cour en compagnie du chat.
Madame de Fontneville revint quelques minutes plus tard accompagner d'une douce créature au visage éclairé et d'une voix, je le découvris immédiatement, des plus mélodieuse. La-dîtes Beatrice était, pour son âge, encore tout ce qu'il y avait de plus pétillante. La maternité n'avait pas eu sur elle le même effet qu'elle avait sur toutes les autres femmes et sans l'avoir su jamais je n'aurais deviné que l'enfant était d'elle. Je m'empressais de lui en faire le compliment qui, je m'en rendis compte trop tard, était en réalité fort maladroit. Celle-ci par bonheur était aussi conciliante qu'un ange et ni vis pas le moindre mal, ou si ce fut le cas me pardonna bien vite. Me rappelant le but premier de ma visite je m'enquérais de sa santé. Allait-elle bien ? Le mal du pays n'est-ce pas ? ça frappait de façon si impromptue ces choses-là ! Mais oui, madame allait très bien. Son fils avait été un ange avec elle ! A cet âge-là elle n'aurait jamais pensé qu'il eut tant de soucis pour sa mère.
Madame de Fontneville étant une hôtesse tout à fait irréprochable nous pûmes bavarder à notre guise sans jamais se préoccuper de rien. J'appris très vite que les deux femmes étaient inséparables. Elles s'étaient connues à Paris pendant un séjour mondain. Elles avaient été invitées au même salon, chez une certaine Duchesse de Heldgid. Était-elle originaire de Norvège ? Ni l'une ni l'autre ne s'en rappelaient mais il était vrai que ce nom avait des consonnances étrangères. Elles se souvenaient avec joie et humour de la soirée bénite par laquelle elles s'étaient rencontrées. Diane et Béa comme elles s'appelaient chaleureusement, n'avait de cesse de m'abreuver de leurs souvenirs ; Oui elles avaient convenu d'un repas ensemble dès le lendemain. Une amie si drôle, si sincère... Une femme comme ça c'était une perle rare, le savais-je ? Et je prenais plaisir à les voir si proches, si souriantes, presque enfantines. Le carré blond de Diane tressautait sur ses épaules à chaque gloussement contenu par une main gêné. Les cheveux bruns de Béatrice dégoulinaient sur leurs épaules à toutes deux tant elles s'étaient rapprochées. Puis vint l'idée d'un pique-nique. J'étais très sympathique à l'amie lyonnaise et elle souhaitait me connaître mieux. Madame de Fontneville ayant dit le plus grand bien de ma personne ça ne pourrait qu'être une sortie amusante. Bien sûr, avec plaisir ! Charles viendrait très certainement, ça serait tout ce qu'il y avait de plus rural. Nous en convînmes pour le samedi. Voyant que l'heure passait je décidais de prendre congé. Elles tentèrent de me retenir à dîner mais je sus résister en leur opposant l'heure tardive et en arguant qu'un nombre certain de dossiers m'attendaient sagement au coin de mon bureau.

Pas de titreWhere stories live. Discover now