chapitre sieze

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Il m'en voulait de ne pas lui avoir écrit plus tôt.
Sûrement ne s'attendait-il pas que je sois de nouveau sa journaliste?
Pourtant il n'avait plus le choix.
J'étais déjà là, à préparer à l'aide d'un caméraman le décor de l'interview.
Un simple canapé, en arrière plan une plante et deux micros.
Je l'attendais.
- Tout est bon pour toi?
- Oui. Tout est bon pour moi.
Je passe une main dans mes cheveux, m'assurant qu'ils sont toujours coiffés.
- Génial. Il arrive dans dix minutes.
Je me contente de simplement hocher de la tête en regardant mes pieds.
Je repasse nerveusement mes vêtements à l'aide de mes mains.
Je porte un pantalon de costume noir et un top de la même couleur.
Aucun bijou ornait ma peau bronzée, laissant mon cou libre.
Dans mes mains je tenais mes fiches, cette fois rigides et professionnelles.
J'avais modifié quelques questions, j'ai enlevé celles qui me semblaient inappropriées et rajouté des plus intéressantes.

Lorsqu'il entre dans la pièce, j'avais l'impression que le temps s'était mis à s'arrêter.
Tout était au ralenti.
Son visage s'illuminait une fois qu'il était entré.
Il portait un t-shirt d'une collection toute nouvelle à l'effigie de son écurie et de son numéro.
Une casquette à l'envers était posée sur sa tête.
Il entre avec une nonchalance et une confiance bien différente de moi.
- Salut.
- Salut. Austin.
Le caméraman se présente en lui serrant la main puis il finit par me regarder.
Une main dans la poche de son pantalon, il s'approche de moi.
- Salut..
Il avait parlé si tendrement que j'avais eu l'impression qu'il me l'avait chuchoté au creux de mon oreille.
- Salut. Comment tu vas?
Il me prit dans ses bras pour simplement se saluer de manière toute a fait normale.
- Très bien très bien et toi?
- Ça va. On va commencer?
Je regarde l'équipe et ils acquiescent.
- Tu peux t'asseoir, on va faire les dernières vérifications.
Je me trouvais bizarre une fois à ses côtés. Je me forçais à agir comme s'il était un inconnu.
Pourtant j'étais obligée, je travaille et je crains qu'il ait envie que tout le monde sachent que nous discutons.

Une fois les dernières vérifications faites, comme la lumière et le son, la caméra se met à filmer et c'est enfin parti.
- Bonjour Lando! Ravie de vous avoir à nos côtés aujourd'hui pour ce week-end de course assez spécial pour vous. Nous sommes à Silverstone, chez vous! Comment vous vous sentez?
Je croise mes jambes, sûrement pour avoir l'air plus puissante et confiante mais l'homme en face de moi sourit tel un enfant qui essaie de mentir.
- Bonjour. Um..Je vais très bien merci. Très heureux d'être ici, c'est toujours un moment spécial de voir tous mes fans anglais.
- En effet et ils sont nombreux. Premièrement qu'est-ce que ça fait d'être Lando Norris lors d'un week-end comme celui-ci? Est-ce qu'on heureux? À quoi on pense actuellement?
Sur ce canapé, il ne se gêne pas.
Son genoux est proche de moi et il ne cesse de me regarder avec son fameux sourire.
- Ouhh..Um..Qu'est-ce que je pense? Je suis évidemment très heureux mais je reste concentré sur la course. On attend beaucoup de moi et je le ressens..
Ses yeux aux couleurs claires semblent infinis.
- Vous ressentez comme une pression de vouloir toujours faire bien? De façon générale est-ce que vos performances affectent votre moral? Très peu de pilotes se confient sur ce sujet. Est-ce que c'est quelque chose qu'on préfère cacher?
Tout ça n'était pas écrit sur les fiches de mon responsable mais c'était bien moi qui lui posais la question.
Il le comprit car il arqua un sourcil, surpris mais pas complètement.
- Oui et si je suis honnête finir seizième me donne envie de pleurer.
Il finit ses mots avec un léger rire, celui de la gêne mais je l'accompagne dans ce moment. Je pouffe de rire.
- Je vois. Alors on attend plus que vous soyez sur le podium!
- J'y arriverais, maintenant que j'ai trouvé mon porte bonheur.
- Un porte bonheur? C'est exclusif cet aveu, quel est le porte bonheur de Lando Norris?
Il se gratte les cheveux d'un mouvement de main, toujours yeux dans les yeux.
Son index me pointe et il sourit.
Des fossettes se créent autour de sa bouche.
Je me racle la gorge et espère que son geste est passé inaperçu.
- Très bien..Vous avez apporté des modifications sur les voitures lors du week-end dernier, vous avez fini dans les points. Est-ce qu'on peut penser que ce sont les bonnes modifications, que les beaux jours sont enfin là?

Il est fier de lui car il n'arrêta pas de sourire.
Il a toujours un sourire en coin de ses lèvres du début à la fin de l'interview. Même lorsque j'évoque les précédentes défaites.

En fin d'après-midi, il m'écrit.
C'était le premier message de la journée.
- Passe au motor-home me voir. J'ai fini ma journée.
La mienne aussi était finie et ce depuis un bon moment déjà.
Alors aussi bêtement que ça, je me retrouve à marcher en direction du motor-home de son écurie.
Lorsque j'arrive il était dehors, l'air de rien sur cette fausse pelouse. Il est assis seul et regarde son téléphone.
Je suis surprise de le voir seul.
À cet instant il tourna la tête et croisa mon regard.
Je le salue d'un mouvement de la main et il m'invite à le rejoindre. Lui aussi d'un mouvement de la main.
- Salut.
Il est assis sur une chaise noire et une table nous sépare.
- Salut.
Je répète.
- Tu peux t'asseoir Maëlle.
Je regarde autour de moi. Nous ne sommes pas seuls. N'importe qui pourrait sortir son téléphone et nous prendre en photo.
Je serai de nouveau sans travail et sans rêve.
- Je m'en fiche d'eux. Assis toi s'il te plaît.
Je le regarde un instant et dans ses yeux je pouvais voir à quel point il le voulait.
Alors je finis par m'assoir.
- Pas moi.
- Um?
- Je m'en fiche pas. On croit déjà que j'ai voulu profiter de Charles. J'ai pas envie qu'on pense de nouveau ça de moi. Tu comprends?
Il éteint son téléphone pour se concentrer sur moi et mes doutes.
- Ouais mais je suis pas Charles.
Il ne l'est pas.
- En plus c'est pas comme si c'était pas moi qui te courait derrière. Je m'en fiche de leurs avis..Je pourrais t'embrasser là, devant tout le monde.
Si je fermais les yeux, je pouvais le ressentir.
Mon corps tout entier rougissait.
- Lando..
- Non mais je t'aime vraiment bien. J'arrive pas à arrêter de penser à toi.
Il commence à parler avec le cœur et sa voix porte.
- On devrait peut-être partir.
Ce n'était pas l'endroit pour se dévoiler de cette manière et je ne pouvais pas faire ce que je rêvais de faire.
L'embrasser.
Le croire.
L'embrasser de nouveau.
Le croire de nouveau.

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