Je veux vivre TOME I : L'ange de la mort - Dark Romance

Ne rien savoir - Aleksander

Lorsque je gare la voiture devant la maison, je constate que celle des filles est déjà présente. Nous nous empressons de rentrer pour les retrouver. Arrivé dans le hall, j'entends des rires provenant de la cuisine. J'opère un signe de la main à mon frère pour qu'il me suive et rejoins la pièce. Anastasia sert des verres de vodka, tandis qu'Irina est en train de fouiller le frigo. Aucune d'elles ne semble s'apercevoir de notre existence. Je racle ma gorge, signalant notre venue.

— Hé, vous êtes là ! s'exclame Ana en levant la tête.

Daniel contourne l'îlot central pour prendre sa bien-aimée dans ses bras. Irina les regarde, puis pose ses iris sur moi. Le contact n'est que de courte durée, avant qu'elle les détourne rapidement. Je prends place sur une chaise haute, puis m'allume une cigarette. La soirée a été éprouvante et il est maintenant l'heure de débriefer sur ce qui s'est passé.

— Anastasia ? l'interpellé-je.

Elle quitte Daniel de ses bras et part s'asseoir à son tour. Elle me tend un verre, puis en fait glisser un au deux autres personnes dans la pièce.

— La mission s'est très bien déroulée, annonce-t-elle, la voix toute pimpante.

Elle fouille dans son décolleté et installe le bijou sur le plan de travail. Je me contente de le fixer, ne voulant pas le toucher alors qu'elle vient de le sortir d'un endroit où je n'y poserai pas mes mains. Du moins pas avec elle. Mon frère l'attrape sans hésiter afin de le soulève comme un trophée. Il dépose un tendre baiser sur le front de sa femme, puis empoigne un verre d'alcool qui boit cul sec. Ma douce Irina se mord la lèvre du bas pour contenir un éclat de rire. Quand elle se rend compte que je la fixe, ses joues rougissent aussitôt. Elle fuit le contact, ce qui me procure un amusement. Cette fille a été d'une fascination indétournable sur place. Jamais je n'aurais parié sur elle en ce qui concerne le piège malicieux qu'elle a tendu à notre cible. Une demoiselle si fragile, si brisé, qui n'a pas hésité à revêtir un masque d'aguicheuse afin de l'attirer dans ses filets ; telle une médusa.

— Tu as bien pensé à marquer ton passage ? la questionné-je.

— Bien sûr qu'elle y a pensé, ma femme est d'un professionnalisme hors pair, s'empresse de répliqué Daniel.

— Exactement, affirme-t-elle en levant son verre vers moi, avant de le boire d'une traite.

— Je suis fière de vous les filles, un travail réalisé à la perfection, leur lance mon frère.

Irina boit une gorgée du liquide, avant de grimacer immédiatement. Ce qui n'échappe pas à l'attention du petit couple. Je voudrais les questionner sur la discussion qu'elles ont eue avant qu'elle n'égorge cet homme – je sais parfaitement ce que j'ai entendu – mais j'aimerais qu'elle me dise que ce n'est vraiment pas ce que je crois. Si j'ai bien compris une chose, c'est qu'Irina a subi certains agissements de la part de personne mal intentionnée. J'ai effectué tellement de recherches sur elle, mais la zone d'ombre de ces événements reste en suspens. Je refuse de l'obliger à parler, si elle veut le faire cela viendra d'elle-même. Cependant, Anastasia, en sait assez et elle s'en est jouée ce soir pour faire sortir son côté sombre, histoire qu'elle choisisse la mort comme punition à notre voleur.

— Comment tu te sens Irina ? la questionne Daniel.

Elle repose son verre, puis nous regarde tour à tour avant de répondre :

— Fatigué, je suppose, mais ça va. Je ne suis pas traumatisée ou quoi que ce soit dans le genre. À quelle heure rentre-t-on ?

— On part demain en fin de matinée, dis-je, en écrasant mon mégot de cigarette dans le cendrier à disposition.